Je caresse la tête de mon chien en souriant à ma voisin qui me fixe, bouche bée. Pourquoi est-elle surprise? Mon chien n'a pas le droit de faire ses besoins dans son jardin?

— Bonjour madame Huston, belle journée?

Elle ouvre la bouche, la referme, la rouvre. Elle s'est prit pour Rex ou quoi?

— Pourquoi y a-t-il un homme attaché à une laisse rose en train de s'adonner à je ne sais quel rite satanique dans mon jardin? dit-elle finalement en bredouillant.

Je me renfrogne et écarte une mèche blonde de mes yeux roses bonbons trop jolis.

— Déjà ce n'est pas un homme, c'est un chien. Vous ne voyez pas la fourrure qui lui recouvre la tête? Ensuite, il fait juste ses besoins, non mais allô quoi.

Elle rouvre encore sa bouche avant de faire claquer sa porte bruyamment. Dommage, je voulais bien qu'elle devienne mon amie et qu'elle vienne danser la macarena avec ma mère. En détournant le regard de la porte, je me tourne vers mon chien :

— Tu as fini Vermicelle?

Il secoue frénétiquement la tête en jappant joyeusement. Il est trop mignon. Même si les traces de la bagarre avec mon âme sœur sont encore visibles, il se porte assez bien. Certes il lui manque soixante-quinze dents mais ce n'est qu'un détail.

De toute façon, les dents c'est pour les nuls.

En caressant la tête de vermicelle, je tourne les talons et quitte le jardin de ma voisine qui émane une odeur de crotte. Non mais, elle n'est pas fichue de nettoyer son jardin? Les gens sont si stupides, c'est choquant.

Rendue à la maison, je m'agenouille et détache la laisse de Vermicelle, le laissant libre.

— Interdit de mâcher mes chaussures, d'accord? Tu peux détruire celle de Madelina, je t'en donne l'autorisation.

— Waouf, me répond-il avant de quitter le hall d'entré pour aller au deuxième étage.

Je vais m'assoir sur le sofa et extirpe de mon chignon un cahier de note et un stylo. Étendant mes longues jambes aussi fines qu'un balai devant moi, j'ouvre mon calepin et me met à mordiller mon stylo rose.

Hum, comment je pourrais appeler ma chronique?

Mariée de force avec un thug pour sauver ma famille trop pauvre?

Non, ma famille n'est pas pauvre et de toute manière, je l'aime pas. Je raye donc ce choix de mon calepin et mes yeux se posent sur le deuxième choix :

Kidnappée et violée, je tombe amoureuse de mon ravisseur et me met au twerk.

Ce titre là pourrait coller. Cependant, je ne peux pas tomber amoureuse de mon ravisseur puisque je suis amoureuse du bad boy de l'école. Et puis, je suis trop timide, je ne peux pas twerker. Qui a eu ces idées de merde pour le titre ?

(Euh, moi?)

Je pousse un soupir trop mignon digne d'une princesse Disney avant de fracasser le mur avec mon poing. Si ma chronique n'a pas de titre accrocheur et chiant, elle n'existe pas. Et si la chronique n'existe pas, il n'y aura pas de lecteurs. Et s'il n'y a pas de lecteurs, je ne serais pas payée!

Le cauchemar.

Paniquée, je cours vers la chambre de ma sœur et fracasse la porte. J'ai un temps d'arrêt en la voyant. Habillée d'un simple drap, elle est assise dans un cercle, des bougies noires autour d'elle. Elle a les yeux fermés, la bouche entrouverte et psalmodie je ne sais quelle parole. Mon regard baisse et je remarque une poupée de tissus couchée devant elle. Ce qui me frappe en premier, c'est les yeux roses de la poupée. Identiques aux miens, ils fixent un point invisible.

Sous mon regard interloqué, je vois ma sœur brandir un couteau, un sourire aux lèvres. Et c'est là que je l'entends.

Une chanson de Maitre Gims.

(Bien sûr. Elle surprend sa sœur en train de faire un rite satanique et elle, c'est la musique qui la surprend...)

— Comment peux-tu faire ça? m'écrié-je d'une voix tremblote en entrant dans son cercle. Comment peux-tu écouter du Maitre Gims? Je t'ai dis que JUL était meilleur!

Elle me fixe, surprise, avant de s'emparer de la poupée et de la jeter sur son lit. Elle se lève ensuite d'un bond et cache son couteau derrière son dos.

— Agathe, salut! Comment vas-tu?

— Tu me demande sérieusement comment je vais? Je viens d'écouter du Maitre Gims, bon sang!

Elle ricane et jette un regard à la poupée :

— Je suis euh...désolée?

— Pour te pardonner tu peux m'aider à trouver un nom pour ma chronique?

Elle hausse des épaules sans cesser de regarder la poupée des yeux. Elle semble être triste et agacée que je l'ai interrompu. Je la gifle gentiment pour qu'elle se tourne vers moi et lorsqu'elle le fait je lui pince la joue comme une vieille mémé.

— Alors? Des idées?

Elle me lance un regard noir et enroule ses mains autour de mon cou.

Elle est trop gentille, elle a peur que ma tête tombe donc elle la soutient.

— Pourquoi pas : Chronique d'une fille paumée et stupide n'ayant aucune idée que sa vie est en danger?

Je lève les yeux au ciel et réfléchie à sa proposition. Original, long, il spoil un peu, c'est parfait! Un vrai titre de chroniques!

Je pince ma sœur pour qu'elle me lâche et lorsqu'elle le fait, je lui lance un coyote.

— Merci infiniment, tu es trop gentille ma sœur chérie que j'aime de tout mon cœur !

— Maintenant sort de ma chambre, je dois te tuer.

Elle est trop gentille, elle se soucie de moi. Je la gifle une nouvelle fois avant de tourner les talons.

J'ai le titre pour ma chronique, il me manque que l'histoire.

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Rite satanique, vodoo, héroïne stupide, mais il y a du tout dans cette chronique!