Un jour, alors que Marie ruminait dans la sombre bibliothèque du lycée, une fille vint. Marie l'avait vue venir. Mais comme toutes les fois où entrait une autre personne dans son champ de vision, elle ne dit rien. Elle préférait regarder de loin.

Cette fille, donc, se planta devant la penseuse. Elle sentait légèrement la cannelle. Un sourire timide, celui que ces gens abordent pour se faire des amis, se dessina sur ses lèvres. Marie ne leva pas la tête. Cette fille, elle la reconnaissait, elle faisait partie d'un groupe de lycéennes aux longues jambes et aux pommettes étirées. Elle n'avait pas besoin d'amis. Elle n'avait donc pas besoin de Marie.

Elle ne se présenta pas. Elle s'assit, à côté de Marie et la regarda. Ses yeux clairs n'exploraient pas que son visage. Ils exploraient Marie elle-même. Marie, elle, le regard des autres l'importait guère et bientôt, ses pensées lointaines reprirent. Quelques minutes passèrent. L'une les yeux fixés sur l'étagère de livres et l'autre obnubilée par la première.

Au bout d'un moment, l'inconnue se leva, posa sa main sur l'épaule de Marie et lui chuchota son nom.

Puis, elle partit. Engloutie par les étagères bancales.