Un jour, alors qu'elle se promenait dans un champ, Marie cueillit des pissenlits. De beaux pissenlits tous blancs, un peu vaporeux comme les nuages à l'aube. Marie sourit. De beaux pissenlits. Elle en fit une couronne, une couronne de coton qu'elle porta jusqu'à chez elle, à la ville.

De si beaux pissenlits dans une si belle chevelure. Une ode à la beauté. Pas pour les citadins. Ces Hommes aux regards mornes et méprisants. Ces Hommes qui partent dès les premiers rayons du soleil travailler jusqu'à la nuit tombée. Marie ne travaillait pas, aujourd'hui. Elle ne travaillait jamais, en fait.

Elle se demandait "pourquoi ces gens me jugent-ils alors qu'eux, n'ont vu des pissenlits que sur les écrans fanés de leurs télés ?"

Elle évita les regards incertains, fendit la masse bruyante de fourmis et s'éloigna loin, loin de tout ce bourdonnement.

Une ruelle sombre devint le havre de sa solitude. Elle y passa quelques heures. Un temps bien court pour un ennui si profond.

Dans la rue mal éclairée, Marie pensait. Quels furent ses rêves ? Pourquoi voudrait-on le savoir ? C'est sa vie, c'est privé, personne n'a à s'en mêler.

Quand Marie partit, les fleurs couronnaient une vielle poubelle.