Après la décadence, il fallait se relever et enfiler de nouveau son masque. . . 

Toc toc Toc

J'entendis une voix masculine grogner doucement, un peu comme les ours câlin. 

J'ouvris alors doucement la porte pour ne pas trop l'aveugler avec la lumière du couloir.

- C'est moi. . ! Murmuré-je gaiement en entrant lentement dans notre chambre.

Avant cela j'éteignis la lumière du couloir puis allumai celle de notre chambre. 

Là, un autre grognement lui échappa, tandis que je m'excusai timidement :

- Pardon.. !..
- C'est..pas..grave.. Murmura-t-il de sa voix cassé en  frottant son œil gauche évasivement.

Il sombrait facilement dans le sommeil. . . Remarqué-je avec un petit sourire aux lèvres.

Je fermai ensuite la porte presque entièrement et me dirigeai vers notre lit. J'y déposai mes chaussons à tête de chats aux pieds tout prêt de celui-ci avant de déposer mes mains sur notre lit et lui demander en chuchotant :

- Alors, prêt pour demain.. ? 

Côme frotta son œil droit cette fois-ci tandis qu'il murmurait un petit " oui ".

Je ris doucement, amusée, avant de me glisser sous les draps à ses côtés.

- Tu m'as l'air surtout prêt à aller te coucher!.. Le taquiné-je d'une voix chuchotée.

Malgré sa fatigue, il m'esquissa un sourire en coin, amusé par ma plaisanterie.
Je m'allongeai alors sur le côté gauche, afin de pouvoir observer mon ami Côme petit à petit tomber dans les bras de Morphée, n'arrivant plus à lutter contre le sommeil.

Il était magnifique, ainsi, plongé dans une sorte d'havre de paix... mais surtout..dénué de tout artifice, de tout masque. . M'émerveillé-je intérieurement.

Pourtant, à cette dernière pensée ma poitrine se comprima tandis que je repensai à ma discussion avec Grand frère. 

Ses yeux pleins de colère puis de déception me scrutant du regard me revinrent... Puis Grand-frère m'avait jaugeait avec dédain lorsqu'il ne me dévisageait pas. . Le pire était le mépris que j'avais ressenti dans ses gestes. . . Me souvins-je en fermant les yeux, effrayée.

Les battements de mon cœur ne manquèrent pas d'accélérer.

Je ne voulais pas y repenser.. Commencé-je à paniquer. Je ne voulais pas..je..

- Côme..!.. M'écrié-je.

Le concerné ouvrit les yeux en sursaut, alarmé tandis que j'essayais de calmer la vive angoisse qui me tenaillait.

- Oui..? Murmure Côme en se redressant. Mila..? Qu'est-ce qu'il..y a.. ? M'interroge-t-il de sa voix toujours cassée.

 Pourquoi avais-je crié comme cela ? Me reproché-je aussitôt, la respiration saccadée. Moi qui avais réussi à lui cacher toute ma tristesse.. Je venais maintenant me jeter dans la gueule du loup toute seule ? M'interrogé-je en sentant des larmes me monter aux yeux.  

Et malgré tout, à travers mon anxiété procurée par mon Grand-frère - quelle ironie d'être maintenant apeurée par celui qui vous avez toujours consolée et rassurée - je vis le soucis réel et presque violent dans ses yeux, ses yeux agités qui se fondaient dans les miens avec profondeur..

Comment était-ce possible.. ?

Je souris tandis qu'une larme roulait le long de ma joue sous ses yeux. Et, dans un état second, j'avançai lentement ma main vers son visage :

- Non.. Côme.. Murmuré-je.

Ce dernier avait les yeux et le reste du corps qui tremblaient, et le terme " affolé " désignait à peine l'état dans lequel il se trouvait.

Tant de gentillesse en une personne.. Comment était-ce possible ?

- Ne te mets pas dans cet état.. Le supplié-je d'une douce voix.

Sa bouche s'ouvrit, je crois bien que ses dents claquaient de peur. Remarqué-je avec un petit pincement au cœur.

- Je suis juste.. Repris-je doucement.

Je perdis mes mots tandis que d'autres larmes s'échappaient de nouveau de mes yeux.

- ..tellement..

Ma respiration se coupa, fascinée par la beauté de son âme.

- ..tellement..tellement..tellement heureuse..de t'avoir..à côté..

Un piteux sourire, devinai-je, se dessina sur mes lèvres.

- ..de moi..!.. Terminé-je enfin, alors que ma vision était totalement brouillée par mes larmes.

Là, comme pris d'une vive émotion, il sursauta violemment, ses larmes coulèrent et il s'approcha vivement de moi pour me serrer dans ses bras. 

Les mots lui manquaient. Les mots lui manquaient..visiblement.. Vis-je tandis que je fermais les yeux lentement, bercée par les battements de son cœur. Tout simplement.

En effet, il tremblait. Il tremblait et me serrait tellement fort dans ses bras..que..* l'enlace à son tour * cela ne pouvait..me faire..que du bien..

- Je t'aime aussi.. Murmura Côme dans un souffle.

Mes larmes s'échappèrent à nouveau. . .