Matt avait passé toute la nuit sur l'un de ses ordinateurs, à trier les données qu'ils avaient volé à Bannier. Il devait forcément y avoir une adresse dans tout ça, non ?

Il n'avait pas bougé de sa vieille roulotte, qui lui avait servi de maison autrefois.

Accroché sur les murs, il y avait encore les affiches des différentes tournées. Elles avaient légèrement jaunies avec le temps, mais étaient encore entière.

En face de lui, il y avait encore sa vieille cible. La première qu'il avait reçu.

Matt prit un couteau qui trainait sur sa table de chevet, et la lança.

En plein de mille.

Ses yeux piquaient, et son lit l'appelait. Il ferait mieux d'aller dormir. Mais il voulait absolument trouver ce qu'il voulait avant.

                                                                                                ***

Carla n'arrivait pas à dormir. Elle avait besoin de se défouler, pour se vider la tête. Elle commençait à être inquiète. Jacques avait raison. Ils ne savent pas dans quoi ils se lancent. Elle veut encore croire qu'ils vont s'en sortir, que tout va bien se passer, comme d'habitude. Mais rien n'est éternel. On finira bien par les avoir.

Finalement, elle sortit de son lit, et partit promener sous le chapiteau. Il faisait plutôt froid. Elle regarda en l'air. Le trapèze lui manque.

Certes, elle n'a jamais réellement arrêté de faire ses acrobaties, mais le spectacle lui manque.

Elle grimpa à l'échelle. La tentation était trop forte. Il fallait qu'elle revive les sensations qu'elle a vécu autrefois.

Après un bref regard en bas, elle s'élança dans le vide. Ses mains s'activèrent juste à temps pour s'agripper au trapèze.

Tout lui revint. Le vent dans les cheveux, l'adrénaline au cœur, et la tête qui tourne.

Dix minutes durant, elle virevoltait avec grâce dans les airs, nostalgique du bon vieux temps.

En redescendant, essoufflé, elle tomba sur Jacques.

-Tout va bien ?

-Oui, j'avais juste besoin de renouer un peu avec tout ça.

-Je comprends... Tu sais, tu seras toujours la bienvenue dans le cirque.

-Je sais... Merci.

-Il se fait tard, tu devrais déjà être au lit.

Carla eu un petit rire nerveux.

-J'ai plus huit ans.

-Je sais.

Carla sortit du chapiteau, laissant Jacques tout seul.

                                                                                        ***

Lorenzo avait passé une partie de sa soirée à fouiller dans ses vieilles affaires. Tout son matériel de magicien, dont lui seul avait le secret.

Ce qu'il préférait, c'était le regard des enfants quand ils voyaient la colombe disparaitre, ou se transformer en bouquet de fleur. Il entendait encore leurs voix et leurs cris.

C'était son heure de gloire.

Il entendit du bruit dehors. des bruits de pas.

Matt ouvrit la porte de la roulotte. Lorenzo prit peur et faillit tomber à la renverse.

-Ca va pas ?!

-Je l'ai enfin trouvé !

-De ?

-L'adresse ! J'ai trouvé l'adresse du casino dans un mail !

                                                                                  ***

-Ok, très bien, et maintenant qu'est-ce que vous allez faire ? Demanda Jacques.

-Faut qu'on aille jeter un coup d'œil. On doit savoir ce qu'il s'y passe.

-Demandez plutôt à un agneau de se jeter directement dans l'assiette du loup. Ca revient au même. Vous allez vous faire piéger.

-Tu sais peut-être qui pourrait nous aider.

                                                                                      ***

Bernardo vivait dans une petite roulotte qui avait été installé derrière celle de Jacques.

Jacques frappa à la porte avant d'entrer. A l'intérieur, un jeune homme, un casque vissé sur les deux oreilles, s'entrainait sur une batterie électrique.

Le vieil homme s'approcha de lui, et lui retira le casque.

-Il y a un problème ?

- On a besoin de toi.

Bernardo observa un instant ses invités.

-Les trois Invisibles dans ma roulotte. C'est un trop grand honneur.

Il tenta une révérence, d'un air moqueur.

-Ils ont besoin que tu les aides à retrouver quelques infos.

-Ils sont grand, non ? Et si la vérité est à la hauteur de la légende, ils ne devraient pas avoir trop de mal à trouver ce qu'ils veulent.

-Y a un casino qui vient d'ouvrir. Et on aimerait savoir ce qu'il s'y passe.

-C'est pas compliqué... Si vous avez l'adresse vous pouvez vous y rendre.

-On a besoin de quelqu'un pour aller inspecter les lieux.

Bernardo se redressait sur sa chaise.

-C'est risqué ce que vous me demandez là.

-Tu sais qu'on a de l'argent...

-T'essaye de me corrompre là ,

-Non, absolument pas... Mais si tu veux quelque chose en échange, dis-nous ton prix et...

Bernardo se mit à rire.

-Je plaisante. Bien sûr que je vais le faire. Qui on doit espionner ?

-Nicolas Bannier.

-Le banquier ?

-Ouais... C'est lui qui a ouvert ce casino. On sait qu'il a des collaborateurs. On a besoin de leurs noms.

-On veut aussi savoir ce qu'il se passe à l'intérieur de ce casino.

Le garçon esquissa un sourire.

-Vous me demandez beaucoup de chose... Mais d'accord, je vais le faire. Si vous y mettez le prix.

-On le mettra.

Bernardo réinséra son casque sur ses oreilles, et recommença à jouer.