Récréation relative (partie 3)

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*Pepper*

Le ton de ma sœur venait de changer du tout au tout. Elle se mit à sangloter.

- Non, je ne pense pas qu'on va s'en sortir ! Je pense que ce jeu n'a pas de règles, qu'il ne respecte pas celles qu'il fixe ! Je pense qu'on va tous mourir, tous, et qu'on perdra. Là, ce sera la fin. Ce sera vraiment fini. Dans un rêve, quelqu'un me l'a dit... si on perd, on ne reviendra jamais, jamais au réel.

Je me rapprochai de Clémence pour la prendre dans mes bras. Elle se détendit contre moi, laissant couler de lourdes larmes de peur et de chagrin. Je passai gentiment la main dans ses cheveux pour l'apaiser, lançant un regard de reproche à Dortos, qui n'en menait pas large.

Il ne devait pas s'attendre à cette réponse. Désolée, mon pote, mais tout le monde ne prend pas le jeu aussi à la légère que toi.

- Ça va, Clem', ça va, chuchotai-je à l'oreille de ma soeur d'une voix rassurante. N'y pense pas pour l'instant, s'il te plaît. On est encore sept. On a le temps de voir les choses venir.

- Oui...

Clémence renifla, puis se défit gentiment de mon étreinte, se recomposant un air apaisé. Pourtant, je le voyais encore dans ses yeux, son désespoir latent... elle pencha la tête pour regarder NT, à ma droite, et lui demanda, la gorge serrée :

- Du coup, Newtiteuf, dis... pourquoi as-tu accueilli Pepper chez toi ?

- Oh, ça...

Julien fit un grand sourire attendri et répondit :

- Parce qu'elle m'avait vu espionner votre réunion, le deuxième jour au soir, et elle n'a pas balancé. Et aussi pour le premier midi, elle a été la première à prendre ma défense. Je crois qu'elle m'a toujours respecté... alors je voulais juste le lui rendre, d'une façon ou d'une autre. En l'occurrence, ne pas la laisser dormir seule dans son appart', ç'a été mon idée.

Le regard de Julien tomba sur moi, et je lui souris. À peu de chose près, il disait la vérité... quoique de toute façon, j'étais la seule au courant de son mensonge par omission.

Ce que tu voulais me rendre, c'est aussi le fait que je t'ai tué ce jour-là, n'est-ce pas ?

Newtiteuf tourna la tête vers Dortos, interrompant notre moment de complicité.

- Seconde question, Dortos. Est-ce que toi ou Frigiel, vous avez tué quelqu'un, depuis le début de ce jeu ?

Tous les regards convergèrent vers mon ami, puis vers Dortos. Je ne m'attendais pas à cette question - le blond non plus, d'ailleurs, à la tête qu'il fit. Il lança un rapide regard à Frigiel, qui se contenta de lui sourire de toutes ses dents.

- Heu... non, on n'a tué personne. Du moins, pas à ma connaissance. Et ce n'est pas dans mes intentions immédiates.

NT hocha la tête, enregistrant l'information. Quant à moi, je fis un rapide bilan dans ma tête.

Il avait l'air de dire la vérité à sa première question. Donc, il aurait très bien pu mentir à la deuxième, c'est autorisé.

Ne me laissant pas le temps de réfléchir plus, le blond embraya :

- Kim, as-tu tué Rosgrim et Xef ?

- Dortos !

C'était Frigiel ; il envoya son coude dans les côtes de Dortos, et j'entendis clairement le "c'était pas ce qu'on avait prévu" qu'il lui dit à l'oreille. Cependant, le plus jeune resta de marbre, et posa même la main sur la tête de son ami, la tournant en direction de Kim.

Celle-ci était livide.

- Tué... Rosgrim et Xef ?

- Exactement, opina Dortos. C'est ma question. As-tu tué Rosgrim et Xef, Kim ?

- Comment oses-tu me poser la question ?!

- Réponds.

Kim serra son poing, avec visiblement une très forte envie de l'envoyer dans le nez de Dortos. Autour, tout le monde retenait son souffle.

- Je... argh... OUI, J'AI TUÉ LES DEUX !

J'eus un hoquet de stupeur. Ce dont je pouvais me douter était donc confirmé.

À cette question, elle n'a pas pu mentir...

Arm', à droite de Kim, s'éloigna insensiblement de sa voisine, choqué. Dortos, en revanche, ne bougea pas d'un poil, et lâcha :

- Checkmate, Kim. Échec et mat.

- "Échec et mat" ?

Kim fut prise d'un éclat de rire aussi suraigu que faux.

- "Échec et mat", me dis-tu ? répéta-t-elle. On va voir qui fait "échec et mat", espèce de traître. J'ai peut-être joué le jeu tel qu'on me le donnait, mais moi, je reste soumise aux règles... n'est-ce pas, Frigiel ?

Frigiel leva un sourcil.

- Pardon ?

- Fais pas semblant de ne pas savoir, pouffa Kim. Je suis peut-être la tueuse, mais pas la salope, dans l'histoire.

- Je ne comprends pas, répondit Frigiel d'un ton pincé.

- Tu veux une traduction ? Pas de problème. Frigiel, la dernière question que je te pose, c'est celle-là : depuis quand est-ce que tu collabores avec les testeurs ?

Mon coeur rata un battement, et je sentis mes deux voisins se raidir. Un peu comme tout le monde, en fait. Julien tourna la tête vers moi, et je vis dans ses yeux les mêmes doutes que dans les miens.

Et si, depuis le début...?

Frigiel poussa un grand soupir, et passa la main dans ses cheveux.

- C'est une grave accusation, ça, Kim. Tu le sais ?

- Épargne-nous ton blabla et réponds, sale rat.

- Ne l'insulte p... commença Dortos, interrompu immédiatement par Frigiel.

- Je ne suis pas de mèche avec les testeurs. Je ne l'ai jamais été. On ne me l'a jamais proposé. Mais ce serait mentir de dire que, si on me l'avait offert, j'aurais refusé.

- Mytho, cracha Kim.

J'avais l'impression que le sol était en train de s'effondrer sous moi. Pourtant, en soi, je n'avais aucune raison de la croire, n'est-ce pas ? C'était Kim, quand même !

Là, on parle de quelqu'un qui a buté son petit ami et un autre gars, qui visait un autre, et qui a bien failli me faire la peau parce que je me suis mise sur son chemin !

Mais... et si c'était le cas ? Et si Kim, malgré le fait qu'elle soit détestable au possible, savait vraiment quelque chose de plus que nous ?

"Ce qui signifierait que les règles changent encore..."

Quelque chose bougea à ma droite, et des bras forts vinrent s'enrouler autour de mon dos. Julien...? J'avais pensé à voix haute, à tous les coups.

Mon ami me serra contre lui, mais je n'arrivais pas à me détendre. Je ne pouvais pas. J'étais... terrorisée. Terrorisée à l'idée que les codes évoluent encore, et à l'idée d'être encore perdue.

- Le jeu est fini, entendis-je Newtiteuf dire. On va rentrer.

- Vous pouvez rester, répondit Frigiel, c'est un peu le principe de base d'une soirée...

- Non. On rentre.

J'eus un mouvement de panique quand Julien s'écarta de moi ; il parut le remarquer et me proposa immédiatement sa main, à laquelle je m'agrippai comme à une bouée de sauvetage. Il m'aida à me relever, et nous prîmes congé des autres.

**********

Pardonnez le cut un peu foireux entre les parties 2 et 3, au fait, c'était censé n'être qu'un seul et même chapitre, mais je me suis rendue compte en l'écrivant qu'il était trop long. :3

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