Rencontre du 3ème type

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*Arm'*

- Du coup, Pepper, d'après ce que j'ai compris... tu crèches chez NT ?

- O...oui...

- C'était pas un reproche ! m'exclamai-je immédiatement. Je voulais juste savoir, 'fin, c'est ce que j'avais cru comprendre...

- C'est ça. Mais peu importe ! Il faut qu'on se dépêche de rentrer, pour soigner ta main !

Je fis un sourire auquel ni Blondie, ni Pepper ne répondirent. Elles avaient seulement l'air très inquiètes, et même si elles faisaient mine de se concentrer sur la route, je les voyais me jeter régulièrement des regards en coin.

Kim a dit que la cloche avait sonné... mais moi, je n'ai rien entendu...

Je baissai les yeux sur mes mains. Outre la sérieuse blessure de la droite, il y avait dessus des glyphes violacés - le violet caractéristique du mal - qui ressemblaient un peu à des tatouages. Ça ne m'occasionnait ni douleur, ni démangeaison, ni quoi que ce soit ; en soi, c'était même plutôt joli. Mais visiblement, à en juger par l'expression des deux filles avec moi, elles ne partageaient pas vraiment mon opinion.

Serrant les dents à cause de la douleur dans ma main, qui se rappelait à mon bon souvenir, je retentai de lancer la conversation, pour briser l'ambiance lourde :

- Hé, Clem'...

- Qu'est-ce qu'il y a ? s'écria-t-elle, alarmée. Tu as mal ? Tu as perdu trop de sang, tu n'arrives plus à marcher ?

- Non ! fis-je rapidement. Je voulais juste dire... je suis content que tu ailles mieux. Que tu aies arrêté de déprimer.

- Arrête de dire des âneries. Si j'avais été un peu moins égoïste, on serait allés trouver Perrine plus tôt, je serais allée la défendre, et t'aurais pas été blessé ! C'est de ma faute !

- N'importe quoi ! renchérit Pepper. J'aurais dû faire un peu plus attention en me battant contre Kim. Si je n'étais pas tombée bêtement, aucun de vous deux n'aurait eu quoi que ce soit.

- Et si moi, j'étais venue vivre avec toi dès le premier jour au lieu de...

- Les filles, s'il vous plaît ! intervins-je.

Juste après avoir haussé la voix, je fus pris de vertiges, titubai un peu. Blondie se précipita pour me rattraper, distançant de peu Pepper.

- Arm' ! Tu vas bien ? s'inquiéta la blonde.

- Oui oui, ça...

- Quelle question, m'interrompit Pepper, bien sûr qu'il ne va pas bien. On doit se dépêcher de rentrer.

J'ai comme l'impression de ne pas être entendu...

Malgré tout, les soeurs avaient raison. J'avais beau prétendre le contraire, je me sentais vraiment faible, et la sensation d'avoir le coeur qui battait dans la main, relançant à chaque pulsation ma douleur, était vraiment des plus désagréables. Mais si ça avait pu permettre de sauver Pepper et sortir Blondie de sa léthargie... je ne regrettais pas mon geste.

- On arrive, déclara l'une.

Je montai l'escalier, soutenu par Pepper, Blondie juste derrière moi au cas où je trébucherais. Celle-ci piqua d'ailleurs mes clés dans ma poche quand nous arrivâmes au bon étage, pour m'ouvrir la porte.

Nous pénétrâmes dans mon appartement, et Pepper me conduisit directement dans la salle de bains, avant d'ordonner :

- Clémence, il faut que tu trouves le désinfectant, des compresses et des bandages. Moi, je reste avec Arm'.

- Reçu.

La grande soeur disparut à la recherche du matériel, alors que la plus jeune me fit m'asseoir sur un tabouret, avant de prendre place par terre, à côté de moi. S'ensuivit un silence plutôt gênant ; je voulus le briser, Pepper me prit de vitesse :

- Au fait... tu es vraiment violet. Tu peux te regarder dans le miroir, si tu veux voir.

J'obtempérai, me levai pour aller vérifier les dires de mon amie. Je fus surpris de mon reflet ; à vrai dire, je m'attendais soit à être défiguré... soit à rien, sait-on jamais, c'était peut-être une blague. Mais en vrai, toutes proportions gardées, je me trouvais plutôt beau avec ces entrelacs, fins et élégants, qui encadraient mes joues sans déborder dessus, et s'arrêtaient juste en-dessous de mes yeux, devenus d'un violet bleuté profond. Écartant le col de ma chemise, je vis que mon cou était intégralement recouvert d'arabesques entremêlées. Je me souris.

Oui, vous avez demandé un beau Marseillais avec un côté mystérieux ? Signez ici...

Soudain, mon reflet se brouilla. Je me frottai les yeux d'une main, surpris ; mais rien n'y changea. Peu à peu, l'image dans le miroir se recréa, se reprécisa. J'émis un petit jappement de surprise en reconnaissant les traits de mon "reflet".

Visage aux traits encore juvéniles, yeux fins et bleu clair, cheveux bruns coiffés sur le côté, en une coupe assez sage...

- Un...ster ?

- La vache, Arm', t'es passé chez le tatoueur ?

J'écarquillai les yeux, stupéfait. Unster. Dans mon miroir. En train de me parler.

- Unster, t'es dans mon miroir ?

- Hein ? J'en sais rien, moi ! Je sais pas si...

- Unster est dans mon miroir, lâchai-je, complètement abasourdi. Unster est dans mon miroir. Normal. Unster, dans mon miroir. Dans mon miroir, y'a Unster.

- Pfff... soupira Unster. Pourquoi c'est sur lui que je tombe et pas sur NT ?

J'étais sur le point de poser plein de questions à Unster - du style, ce qu'il faisait dans mon miroir - quand quelque chose s'écrasa sur ma joue.

Je clignai des yeux, et la vision dans le miroir revint à la normale. Moi. Et Pepper debout derrière, les yeux exorbités. Je réalisai qu'elle venait de me coller une claque.

- Arm', rassieds-toi.

- Mais Pepper...

- Rassieds-toi ! cria-t-elle.

Surpris par son ton véhément, je retournai me poser sur le tabouret. Elle passa sa main dans ses cheveux, essayant visiblement de reprendre son sang-froid. Cependant, lorsqu'elle prit la parole, son intonation était un brin trop aiguë, trahissant son émotion.

- Arm', je pense que tu devrais vraiment te reposer avant d'aller à cette soirée... enfin, cet évènement. Et bien te reposer.

- Donc... tu ne me croiras pas si je te dis qui j'ai vu dans le miroir...?

- Unster ?

- Comment tu le sais ?

- Tu l'as dit, patate, soupira Pepper. Et répété plein de fois.

- Du coup... tu me crois si je te dis que je l'ai vu ?

Pepper secoua la tête et baissa les yeux avant de répondre :

- Je n'ai pas envie de te croire. Parce que si Unster fait son apparition maintenant... ça veut dire que les codes du jeu changent. Encore.

- Ça t'effraie, n'est-ce pas ? murmurai-je.

- T'as pas idée. Je suis terrorisée, Arm'. Avec ces règles changeantes, on n'a aucune certitude sur ce monde, aucune ! Alors oui, j'ai peur ! Qui n'aurait pas peur, hein ?

Attendri, je descendis de mon siège pour me rasseoir par terre, et prendre Pepper dans mes bras. Elle tressauta, sembla vouloir me repousser, puis abandonna finalement. Elle se laissa juste aller, sanglotant entre mes bras.

- On ne peut pas vaincre ce jeu, Arm', on ne peut pas...

- Chut. Je suis sûr qu'il y a un moyen.

De toute façon, c'est impossible qu'il n'y en ait pas, non ?

Pepper hocha faiblement la tête, redoublant de sanglots. Je l'étreignis plus fort, espérant lui communiquer le peu d'espoir qu'il me restait.

Blondie nous trouva ainsi, l'un contre l'autre, quand elle rentra peu après. Je dus lâcher Pepper pour que sa soeur s'occupe de ma main, grimaçant d'abord à l'idée de laisser mon amie triste ; mais avec le désinfectant, je n'eus bientôt plus qu'une seule pensée.

J'ai maaaaaaal !

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