Retournement de situation

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*Freshdazzle*

Je fis un pas en arrière, puis deux, et portai les mains à mes oreilles, pour me les boucher. Le son de la cloche m'était insupportable. En même temps, je regrettais ce geste ; si j'avais ne serait-ce qu'une main de libre, j'aurais vérifié l'heure sur mon portable. Il n'était pas midi, l'horloge de l'église n'indiquait pas midi. Ce n'était pas normal que la cloche sonne.

C'est quoi, ce bordel ?

Désormais, Pepper travestie ou Arm' blessé par erreur, c'était le cadet de mes soucis. Si le jeu lui-même commençait à ne plus respecter ses règles...

À un mètre, Blondie, accroupie à côté d'Arm' et de Pepper, eut un mouvement de recul, l'air effrayée. J'arquai un sourcil, et dévisageai le brun... pour comprendre, immédiatement, de quoi il retournait. Arman avait les yeux violets, et sur le côté droit de son visage, de fins entrelacs indigo commençaient à se tracer. Pourtant, il n'avait pas l'air d'en souffrir plus que ça : au contraire, il écarquillait les yeux, l'air de se demander pourquoi tout le monde fixait sa tête et plus sa main.

Douze secondes passèrent, douze coups. À chaque coup, les dessins progressaient sur le teint pâle d'Arm', et j'observai qu'ils s'étendaient également sur son cou et sur ses mains ; quand la cloche se tut, le processus s'arrêta d'un coup, laissant Arm' avec les joues à demi ornées, le cou entouré de colliers violets, et les mains comme peintes au henné. Mais toujours parfaitement en vie. D'ailleurs, la "victime" s'éclaircit la gorge pour demander :

- C'est... j'ai quelque chose sur le nez ?

- Arm'... articula Blondie d'un ton chevrotant. Tu n'as rien senti...?

- ... bon, si. J'admets. Je veux bien que tu t'occupes de ma main... ça fait mal quand même.

- Mais c'est pas de ça que je parle !

Si c'est comme ça, la discussion peut encore durer des heures.

- Arman, intervins-je, la cloche vient de sonner, et t'es violet. T'as été touché par le mal. Et tu n'es pas mort.

- Hé, c'est pas drôle, ta blague, Kim...

Arm' eut un petit rire forcé, puis regarda ses mains... et rit un peu plus. Un peu plus jaune aussi.

- Qu'est-ce que c'est que ça...? fit-il d'une toute petite voix.

- J'paierais cher pour savoir, marmonnai-je.

- Plus important, faut s'occuper de sa main ! Il saigne ! s'écria Pepper, comme si la parole venait de lui revenir.

Les deux soeurs commencèrent à se mettre d'accord sur le traitement à prodiguer à Arm', pendant que je m'écartais un peu. En l'espace de quelques poignées de secondes, mes plans venaient d'être ruinés. Et piétinés. Et puis jetés dans une fosse, et enterrés.

J'y pige plus rien. De base, j'avais envoyé un message à NT. À partir du téléphone de Siph', que j'avais trouvé sur Xef, pour éviter les soupçons. Et je lui avais demandé de venir seul...

Pourquoi est-ce que, quoi que je fasse, le monde entier conspire pour me compliquer la tâche ?

Je soupirai. Comme je commençais à en prendre l'habitude, je mis la main dans ma poche, effleurai mon couteau des doigts, pour me rappeler à la fois ma promesse et ma détermination. J'avais promis à François de nous sortir de là, en gagnant ce foutu jeu.

Et peut-être qu'enfin, après ça, on aura le droit à notre "happy end"...

Mon portable vibra dans mon jean. Allons bon, quoi encore ? Je dus extirper ma main de ma poche de gilet pour la plonger dans celle du jean, et en sortir le téléphone. Je lus le nouveau message... et faillis être surprise. Faillis seulement - je n'étais plus à ça près.

"Et si vous regardiez sur le toit du restaurant italien, presque pile en face de l'église, de l'autre côté de la place ?"

Je relevai le "vous", et plutôt que de me retourner directement, jetai plutôt un rapide coup d'oeil aux trois filles - oups, ça m'avait échappé tout seul - assises par terre. Blondie s'était agenouillée derrière Arm', lui servant presque de dossier malgré les protestations de ce dernier ; quant à Pepper, elle lisait quelque chose sur son portable. Une fraction de seconde après, elle leva les yeux vers quelque chose derrière moi, là où j'étais censée regarder. Sa mâchoire s'en décrocha presque, puis elle lâcha un juron avant d'ordonner aux deux autres :

- Regardez sur le toit du "Botticelli's"... on dirait que des retardataires ont décidé d'entrer en jeu, tiens.

Je finis par me décider, à mon tour, à me tourner. En haut dudit restaurant, en effet, je distinguai deux silhouettes ; et en plissant les yeux, je n'eus aucun mal à les identifier. Le duo des fumistes lâcheurs... Dortos et Frigiel.

Plus précisément, Dortos était assis sur les genoux de Frigiel, qui lui-même avait les fesses quasiment au bord du toit, les jambes dans le vide, et serrait le blond dans ses bras par-derrière. Tous deux ensemble... je les trouvais un peu risibles. On aurait dit un couple de Bisounours gays, à vrai dire.

Frigiel sourit, visiblement content d'avoir capté notre attention, puis se pencha vers Dortos pour lui chuchoter quelque chose. Ce dernier hocha la tête et se boucha les oreilles. De derrière lui, Frigiel récupéra un mégaphone, et tout le monde put entendre ses propos lorsqu'il commença à parler dedans.

- Et salut tout le monde, c'est Frigiel...

Il toussa quand Dortos lui envoya un coup de coude dans les côtes, probablement pour lui signifier d'être un peu plus sérieux ; puis il continua :

- Ça fait... quoi, quatre jours qu'on est ici ? Allez, trois jours et demi. Et je sais que ce jeu joue avec les nerfs de tout le monde. C'est pourquoi je me demandais... et si on se faisait une petite fête, ce soir, chez moi ?

Le silence le plus complet suivit sa déclaration. Je me tournai vers les trois autres ; Arm' avait l'air le plus bête du monde, tandis que les deux soeurs... elles avaient à peu près la même tête que si on venait de leur annoncer qu'elles étaient enceintes l'une de l'autre.

Je secouai la tête, dépitée, et criai à Frigiel :

- Mec, c'est avec tes nerfs qu'il a joué, le jeu. Et bien joué. Non mais, genre, t'es tombé sur la tête, ou t'as chopé un rhume de cerveau ?

- Je suis tout à fait sérieux, sourit Frigiel.

- Mais oui. Et sérieusement, donc, quand est-ce que tu arrêtes de te foutre de notre gueule ? Arrête de tripoter ton pote, ça te crame visiblement les neurones.

- On t'emmerde, Kim, lâcha-t-il avec un sourire un peu plus forcé.

- Ça, je le sais ! Ça fait trois jours que vous emmerdez le monde entier, d'ailleurs. Vous n'avez pas l'air de vous sentir concernés par cette saloperie de jeu. Et là, plop, vous vous ramenez pour proposer de s'amuser ? Fais ta soirée si tu veux, moi, j'ai autre chose à faire. Genre, trouver un moyen de sauver ton petit cul de tafiole.

- Mmh. "Genre", tuer des gens ?

Ne rien laisser paraître.

J'éclatai de rire.

- Oh, s'il te plaît, arrête les blagues, t'es terrible.

- Alors tu ne vois aucun inconvénient à venir, n'est-ce pas ? Ce sera fun comme tout... et puis, on pourrait jouer à des jeux, du genre "action ou vérité" ?

Et merde. Échec et mat. Il m'avait coincée, le petit rat... je ne pouvais pas refuser sous peine d'éveiller les soupçons. Mais accepter, c'était sauter dans la gueule du lion.

Enfin, dans la grande gueule du roquet.

Je feignis encore une fois le naturel, et haussai les épaules.

- Très bien. Moi, ça me va. Si ça t'amuse.

L'évènement est donc accepté.

Je sursautai, et entendis, au couinement derrière moi, que les autres n'étaient pas en reste. Mon cerveau tournait à plein régime.

Ils seraient de mèche avec les testeurs ? Depuis le début ? Ça expliquerait facilement pourquoi ils se sont si bien débrouillés dans Mineworld, remarque... et pourquoi ils n'ont pas fait de bruit depuis le début de World is Mine... d'ailleurs, quelles étaient les chances, objectivement, que les deux restent en vie au bout de 4 jours ?

Imperceptiblement, je crispai les doigts. Ma cible venait de changer ; NT n'était qu'en troisième dans l'ordre de mes priorités. Alors que je réfléchissais à qui de Frigiel ou Dortos représentait la plus grande menace, la voix synthétique énonçait :

Ce second évènement aura donc lieu à 19h, dans l'habitation du joueur Frigiel. Il consistera en un jeu d'action ou vérité. Tous les joueurs sont contraints de s'y rendre, et s'ils n'y sont pas à l'heure dite, ils seront téléportés. L'évènement ne pourra d'ailleurs pas être quitté avant la fin de la partie.

Par ailleurs, est-ce qu'il n'y aurait pas un lien entre le mal qui frappe en avance, qui ne tue pas, et cet évènement ?

- Mmh, ça a l'air intéressant. J'ai raté quelque chose ? Vous pouviez m'inviter, quand même, ça me fatigue un peu d'être mis sur la touche.

Je me tournai vers la voix qui venait de s'élever - le dernier joueur qui venait d'arriver. Un peu en retard, tout de même. D'ailleurs, je remarquai que Pepper faisait une drôle de tête en le voyant débarquer.

Newtiteuf avançait droit vers nous, les mains dans les poches d'un sweat visiblement tout neuf, habillé également d'un jean tout aussi nouveau et en baskets grises.

- C'était pas sympa de me piquer mes fringues et mon portable, Pepper, au fait.

- Je... argh, fallait pas que tu viennes ! s'exclama l'intéressée.

- Oh, c'est gentil. Je retiens.

Les règles spécifiques de l'évènement seront précisées juste avant son commencement.

Alors que Frigiel et Dortos semblaient se décider à partir, et que NT et Pepper commençaient à s'expliquer, je jugeai que je n'avais plus rien à faire ici. Je revérifiai l'heure sur mon téléphone, que je n'avais pas lâché depuis le message de Frigiel : 11h38. D'ici à 19h, j'avais un temps fou devant moi.

Je tournai donc les talons, et repartis vers chez moi.

Dans l'immédiat, je dois me préparer pour cette "soirée". Surtout être préparée aux questions. Ensuite... je devrais réfléchir au moyen le plus efficace d'éliminer ce duo de traîtres.

**********

Sur-prise ! Ah, je ne pensais pas que vous tomberiez tous dans le panneau au chapitre d'avant... RIP Arm' par-ci, RIP Arm' par-là... des barres. x)

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