Rêve

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*Blondie*

La cloche sonne.

Un premier coup, un instant. Avant, il se dressait fièrement, sous un soleil éclatant ; et on aurait dit que la lumière, ruisselant sur lui, jaillissait de son dos comme des ailes de pure énergie. Après, le sol sous ses pieds s'effondre comme du sable, et il commence à s'enfoncer.

Autour de lui, des êtres sans visage le regardent, ou ne le regardent pas ; je suis là aussi, face à lui. Je sais que c'est un rêve. Je le sais parce que ce jour-là, hier, il n'y avait pas de soleil, le ciel était gris. Aussi, quand je me précipite vers lui, lui tends la main, instinctivement, je sais que c'est déjà trop tard de toute façon. Qu'est-ce que ce sera ? Vais-je le lâcher... ou va-t-il m'entraîner avec lui ?

Pourtant, quand je prends sa main, il semble cesser de s'enfoncer. Il lève les yeux vers moi ; ses iris ont tourné au violet. Il me sourit tendrement.

- Clémence...

- Allons bon, dis-je dans un murmure. Qu'est-ce que tu vas me dire ? Dans un cauchemar... tu devrais m'accuser, je pense...

- Je t'aime.

Je ne peux pas m'empêcher de pleurer. Même si je sais que ce n'est pas réel.

- Je t'aime aussi, Julien... je t'aime tellement...

- Ne m'oublie jamais.

- Arrête, c'est qu'un jeu, Julien. Il est horrible, mais qu'on gagne ou qu'on perde, on en sortira.

- Qu'un jeu...

Une autre voix se lève derrière moi.

- Non. Si on perd, on n'en sortira pas.

- Qui... qui est-ce ?

Je voudrais me retourner. Le timbre de la voix m'est familier. Mais quelque chose me dit que si je détourne le regard, ne serait-ce qu'un instant, de Julien, il disparaîtra.

- Oh, tu ne me reconnais pas ? Enfin, peu importe... je sais même pas comment je fais pour te parler de toute façon. Je t'ai entendue. Bref !

- Qu'est-ce que tu fais dans mon rêve ?

- J'en sais rien non plus. Mais tant que je suis là, autant te prévenir. Si tu perds, tu ne sortiras pas. Non, si vous perdez, vous ne sortirez pas.

- C'est pas vrai ! Je te crois pas ! Ça reste un jeu !

- Si seulement.

La présence de mon interlocuteur s'efface dans mon dos ; et je sens la main de Julien, que je tenais, devenir du sable. Je panique.

- Chou !

- Ne m'oublie pas, Clémence, ne m'oublie pas...

Je me réveillai d'un coup, en me redressant sur mon lit, la bouche grande ouverte mais incapable de crier. Juste après, je me recroquevillai sur moi-même, serrant mes genoux entre mes bras, contenant des larmes qui, de toute façon, ne coulaient pas.

Je veux me rendormir... je veux retrouver Julien...

- Princesse !

Arm' rentra en coup de vent dans la chambre. Sa chambre. C'est vrai... je n'étais pas chez moi, mais chez lui. Il avait insisté hier. Je n'avais pas vraiment pu refuser ; de toute façon, rentrer dans l'appartement que je partageais avec Julien, voir toutes ses affaires comme autant de souvenirs de lui, je ne me l'imaginais même pas.

Hier, Arm' avait été rassurant au possible, tentant de me redonner le sourire - en vain. Pourtant, ce matin, il paraissait complètement paniqué. Ça m'était un peu égal cependant.

- Clem', princesse, haleta-t-il, j'ai reçu un message bizarre de Pepper !

Pour appuyer ses dires, il me mit son téléphone sous le nez, ouvert sur une conversation. Mon regard survola à peine les messages.

- Pas envie de lire, soupirai-je.

- S'il te plaît ! C'est important !

- Je veux retourner au lit...

Pourquoi il ne me laisse pas juste retrouver Julien, là où je le peux encore ?

- Non, non ! Tu ne peux pas ! Pepper me dit de ne surtout pas aller sur la place centrale à partir de 11h !

- Et alors ? marmonnai-je sans comprendre.

- C'est bizarre qu'elle dise ça ! s'exclama Arm'. Il se passe forcément quelque chose là-bas ! Et si Pepper veut y être seule, ça n'augure rien de bon !

- Comprends pas.

Je n'ai pas envie de comprendre, fous-moi la paix.

- Clem', j'ai peur que ta soeur fasse une connerie. C'est forcément en lien avec les règles d'hier. Lève-toi et habille-toi, il faut qu'on y aille.

- Veux pas.

- Je ne te laisse pas le choix. Bon sang, t'en as vraiment rien à secouer ? Après ton copain, tu veux perdre ta soeur ?!

Son ton, brusquement ferme, me tira de mon apathie. En d'autres circonstances, j'aurais probablement giflé Arm' pour avoir osé proférer pareille ineptie ; là, la motivation me manquait. Je me contentai donc de sortir du lit et, obéissant à mon ami, d'aller me préparer pour sortir.

À peine fus-je sortie de la salle de bain, habillée et coiffée approximativement, qu'Arm me tendit un quignon de pain, m'ordonnant de manger vite. Je m'exécutai, sans trop de conviction.

Je ne comprends pas pourquoi il m'entraîne là-dedans. Moi, je m'en fous. Ma partie, elle s'est arrêtée en même temps que celle de Julien...

- Allez, viens !

Je gobai le dernier morceau de pain, et Arm' me chopa par le poignet pour me traîner derrière lui, direction la place centrale. Nous marchâmes un quart d'heure, dans un silence uniquement rythmé par les échos de nos pas sur l'asphalte. Arm' sortait son téléphone à intervalles réguliers, vraisemblablement en train d'essayer de joindre Pepper, ne recevant tout aussi vraisemblablement aucune réponse.

Alors que nous approchions de notre destination, nous commençâmes à entendre des voix fortes ; mon ami accéléra d'autant plus, manquant me faire trébucher. Je peinais presque à le suivre.

Nous arrivâmes à l'orée de la place, et Arm' m'intima soudain de m'arrêter. Devant nous, à quelques dizaines de mètres, deux personnes étaient en train de se disputer : à gauche, Kim, dans un état de colère que je ne lui avais jamais vu. Dans sa main gauche, je distinguai quelque chose qui ressemblait beaucoup à un couteau. Peut-être en était-ce un. Qu'en savais-je ? En face d'elle, je vis ma soeur, Perrine, dressée fièrement, étrangement habillée. Ça ne ressemblait pas à ses vêtements, mais plutôt à ceux... de Newtiteuf ?

- Qu'est-ce que tu fous ici ? hurlait Kim. C'est pas toi qui étais censée venir ! Pourquoi t'es là ? Pourquoi t'avais la casquette de Newtiteuf ? Pourquoi t'es venue à sa place ?

- Et peux savoir ce que tu lui veux, à Julien ?

Kim se rembrunit encore plus - je n'aurais pas cru que c'était possible. Elle prit son temps, ou plutôt son calme, pour répondre enfin d'un ton acerbe :

- Oh, on en est rendue là, déjà ? L'appeler par son petit prénom ? Comme c'est... répugnant.

- Il n'y a rien de répugnant là-dedans, pouffiasse. Julien est mon ami. Et c'est pour ça que je viens à sa place. Tu veux quoi, le buter ? Faudra me passer sur le corps.

- Mais ma pauvre fille ! ricana Kim. T'es bouchée ? On doit se tuer, je te rappelle. Je sais pas dans quel monde tu vis, bisou-land ? Descends sur terre, pauvre gourde ! Tu te prends peut-être pour Gandhi, mais la vérité, c'est que le mal va te choper, et tu vas juste crever comme une merde. Pfft, ce serait pas une grande perte de toute façon.

- Par contre, toi, si tu fermais ta grande gueule, le monde serait soulagé, pauvre tarée !

- C'est toi qui vas la fermer ! Tu veux crever ? À ton service ! Mais au moins, épargne-moi ton sermon !

Pepper se plaça dans une posture défensive alors que Kim, serrant les doigts sur son couteau, se jetait sur elle avec un cri de rage. Ma soeur esquiva un coup direct, en sautant sur le côté ; puis elle tenta de frapper Kim dans la nuque. Celle-ci vit cependant venir le coup, et se baissa rapidement, esquissant un pas en arrière. Prise par son élan, Pepper tomba en avant, réussissant à amortir sa chute de ses bras. Elle se retourna prestement, assise sur les fesses, alors que Kim revenait vers elle.

Perrine est complètement à sa merci, constatai-je sans ciller. Quelque part, une voix me hurlait que je ne devrais pas être si amorphe, qu'il s'agissait de ma soeur, la vie de ma soeur - et, à en croire l'autre personne de mes rêves, sa seule vie. Mais mon cerveau recevait l'information, sans comprendre.

Pepper tenta de reculer, sur les fesses ; mais Kim lui écrasa le pied, lui bloquant toute retraite. Ma soeur ne broncha pas, mais fit un effort pour retenir un cri.

- Bieeeeen, grinça Kim. Tu me feras le plaisir de rester aussi silencieuse quand je te trouerai le ventre, pigé ?

Kim leva sa lame ; et, à côté de moi, je sentis comme un coup de vent.

Arm' ?

À une vitesse étonnante, dont je ne l'aurais pas cru capable, Arm' fonça vers la scène du drame ; et, dans un mouvement désespéré, il tendit la main vers Kim, alors que cette dernière abattait son couteau sur Pepper.

Elle s'arrêta avant de toucher ma soeur. Et Arm' poussa un hurlement quand la lame, qu'il avait attrapée à pleine main, entailla profondément sa paume.

Kim recula, stupéfaite, alors que mon ami tombait à genoux, à côté de Pepper. De lourdes gouttes de sang tombèrent de sa main, s'écrasant au sol.

- Arm'... ARM' ?

Un verrou, un blocage ; quelque chose sauta sous mon crâne. Je me précipitai vers mon ami, affolée. Je tombai à côté de lui, tentai de le prendre dans mes bras. Sans faire exprès, j'effleurai sa main, et il poussa un gémissement qui me fendit le coeur.

- Arm', merde... t'es débile ! T'es trop débile !

- Je suis content, princesse... sourit-il faiblement. Tu as l'air d'aller mieux.

- DÉBILE !

Du coin de l'oeil, je vis Kim ouvrir la bouche, puis la refermer. Les évènements semblaient totalement la dépasser. Indécise, elle finit par essuyer, lentement, la lame ensanglantée de son couteau, avant de la replier et ramasser le canif au fond de sa poche.

- Arm', souffla-t-elle. Qu'est-ce que tu fous ici ?

- Je fais le truc con que tu m'as interdit, grimaça-t-il. Jouer avec ma vie. Désolé, Kim.

- T'es... argh, je te hais, toi aussi !

- Je sais. Je sais... aïe...

- Arrête de parler ! ordonnai-je - à Arm' autant qu'à Kim. Faut soigner cette main.

- Pas la p...

Arm' fut interrompu par un son aussi incongru que déplacé.

La cloche de midi... qui sonnait ? Je tournai la tête vers l'horloge sur l'église, et ouvris des yeux ronds comme des balles de tennis.

Il n'était... même pas 11h30 ?

Arm' releva les yeux vers moi.

Ils avaient tourné au violet.

**********

"Comme tu es trop sadique, Sheenya, j'ai trop peur que tu nous fasses un mauvais coup dans le chapitre suivant" - dixit @MymyG03.
...
Non non... :3

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