Chapitre 3 - Le vol

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– Merde.

J'avais encore laissé ma bouteille d'eau dans ma chambre d'hôtel. Et je ne voulais pas en racheter une à nouveau. Pour un touriste, il y avait des tonnes de souvenirs pour les amis et la famille à acheter en plus de la nourriture et des autres coûts de la vie quotidienne. Je n'avais pas prévu de dépenser des masses, mais racheter quelque chose que j'avais déjà me saoulait.

Je continuai ma marche dans les rues de la ville. Elle était toujours animée. Et par ce temps ensoleillé presque suffocant, c'était normal. Qui ne voudrait pas profiter du soleil ?

Peut-être que j'étais le seul... À chacun de mes pas, je pouvais sentir le regard lourd des habitants de la petite ville que j'avais choisi de visiter. Il fallait que je me coltine toutes ces conneries encore quelques jours. C'était lassant. Et cette putain de bouteille que j'avais oubliée dans la chambre n'améliorait pas la situation.

Après quelques clichés rapides, je décidai de retourner à l'hôtel. Une bonne douche me ferait du bien. Puis je ferai un tri des photos déjà prises. Certaines étaient clairement à effacer.

À quelques mètres de la porte du petit bâtiment, j'aperçus une dizaine de personnes debout. Je fronçai des sourcils, puis me faufilai dans le cercle qu'elles avaient créé pour aller dans le hall. Assise, je reconnus la tenancière qui se tenait la tête entre les mains d'un air dépité. Des personnes tentèrent de la réconforter d'après ce que j'arrivais à comprendre. Elle leva ensuite les yeux et tomba sur les miens. Elle secoua la tête, toujours aussi triste.

Avant de lui parler, je montai au premier, où se situait ma chambre louée pour la semaine et vis les dégâts. La porte en bois était défoncée, plusieurs papiers traînaient à terre, les plumes d'oreillers s'envolaient à chaque coup de vent des hommes en costard présents dans ma pièce à vivre.

Ils étaient en train de fouiller ou de ranger la chambre, je ne comprenais pas trop. Soudain, je me précipitai vers l'armoire en bois où mes affaires étaient rangées. Sans surprise, la moitié des habits étaient déchirés alors que l'autre moitié avait disparu.

– Fais chier, soupirai-je en fermant les yeux.

Ce voyage qui devait être des vacances tourne au cauchemar. Je n'aurais jamais dû choisir une petite ruelle comme lieu pour me poser. Un hôtel sur la place près du centre de Sienne aurait été mieux. Beaucoup mieux. Maintenant je n'avais que dalle pour m'habiller. C'était quand même une chance que je garde mes papiers sur moi.

– C'était ta chambre ?

J'ouvris mes paupières comme si on m'avait piqué. Cette voix, je la reconnaissais. En me retournant, je vis le beau gosse de la veille. Toujours aussi canon.

– Oui, qu'est-ce que tu fais là ?

– L'hôtel m'appartient. Il y a eu de la casse par ici donc je viens voir les dégâts. Donc c'est bien ta chambre, Émile ?

Je tiquai quand il prononça mon prénom. Sa voix avait un effet bandant qui me saoulait.

– Ouais...

– Tu pourras faire un inventaire de ce qui a disparu ?

– Tu travailles avec la police ? questionnai-je, curieux.

– On peut dire ça comme ça.

Puis il recommença à parler italien à ses hommes, et bien sûr je ne comprenais rien, mais ça ne m'empêchait pas de suivre ses lèvres bouger. Il faisait chier. Je venais de me faire voler, et il apparaît comme par magie pour me distraire.

Il y avait peu de chance qu'il retrouve les coupables. Je ne retrouverai jamais mes affaires, j'en étais certain.

Je repartis dans le hall et appelai ma sœur pour l'informer de tout ça.

– Tu peux faire un virement rapidos ?

– Oui, t'en fais pas, fais quand même attention à toi. Prends un billet avant la fin de ton congé...

– Ouais, je vais rentrer.

Je soupirai en raccrochant mon portable.

– Tout va bien ?

– La forme, ça se voit pas ? grognai-je, agacé.

Il y eut un moment de silence qui me fit lâcher à nouveau un soupir.

– Désolé.

– C'est rien.

– Viens.

Un ordre. Sec. J'avais voulu lui répondre, mais il m'avait déjà tourné le dos. P'tain, même de dos on pouvait voir ses muscles à travers la chemise blanche qu'il portait. Il n'avait pas chaud habillé comme ça ?

Sans un mot, je le suivis jusqu'à l'entrée du bâtiment. Là, je le vis discuter avec la tenancière du petit hôtel. Elle avait l'air soulagée, et semblait le remercier à profusion. C'était étrange. Ce type devait vraiment être quelqu'un de haut placé dans le coin. Et avec ses gorilles qu'il traînait partout où je le croisais, ça ne faisait aucun doute que j'avais rencontré une sorte de businessman.

Un de ses hommes en costard ouvrit la portière de la voiture noire aux vitres teintées. Je ne l'avais pas aperçu quand j'étais arrivé. Le beau gosse monta et me fit signe de le suivre. Je regardai la petite dame qui me fixa étonnée. J'avais presque tout perdu à part les affaires que j'avais sur moi, avec un peu de chance, il allait m'emmener au poste de police le plus proche pour faire une déposition. Et sincèrement, je n'avais plus la tête à penser. Ce voyage était vraiment une erreur de début à la fin.

Je me glissai sur le siège passager près du beau gosse puis la voiture démarra.

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