Chapitre 23

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Coucou ! J'espère que vous allez bien.
Je vous préviens encore une fois, ce chapitre est dur. Faites attention à vous, je ne veux pas que cette lecture choque. Il y a mention et presque description (sans pousser dans les détails) de suicide, de sang, de mutilation.
N'étant pas aujourd'hui dans un état adapté à la relecture d'un tel chapitre, je ne l'ai pas relu récemment (je relis généralement mes chapitres au moins cinq fois avant de les publier, aujourd'hui ce sera que quatre du coup). Il pourrait donc avoir plus d'erreurs que d'habitude, n'hésitez pas à les relever.
Prenez soin de vous ❤️

Le sang forme un chemin écarlate sur mon bras. Il glisse jusqu'à ma paume, parcoure mes doigts, s'échappe de la coupure sur mon poignet. Je le regarde, sans un mot, sans une émotion. Pour le moment, rien ne compte, seule la douleur m'importe. Celle qui est capable de faire taire tous les monstres qui rugissent autour de moi, qui comble le vide dans mon ventre, qui recouvre la souffrance à l'intérieur de moi.

À côté du lit se trouve le petit couteau que j'ai utilisé pour créer cette petite route rouge sur ma peau. La pointe est écarlate. Un peu plus haut, deux gouttes de la même couleur forment comme deux yeux qui me fixent. Ils ne disent rien, ils observent simplement. Je ne sais pas si ça me rassure ou m'effraie ; mes émotions se sont enfuies à l'instant où j'ai fait glisser l'objet tranchant sur mon poignet.

Azelle est partie depuis longtemps. Je lui ai dit que je me sentais pas bien, que j'avais sûrement trop mangé hier avec Antoine et Tim. Ça l'a fait esquisser un sourire grimaçant, puis elle m'a dit d'accord, qu'elle allait prendre le petit-déjeuner toute seule alors, qu'il fallait que je me repose. Elle avait l'air un peu embêtée quand même, et je sais qu'une partie d'elle voulait m'obliger à me lever. Peut-être qu'elle aurait dû. En tous cas, elle n'a rien dit d'autre, même si elle vérifié si mon téléphone était bien chargé et qu'elle m'a recommandé d'appeler si j'avais besoin. Elle m'a lancée un regard très inquiet en partant. Peut-être qu'elle savait déjà ce qu'il se passait vraiment, et que la douleur dans mon ventre n'était pas causée par ce que j'ai mangé hier.

Je suis resté un long moment caché sous ma couverture. J'ai vraiment essayé de ne pas y penser, d'oublier ce couteau que j'avais vu dans la cuisine d'Azelle, qu'elle utilisait jamais et qui ressemblait à celui que j'avais déjà utilisé à la maison. J'ai vraiment essayé de mettre de côté ce besoin de ressentir quelque chose, de voir le sang s'écouler de mes veines. J'ai vraiment essayé. Je me suis rappelé mon rêve, les paroles d'Ana, mes bras ensanglantés et mes excuses désespérées. Je me suis répété que si je le faisais, j'allais le regretter, que ça faisait bientôt deux semaines que j'avais arrêté, que je n'avais pas le droit de recommencer.

Je me suis quand même levé pour aller chercher ce couteau. Je l'ai quand même ramené dans la chambre. J'ai sorti les dessins de monstres un peu froissés et je les ai déposé un par un sur le sol, devant moi, pour tous les regarder jusqu'à les imprimer dans ma mémoire. Dans une dernière tentative désespérée pour ne pas me couper, je me suis dit qu'à l'instant où je poserais la lame sur ma peau, toutes les prisons se détruiraient, tous les monstres seraient libérés.

Mais ça libérerai aussi mes pensées, mes émotions. Je serai tranquille pendant un moment.

Alors j'ai décidé de me débarrasser de toutes ces pensées qui me paralysaient, même si ça voulait dire foutre en l'air toutes les prisons crées au cours de mon séjour chez Azelle, même si ça signifiait que je me laissais battre encore une fois.

Je pose ma main sur la coupure pour bloquer le sang qui risque de tacher le lit. Ça me fait mal, alors je serre plus fort. Je serre les dents, tremble, ferme les yeux.

Ça fait du bien, de ne ressentir que de la douleur physique. C'est comme quelque chose à quoi je peux me raccrocher pour ensevelir mes pensées.

L'appartement est silencieux. J'ai l'impression d'être coupé du monde. Un mur s'est érigé entre moi et les autres. Je me sens soudain étranger à tout ça, à toute cette vie. Je ne la mérite pas, je ne la mérite plus.

Je serre le poing. Pourquoi hier tout allait bien et aujourd'hui rien ne va plus ? Pourquoi hier je me suis endormi avec le sourire et je me réveille en pleurs ce matin ? Pourquoi je ne peux pas juste aller mieux ? Est-ce que c'est trop demandé ? Pourquoi ça ne dure jamais ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

— Pourquoi moi ? Pourquoi tu vas pas dans la tête de quelqu'un d'autre ? Pourquoi tu vas pas dans les rêves de quelqu'un d'autre ?

Je ne sais pas à qui je m'adresse exactement – ma peur, ma tristesse, mon anxiété. Ma voix vibre de colère. Sans m'en rendre compte, je hausse le ton, redresse le menton pour regarder les monstres qui se libèrent de leurs prisons de papier un à un, rieurs et victorieux.

— Vous n'en avez pas assez de moi ? Vous ne m'avez pas assez pris ? Allez torture quelqu'un d'autre ? Laissez-moi tranquille ! Laissez-moi tranquille ! Pourquoi vous allez pas dans la tête de quelqu'un d'autre ? Pourquoi vous allez pas dans les rêves de quelqu'un d'autre ? Pourquoi vous restez ? Laissez-moi tranquille !

Je tends mes doigts ensanglantés vers les dessins. Je les déchire, puisque les prisons ne servent plus à rien, les monstres se sont échappés. Je leur ai ouvert la porte en étant totalement conscient de mes actes. Je les ai laissé fuir.

— LAISSEZ-MOI TRANQUILLE !

Je hurle, maintenant. Le sang colore les feuilles noircies par mon crayon. Les morceaux de papier tombent par terre, je tremble, je pleure. Autour de moi, les monstres rient. Ils s'accrochent à moi, à mes épaules, à mes bras, à ma gorge, à mes mains, à mes jambes, à mon dos. Ils m'étouffent, m'étranglent, me serrent contre leurs corps noirs et glacés. Je me débats pour continuer de déchirer les dessins. Ils me laissent faire puis, quand il ne reste plus que des confettis tachés de rouge, je sens leur emprise sur moi s'accentuer. Ils agrippent mon bras et le tendent vers le couteau. Cette fois, c'est moi qui les laisse faire. Ils murmurent contre mon oreille alors qu'ils referment mes doigts sur l'objet et le ramènent vers mon poignet pour y poser la lame.

Encore. Encore. Encore, ils répètent de leurs voix embrouillées, monstrueuses, mielleuses et autoritaires. On ne t'abandonnera pas. Fais-le encore, encore, encore, encore. Tu as besoin de plus. Tu sais que tu as besoin de plus, parce qu'on ne t'abandonnera pas. Encore. Encore. Fais-le encore, encore...

Ils attendent que j'accepte. Ils ne m'obligent pas. Je pourrais refuser, jeter ce couteau loin de moi et fuir dans la forêt. Je n'en fais rien. Tout bas, je murmure d'accord et, accompagné par les monstres, j'appuie le couteau sur ma peau. Elle se sépare facilement. Je refais le même geste plusieurs fois au même endroit jusqu'à ce que le liquide rouge s'étale à nouveau sur ma peau. À la vue du sang, les démons s'excitent. Ils semblent contents et se murmurent des mots que je ne comprends pas. Je sens encore plus fort leur présence oppressante. Pourtant, pour la première fois, je me sens proche d'eux.

Encore, encore, encore. Fais-le encore.

Je passe de nouveau le couteau sur mon poignet. Cette fois, je fais une plus petite coupure, car je ne veux pas non plus perdre trop de sang. Et puis, il ne faudrait pas en laisser couler sur le lit. Je ne veux pas qu'Azelle découvre ça, personne n'a besoin de le savoir, personne ne l'a jamais su, ça ne doit pas changer maintenant. Ça ne doit jamais changer.

Laisse nous faire. Laisse nous faire.

Déjà, ils posent leurs griffes sur ma main qui serre le couteau. Leur contact froid me pétrifie et je dois me forcer à continuer de respirer. Je ferme les yeux et essaye de me détendre un peu. Quand je les rouvre, ils avancent déjà la lame vers mon poignet, encore une fois. Je laisse faire.

Peu à peu, je me laisse porter par mes pensées. Ça me fait oublier un peu la présence des monstres près de moi. Les émotions ne sont toujours pas revenues et c'est bien comme ça. C'est bien de retrouver ce calme dans ma tête que je ne ressens que quand je me coupe.

Ou avec Lazare.

Je sursaute, surpris par cette pensée. Avec Lazare ? C'est vrai, avec Lazare, les émotions se taisent. Il m'apaise dans le chaos de mon esprit. Il m'apaise beaucoup plus rapidement que le couteau sur ma peau et que les monstres contre moi.

On ne t'abandonnera pas. Jamais. Il t'abandonnera, lui, s'écrient soudain les démons, comme s'ils entendaient mes pensées. Peut-être qu'ils les entendent, en fait. Il t'abandonnera. Tu seras triste.

— C'est pas ce que vous voulez, que je sois triste ?

Je marmonne et parle si vite que je comprends à peine moi-même ce que je dis. Mais les monstres n'ont pas besoin de m'entendre pour me répondre.

On t'aide.

— Non. Vous me faites peur. Ça n'aide pas.

Laisse nous faire.

Je me rends compte que j'ai crispé mon poignet et ils ne peuvent plus le bouger. Je ne sais pas pourquoi, mais je leur obéis et les laisse continuer. Ils tailladent encore ma peau, avec plus de colère cette fois. Je les ai énervé. À cette pensée, je me recroqueville sur le lit, apeuré.

Tu devrais trouver une solution pour ne plus souffrir. Repense à ton rêve.

Là encore, je reste docile. Des fragments de mon cauchemar me reviennent. Je ne me souviens pas de tout exactement, mais les derniers moments restent ancrés dans mon esprit. Le corps glacé de Liam, les regards de ma famille. C'est ta faute. Il est arrivé quelque chose à Liam et c'est ma faute, parce qu'il a voulu me sauver alors que moi j'avais décidé d'abandonner. C'est ma faute, ma faute, ma faute.

J'ai détruit ma famille. J'ai détruit ma famille et je suis égoïste, méchant, cruel. Je trompe Azelle en me faisant passer pour quelqu'un que je ne suis pas. Je trompe Lazare aussi, et puis tous ceux que j'ai rencontré jusque là.

Et Lazare... Lazare qui s'est enfuit par la fenêtre en me laissant dans la pénombre et dans l'incendie. Lazare qui était en colère contre moi. Lazare qui m'abandonnait.

On te l'a dit. Il t'abandonnera.

Je ne réponds rien. Je ne ressens rien non plus, seulement un vide sans fond. Les monstres murmurent plus fort, mais je ne fais plus attention. Je ne remarque pas qu'ils ont lâché ma main et que cette fois, c'est moi seul qui dirige mes gestes. Je ne remarque pas que je serre toujours le couteau et que je ne le pointe plus vers mon poignet. Je ne remarque pas que je ne fais plus attention à rien.

Je ne remarque pas que je pose la pointe du couteau sur mon cœur et que je pose mon autre main sur le manche.

— Tyler ! hurle la voix de Lazare.

Je sursaute. Quand je me rends compte de ce que je fais, je lance le couteau le plus loin possible de moi, dans un geste paniqué. Les monstres se sont évaporés et me laissent recroquevillé sur le lit, tremblant, les yeux écarquillés.

Il n'y a personne.

Mon cœur bat à toute allure. Je suis terrifié en pensant qu'il aurait pu ne plus fonctionner, là, maintenant. J'allais me tuer.

Tu devrais trouver une solution pour ne plus souffrir. C'est ce qu'ils ont dit. C'est ce que je voulais faire.

Je me relève maladroitement et ramasse les dessins déchiquetés, un par un. Avec des mouvements robotiques, je marche jusqu'à la poubelle pour les jeter. Puis, je prends le couteau et le frotte jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de trace de sang. Je le remets ensuite à sa place, là où n'est jamais utilisé. Là où il n'est pas destiné à prendre la vie de quelqu'un.

Après avoir tout nettoyé, je vais me rassoir sur le lit. Je n'ai pas pensé à grand chose pendant tout ce temps. La panique s'est effacée. Je n'ai plus peur.

Je sais ce que je dois faire.

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