Chapitre 24

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Hello ! Comment vous allez ?
Tout d'abord, je tiens à vous demander pardon pour cet abandon complet de cette histoire. J'ai eu du mal à me replonger dedans et j'étais très très énervée, parce que trois chapitres que j'avais écrit ont inexplicablement disparu de ma tablette (sur laquelle j'écris – si vous connaissez, j'écris sur Pages, est-ce qu'il y a une explication à la disparition soudaine de plusieurs, qui pourtant avaient été écrites il y a plus de deux mois ? Est-ce que vous savez s'il y a un moyen de récupérer ? J'utilise cette appli depuis très longtemps, je n'avais jamais eu ce genre de problèmes, alors ça m'embête beaucoup...). Donc tout ça pour dire que même répondre aux commentaires, ça demandait pour moi une énergie que je n'avais pas. Surtout sur le dernier chapitre, qui était très très difficile.
Mais je reviens, il me reste quelques chapitres en réserve (j'ai jusqu'au 29, mais j'avais écrit jusqu'au 31). Donc je vais essayer de reprendre un rythme régulier, et de retrouver mes chapitres (mais qu'est-ce qu'ils avaient été durs à écrire, ceux là... vraiment, ça me déprime de les avoir perdus).
Merci d'être encore là,
Love ❤️

     Je marche vers la forêt. Mon pull brûlé sur mes bras nus frotte mes coupures récentes et me fait mal. J'essaye de ne pas y faire attention, mais cette douleur me ramène toujours au couteau que j'ai posé sur mon cœur.

    Je ne sais pas vraiment ce que je dois en penser. Je suis partagé entre des réflexions qui appartiennent aux autres et les miennes. Je sais ce que la société en pense, du suicide. Je sais que beaucoup considèrent ça comme de la lâcheté, d'autres comme une recherche d'attention, un caprice. Je sais que ça provoque de la colère et de la tristesse, que ça peut détruire les vies de nos proches.

    Mais j'ai déjà détruit les vies de ma famille. Qu'est-ce que je peux perdre de plus ? Qu'est-ce que je peux causer de plus comme malheur ?

    J'y ai beaucoup pensé, au suicide, moi aussi. Pas forcément pour moi, mais comme ça, pour me demander mon avis. Au début, je me suis dit que c'était lâche. Parce qu'il ne faut pas abandonner la vie, il faut trouver la force de continuer. Puis ensuite, j'ai complètement changé d'avis et j'ai trouvé ça courageux : il faut du courage pour se tuer soi-même. À ce moment-là, j'avais peur de la mort, je pouvais même pas imaginer un couteau contre mon cœur sans me mettre à paniquer, surtout si c'était moi qui le tenait, ce couteau. Plus tard, je me suis dit que parfois, c'était trop dur et que je pouvais comprendre les gens qui se tuaient. C'est cette année aussi que j'ai commencé les premières coupures.

    Je crois que je suis né comme ça. Triste. Je n'ai jamais eu de problème. Je ne suis pas de ceux qui ont vécu des atrocités. Tout a toujours été dans ma tête. Maman le répétait souvent, ça : c'est à l'intérieur de toi, Tyler. Les gens ont tendance à chercher des excuses à ceux qui se suicident. Ils forment des théories, observent les dernières photos, commentent des choses du genre « regarde ses yeux, il prévoyait déjà de le faire, c'est sûr, il a l'air si triste », ils fouillent un peu partout, accusent n'importe qui parce qu'il faut bien trouver un coupable, après tout. Il faut bien une raison, sinon on ne mérite plus d'être pleuré. Moi, je ne pense pas qu'il faille forcément une explication. Comment on peut expliquer ce qu'il se passe à l'intérieur de soi ? Comment les autres pourraient comprendre les monstres, la peur, la tristesse ?

    Je suis né triste et anxieux. C'est comme ça, qu'est-ce que je peux y faire ? Les monstres se sont accrochés à moi et ils l'ont dit, ils ne me laisseront pas tranquille, jamais. C'est comme ça.

    Est-ce qu'il y a des gens qui naissent comme moi ? Tristes, apeurés, perdus ?

    Est-ce que c'est seulement moi ?

    Est-ce que c'est mon imagination ? Est-ce que c'est juste une façon inconsciente de chercher de l'attention ? Est-ce que c'est moi qui exagère ? J'ai toujours eu tendance à exagérer, disait Ana quand je me plaignais qu'elle m'embêtait. Maman levait les yeux au ciel, elle ne la croyait pas, mais si c'était vrai ? Si c'était juste moi qui inventait tout ça ?

    J'essaye de marcher plus vite. Je jette un coup d'œil en arrière, même si je sais déjà ce que je vais voir. Les monstres me suivent. Certains rampent sur le sol, d'autres courent à toute vitesse comme des quadrupèdes. Je n'en vois que seulement deux qui volent. Leurs yeux sont tantôt petits, énormes ou carrément invisibles. Leurs crocs brillent au milieu de leurs corps noirs, qui forment comme des tourbillons sombres et insondables. Ils évitent les gens autour d'eux. Ceux-ci ne semblent pas les remarquer, ils seraient prêt à passer au travers sans même s'en apercevoir. Ce constat me fait monter les larmes aux yeux. Il n'y a que moi qui les voit. Ils ne sont pas réels. Je suis fou.

    Je me mets à courir. La forêt n'est plus très loin. Une fois là-bas, les monstres m'atteindront plus difficilement.

    Et puis, il y aura Lazare.

    J'ai désespérément besoin de parler à Lazare. Je dois savoir si les démons ont raison, s'il va vraiment m'abandonner comme dans mon rêve. Et puis, j'ai envie de le voir aussi, de retourner sur le rocher de la dernière fois et de crier à la forêt entière. Il calme tout ce qui tourbillonne en moi. J'ai vraiment besoin de calme après ce qu'il s'est passé.

    Je ne sais pas ce que je vais lui dire. À vrai dire, je n'y ai pas réellement réfléchi. C'est comme la dernière fois sous la pluie, quand je suis sorti de l'appartement en courant pour le retrouver, sans même savoir pourquoi.

    Les arbres se referment sur moi et immédiatement, j'ai l'impression que le poids dans ma poitrine devient plus léger. Un regard derrière moi m'apprend que les monstres rugissent de frustration ; je leur ai échappé, pour un moment du moins. Les voir ainsi me fait sourire. C'est un drôle de sourire, un peu méchant et moqueur, le genre de sourire dont je n'ai pas d'habitude. Je me dis « bien fait pour eux » et je continue mon chemin.

    Je erre dans la forêt un moment, sans savoir où chercher. Chaque fois que j'ai croisé Lazare, c'était à un endroit différent. Comment je peux le trouver si je n'ai aucun indice pour cela ?

— Lazare ?

    Les oiseaux m'accompagnent de leur chant. Je n'arrive jamais à les voir, même si je lève la tête vers les arbres. Cette fois, je n'essaye pas, concentré sur la recherche de mon ami. En réalité, je pense que c'est lui qui me trouvera ; il me trouve toujours. Moi, je dois me contenter de l'attendre en allant au hasard entre les arbres, de préférence hors des chemins. Il ne va pas souvent sur les chemins. Je crois qu'il n'aime pas vraiment ça.

— Tyler.

    Lazare se trouve derrière moi, entre deux grands arbres – peut-être des chênes ? Je ne me demande pas comment il est arrivé aussi rapidement, je me précipite vers lui. Comme je ne dis rien et lui non plus, on reste presque une minute silencieux.

    Je regarde son visage. S'il m'abandonne, je ne veux pas l'oublier. Je mémorise la forme allongée de ses yeux en amande, leur couleur verte qui renferme un petit bout de forêt, ses lèvres fines, les petites taches qui parcourent ses joues et un peu son nez, son expression apaisante, les petites mèches qui tombent sur son front... Je suis tellement concentré dans mon observation que je sursaute quand il prend la parole.

— Je suis désolé d'être parti, l'autre fois.

    Je prends un moment pour comprendre de quoi il parle, puis je me souviens : quand il a disparu à l'arrivée d'Azelle, Antoine et Tim. Je n'y pensais plus du tout. Comme simple réponse, je hausse les épaules.

— J'aurais fait pareil, si j'avais eu le choix. Enfin, ils étaient sympa, finalement.

    Il cligne des yeux sans réagir à mes paroles. Son regard se plante dans le mien et je dois me forcer à ne pas baisser les yeux. Je n'ai pas envie d'éviter les iris de Lazare.

— C'était qui, la fille ?

    Je perçois un peu de crainte dans sa voix. Il n'a pas l'air très à l'aise non plus ; il triture le ruban attaché à sa ceinture. Cette fois, il est rouge et ça me fait sourire, parce que c'est celui que je préfère.

— Azelle. Une amie. Elle m'accueille chez elle le temps que...

    Le temps que quoi ? Que je retourne chez moi ? C'est ce qu'elle attend, mais mon histoire n'est pas la sienne. Aux yeux de ma famille, je suis mort. Je ne pourrais jamais rentrer. Mais je ne pourrais pas non plus rester indéfiniment chez Azelle. Elle a beau dire qu'elle me considère comme un petit frère, personne ne veut d'un adolescent qui s'installe chez soi et ne repart jamais.

— Elle m'accueille chez elle.

    Lazare ne paraît pas rassuré, mais il n'ajoute rien. On reste encore un moment sans rien dire. Avec lui, le silence ne me fait pas peur.

    Puis, je me dis que c'est le moment, je dois me lancer. Sinon, les monstres vont me retrouver et je n'aurais jamais de réponse.

— Je dois te poser une question, Lazare.

    Il relève la tête vers moi, interrogateur. Je crois que j'ai toute son attention, parce qu'il délaisse même l'insecte qu'il suivait du regard jusque-là.

— Je t'écoute.

    Je prends une inspiration et essaye de chasser les souvenirs de mon cauchemar et les paroles des monstres. Je ne veux pas croire que Lazare me laissera tout seul.

— Est-ce tu vas m'abandonner ? Je veux dire, je sais que c'est bizarre, parce qu'on se connaît pas vraiment, mais j'ai fait un rêve où tu me laissais tout seul dans le noir et depuis les monstres arrêtent pas de répéter que tu vas m'abandonner, que tu vas partir et que je serai tout seul. Je veux pas les croire alors je suis venu te poser la question, mais je comprendrai si tu veux pas répondre parce que c'est bizarre, personne pose ce genre de question, c'est plutôt celles qu'on garde pour soi et qu'on ne dit à personne parce que justement, c'est bizarre de poser des questions comme ça. Je...

    Je me rends compte que j'ai beaucoup trop parlé juste pour une question de quatre mots, alors je me tais et guette la réaction de Lazare. Il me regarde. Je n'arrive pas très bien à déterminer ses émotions et je regrette de ne pas avoir Tim avec moi ; lui, il aurait très vite mis des couleurs pour exprimer les sentiments de Lazare et au moins, ça m'aurait rassuré de pouvoir les décrire, même si je ne sais pas ce que ça signifie.

— Pourquoi je t'abandonnerai, Tyler ?

     Je baisse les yeux comme un enfant qu'on gronde.

— Je ne sais pas. Tu as ouvert la fenêtre et tu es parti, même si tu voyais que je n'arrivais pas à te suivre, et moi je suis resté dans le noir, tout seul. Et après il y a les monstres, la fumée... Et puis, je sais que je ne suis pas très intéressant, je ne vois pas pourquoi tu resterais, mais j'aimerais vraiment que tu restes et que tu ne m'abandonne pas. Jamais.

    Il s'avance et prend mes mains. Son contact provoque une onde de chaleur qui se répand dans mon corps. Si la forêt avait réussi à alléger le poids de ma poitrine, Lazare parvient à l'effacer complètement. Il se rapproche encore de moi, me fixe dans les yeux. Il me dépasse de quelques centimètres, mais je n'ai pas besoin de vraiment lever la tête pour le regarder. Son souffle effleure mon visage quand il me murmure :

— Je ne prévois pas de t'abandonner, Tyler.

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