Drago et Harry fermèrent avec soin la porte pour que Narly n'entende pas la conversation qu'ils imaginaient déjà houleuse.

- Bon, Harry, tu me laisses discuter avec Severus, dit Drago rapidement en descendant l'escalier. Puisqu'on doit passer quinze jours ici, c'est maintenant qu'on doit demander tout ce dont on a besoin. Alors j'ai la liste dans la tête, et tu me laisses tenter de manœuvrer Severus, vu ?

- Ah ça, manœuvrer Rogue, ce n'est pas moi qui m'y risquerai, souffla Harry en retour.

- Severus, Harry ! Severus !

Lorsqu'il entrèrent dans le salon, les reliefs du repas avaient été rangés et à l'air offusqué de tante Petunia, quelques coups de baguettes devaient être passés par là.

- Ce n'est pas trop tôt, grommela Severus. Bien maintenant, passons aux choses à régler. M. et Mme Dursley, vous savez déjà que la jeune Narly arrive du futur et qu'elle est l'enfant de Harry et de Drago. Je sais que Dumbledore vous a tout expliqué et je ne reviendrai pas là-dessus.

- C'est impossible, couina la tante Petunia. Et cette … relation … C'est une pure honte ! Mon pauvre petit Dudlynouchet, obligé de côtoyer ces … dépravés …

Drago dut se retenir de rire. Alors le cousin d'Harry était affublé du sobriquet Dudlynouchet par sa maman ? Voilà qui n'allait pas être perdu pour tout le monde …

- Et bien voilà qui élargira le rayon de sa connaissance, asséna Severus. Le reste n'en a pas besoin. Et puis, aux dernières nouvelles du moins, Harry et Drago n'étaient pas excessivement démonstratifs, alors ils devraient être supportables pendant quinze jours. Passons à vous deux justement : Harry et Drago, compte tenu des circonstances, vous gardez vos baguettes sur vous, mais vous ne vous en servez qu'en cas de danger, c'est clair ?

- Mais, Severus, commença à protester Drago.

- Pas de mais, Drago, le coupa brutalement Severus. Vous faites tous les deux ce qu'i faire à la façon moldu, vu ? Vu ? Répéta-t-il un peu plus fort.

Harry et Drago opinèrent à contrecoeur tandis que des sourires mauvais s'étiraient sur les visages d'oncle Vernon et de Dudley.

- Harry, reprit Severus, je sais que tu fais la cuisine ici, donc tu cuisineras pour Drago, Narly et toi. En quantité acceptable pour vous trois.

- Et nous, protesta aigrement tante Pétunia.

- Vous ? Siffla Severus. Vous vous en sortez habituellement sans Harry, non ? Alors faites pareil ! Mangez un œuf par jour si ça vous chante, mais ces deux là et Narly n'ont définitivement pas besoin du semblant de régime raté que vous tentez d'imposer à vos deux tas de graisses. Donc ils mangeront normalement.

- Avec ce qu'il y a habituellement dans le frigo, ça va être coton pour manger normalement, grommela Harry pour lui-même.

- Tu peux répéter cela à voix haute, Harry, s'il te plait, demanda Remus doucement.

Harry vit l'expression encourageante de Remus et dit à nouveau un peu plus haut :

- Il n'y a jamais grand-chose dans le frigo pour faire un repas normal de peur que Dudley n'aille piquer dedans …

Severus haussa un sourcil interrogateur demanda suspicieux :

- Frigo ?

- Le frigo c'est le placard réfrigéré des moldus. Celui qui marche à l'électricité, reprit Harry avec un petit rire dans la voix.

- Ca va Harry, je pense avoir saisi le sens général. Et bien vous ferez vos courses, vous les mettrez dans cet endroit pour ce qui a besoin d'être réfrigéré, point final.

- Et vous mettrez un sort de dissimulation dessus, ajouta Remus. Sev ! Tu ne voudrais pas que le jeune Dudley dévore leurs réserves, non ? Si ce n'est pour Harry, pense au moins à Drago et Narly …

- Remus, d'abord je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça et ensuite je te rappelle qu'on a dit pas de baguettes sauf en cas de danger …

- Et bien, je considère que priver Narly de ses repas est précisément un cas de danger !

- Bon, va pour la dissimulation de la nourriture dans l'endroit approprié, grommela Severus.

- Parfait, enchaîna immédiatement Drago. Alors pour ça il nous faut de l'argent, Severus ! D'autant qu'il faut meubler ce qui nous sert de chambre, car je te signale qu'il a fallu qu'on mette Narly dans nos capes sinon elle n'aurait eu qu'une couverture miteuse ! Alors demain, on peut aller à Gringotts et …

- Pas question ! Le coupa brutalement Severus. Il est hors de question que vous mettiez un pied sur le chemin de traverse pendant ces vacances, ni même dans le monde sorcier tout court. Bon, dans trois jours, je pourrai passer à Gringotts et …

- Je le ferai demain, dit calmement Remus en posant sa main sur le bras de Severus, ce qui provoqua immédiatement un regard noir de la part de Severus, un regard amusé de la part d'Harry, un regard interloqué de Drago et trois regards outrés de la part des Dursley.

- Mais, oui, je suis libre pour faire cela. Les garçons vont me donner leurs bourses, j'irai à Gringotts changer les gallions en livres, puis je viendrai leur donner et je garderai Narly pendant qu'ils iront acheter le nécessaire pour vivre correctement ici.

- Il n'est pas question que vous reveniez ici, tempêta oncle Vernon. Déjà avoir ces deux là sous mon toit est insupportable alors il n'est pas question que vous sonniez à tout bout de champ à ma porte !

- Ah, si il n'y a que cela qui vous dérange, répondit Remus d'un ton dégagé, n'ayez aucune crainte concernant les voisins, je transplanerai directement dans le salon.

Il était difficile à ce stade là de dire qui était le plus stupéfait. Harry qui se disait que même lui n'aurait pas osé s'il avait son permis de transplanage, Drago et Severus qui se disaient que décidément, il n'y avait que les gryffondors pour manquer autant de savoir vivre avec autant d'aplomb et les Dursley qui étaient pétrifiés à l'idée de voir débarquer un sorcier à n'importe quelle heure du jour et de la nuit dans leur salon …

- Il n'en est pas question, glapit oncle Vernon après un instant de silence.

- C'est une parfaite idée, trancha Severus. Nous viendrons régulièrement avec Remus nous assurer que tout se passe pour le mieux ici. Une dernière précision utile, dit-il en se tournant vers Dudley qui se tassa du mieux qu'il put sur sa chaise. Que je n'entende jamais parler que vous ayez posé le moindre petit doigt sur Narly, vu ? Sinon, en plus d'affronter la colère de Drago et d'Harry, vous affronterez la mienne. Et je vous garantis que vous regretterez que les détraqueurs n'aient pas pris votre âme un jour d'été l'année dernière !

- Mais, comment osez-vous menacer mon petit Dudlynouchet, glapit tante Pétunia.

- J'ai eu connaissance par une source sûre de certaines exactions de votre petit ange, railla-t-il. Je veux qu'il soit clair que je ne tolérerai pas que Narly soit la proie de son sadisme

génétique !

- Comment osez-vous proférer de telles ignominies ? Rugit oncle Vernon en se mettant debout.

- Ce ne sont pas des ignominies. Ce sont des faits. Réels et vécus. Et qu'il est hors de question que Narly subisse. C'est clair ?

Remus avait compris d'où Severus tenait ses sources. Ainsi donc Harry devait en avoir subi de dures avec Dudley pour que ces souvenirs remontent dans ces cours d'occlumancie l'année précédente. Son visage se durcit imperceptiblement et il sortit sa baguette de sa poche pour commencer à jouer négligemment avec. Depuis la mort de Sirius, il savait qu'il se considérait un peu comme le parrain de substitution d'Harry. L'arrivée de sa baguette dans sa main avait eu pour effet bénéfique de clore le bec d'oncle Vernon et les trois Dursley le regardaient terrifiés.

- Je pense que tu as fais le tour de la question Severus, finit-il par dire. Demain, je vous apporte l'argent, avec la table de conversion d'Hermione, j'ai une assez bonne idée de la somme qu'il vous faut et …

- Il en faudrait un peu aussi pour habiller Narly, Remus, dit Harry timidement. Elle a beaucoup grandit …

- D'accord, Harry. Autre chose ?

- De quoi l'habiller lui, dit Harry en pointant Drago du doigt. Quoi, ajouta-t-il en voyant le regard furieux de Drago, tu n'es pas habillé moldu, c'est tout ! Tout le monde va se retourner sur ton passage. Je sais tu vas adorer, mais pour la normalité …

- Mais il est hors de question que je m'habille avec le genre d'oripeaux que tu portes, s'insurgea Drago.

- Parce que tu crois que j'ai le choix ? S'énerva Harry. Parce que tu crois que cela me plait de porter toutes ses anciennes fringues ? Hurla-t-il en pointant Dudley du doigt.

- Tu n'auras pas besoin d'argent en plus, déclara Remus glacial. Ce sont à eux de te donner de l'argent pour t'habiller convenablement. Comme ils auraient du faire depuis quinze ans maintenant !

Il fixa les Dursley avec un visage d'une dureté qu'Harry ne lui avait jamais vu. Et alors qu'oncle Vernon ouvrait la bouche pour protester, il recommença sans vergogne son manège avec sa baguette.

- Ou .. Oui … oui … nous donnerons de l'argent à Harry pour qu'il s'habille …, finit par dire oncle Vernon qui regardait la baguette d'un air apeuré.

- Cent livres, décréta Remus sous le regard horrifié d'oncle Vernon, pas moins. Plus si vous en avez envie bien entendu … Bien, je passerai donc une grosse partie de la journée ici, Severus, puisque les jeunes vont avoir beaucoup de courses à faire. Severus, on y va ? Ou tu as d'autres mises au point à faire ?

- Je ne veux pas entendre parler de frasques ici, gronda Severus à l'adresse d'Harry et de Drago. Quinze jours ne sont pas le bout du monde, Drago.

- Euh … Remus ? Demanda Harry qui venait à l'instant d'avoir une idée en regardant son cousin.

- Oui, Harry ?

- Tant que tu es sur le chemin de traverse, tu pourrais passer à la boutique de Fred et Georges pour me rapporter un assortiment de tout, s'il te plait ? Après tout ce sont les vacances, et on peut bien avoir quelques douceurs avec Drago, non ?

Remus le regarda d'un long regard pénétrant.

- Des douceurs de chez Fred et Georges ? Répéta-t-il lentement. Des douceurs, oui, mais pas de chez Fred et Georges, Harry. Car j'ai eu vent des premiers cobayes de Fred et Georges, et je ne tiens pas à venir ici en urgence, et je ne pense pas que tu sois heureux de voir Severus arriver dans ce genre de situation, je me trompe ?

- Euh … Non …

- Parfait ! Quelques chocolats pour Noël, alors ?

- Pas que ça, Remus, s'il te plait, protesta Drago. Penses aussi un peu à moi ! Des bonbons, ça serait bien en plus non ?

- Bonbons et chocolats, mais c'est tout, dit Remus en riant. Le reste, vous verrez tous les deux !