Drago avait décidé d'un commun accord de demander à Remus et Severus de passer un peu plus tôt le jour de la rentrée à Poudlard pour discuter deux par deux. Harry souhaitait pouvoir parler à Remus du sectumsempra en dehors du collège. De son côté, Drago s'était souvenu de Blaise et de sa volonté de ne pas devenir mangemort. Avant de le voir en compagnie d'autres serpentards devant lesquels le dialogue serait impossible, il voulait apprendre de la bouche de Severus ce qui s'était passé. C'est pour cette raison que Remus et Severus provoquèrent l'indignation des Dursley en transplanant à huit heures du matin.

- Encore une arrivée commune, murmura Drago, il va falloir que je parte à la pêche aux renseignements moi !

- Qu'est-ce que tu dis ? Demanda Harry.

- Rien, mon petit lion, rien du tout. Je t'expliquerai après …

- Drago, gronda Harry, combien de fois faudra-t-il que je te répète de ne pas m'appeler comme ça ?

- Mmm … Je crois qu'un bon milliard de fois n'y suffira pas, Harry. J'adore t'appeler comme cela. J'adore quand tu te mets en rogne pour ça !

Harry lui jeta un regard exaspéré. Il fallait absolument qu'il trouve une surnom à Drago pour le rendre aussi fou que lui l'était avec le petit lion. Pas la fouine. Non. Trop simple. Trop facile. Il fallait impérativement qu'il trouve quelque chose. Bon, en attendant, il fallait qu'il parle à Remus.

- Alors, demanda Remus, tandis que Drago et Severus prenaient position dans la cuisine sous l'air outré de tante Pétunia. Quelle est cette chose dont tu veux me parler ici et non dans les murs de Poudlard ?

- Euh … peut-être parce que, commença Harry un peu gêné.

- Parce que tu veux me dire quelque chose qui ne devrait pas tomber dans les oreilles d'un professeur ? Harry ! Qu'est-ce que tu as encore fait ?

- Je n'ai rien fait Remus ! Je te le promets ! Mais … est-ce que tu connais le mot « sectumsempra » ?

- Sectumsempra ? Non, cela ne me dit rien du tout, dit Remus après un temps de réflexion. Tu l'as trouvé où ?

- Remus, supplia Harry.

- Bon, d'accord, ne parlons pas de l'endroit où tu as trouvé ce mot. Enfin, tu ne l'as pas inventé ?

- Non, admit Harry, je ne l'ai pas inventé. Je l'ai lu.

- Dans un livre … interdit ?

- Dans un livre … qu'on m'a prêté et que … je n'ai pas rendu …

- Qui te l'a prêté ?

- Un professeur.

- Et pourquoi cherches-tu des renseignements sur ce mot ?

- Parce que nous pensons avec Hermione qu'il s'agit d'un sort. Mais elle a retourné toute la bibliothèque, sans rien trouver.

- Et la réserve ?

- Non, dit simplement Harry. Je ne l'ai pas faite, même pas avec la cape de mon père.

- Promis ?

- Promis, Remus. Ce n'est pas l'envie qui m'a manqué, mais … Cela ne me semble pas si important que cela pour une fois. Et puis, franchement, j'aurai l'air malin à hurler à Narly d'obéir et de me faire coller pour cela, non ?

- Mais cela te tracasse suffisamment pour que tu m'en parles ?

- Oui. D'autant que Drago s'est rappelé que son père aurait bien voulu l'apprendre mais qu'il n'a jamais pu.

- Si Lucius a voulu l'apprendre, il y a toutes les chances que ce soit un sort de magie noire, Harry.

- Justement, si je suis certain de cela, je ne l'utiliserai pas Remus. Ou alors contre les mangemorts ou Voldemort. Remus. J'ai besoin de toutes les armes que je peux, n'est-ce pas pour cela que Severus nous a bourré le crâne avec tous les sorts des aspics ? Pour à partir de maintenant, nous apprendre d'autres sorts ? Sûrement offensifs et défensifs, mais certainement pas les sorts de cuisine ou de ménage avancés !

- D'autant que ceux-là, je doute qu'il les maîtrise. Mais bon, ceci est un autre sujet … Pourquoi n'en parles-tu pas à Severus, justement ? C'est tout de même lui l'expert en magie noire, non ?

- Parce qu'avant de me répondre, il exigera de savoir où je l'ai trouvé, et … je ne suis pas sûr de sa réaction lorsqu'il verra le livre …

- Ah ah ! Bon, soupira Remus, je te fais confiance, et je vais donc tenter de soutirer à Severus les renseignements que je pourrais. Car c'est bien cela que tu veux que je fasse ?

- J'aimerai bien oui, répondit Harry avec un large sourire. Il réagira sûrement moins violemment si c'est toi que moi, non ?

- Mmm, grommela Remus, pour l'instant, j'ai une chance sur deux de me faire envoyer dans le mur, mais bon …

- Il n'est pas … intéressé, demanda Harry en rosissant légèrement.

- Il ne veut pas sembler être intéressé, nuance, répondit Remus. J'ai l'impression que votre histoire est nettement moins houleuse que la notre …

- Je sais que Drago y va lentement avec moi, dit Harry en rougissant fortement. Je m'habitue petit à petit à … plein de choses …

- Si je vais à ce rythme là avec Severus, on aura commencé à manger les mandragores par les pieds depuis longtemps lorsqu'il envisagera d'admettre qu'il ressent quelque chose pour moi ! Mais je sais qu'il n'est pas indifférent, pesta Remus, sinon, justement, il ne se mettrait pas autant en colère ! Mais, il va me céder et m'envoyer au septième ciel ou je n'ai jamais été maraudeur de ma scolarité à Poudlard !

De leur côté, Drago et Severus avaient gardé Narly avec eux pour la faire déjeuner. Drago posa immédiatement la question qui le taraudait à son parrain :

- Dis-moi, Severus, où ça en est avec Blaise ?

- Zabini ? Tel que je le vois, il a reçu la marque pendant les vacances, dit Severus froidement.

- Mais … Il ne voulait pas recevoir la marque, s'insurgea Drago. Vous n'avez rien fait pour lui ?

- Pardon ? Zabini ? Ne pas vouloir recevoir la marque ? Mais où as-tu pêché cette idée stupide ? Enfin, Drago, ce n'est pas parce que tu flottes sur ton nuage avec ton Harry, qui m'a l'air, soit dit en passant, un peu coincé, que tout le monde est devenu gentil, comme çà, en un tour de main !

- Mais je te dis qu'il ne voulait pas ! Enfin il me l'a dit le matin des vacances ! Il était terrorisé à l'idée de prendre le train !

- Et bien, moi je te dis qu'il l'a pris ce train et qu'il est revenu une semaine après avec un tel air d'arrogance par lequel je reconnais toute la fierté d'un nouveau mangemort …

Drago fixait Severus hébété. Un frisson d'angoisse rétrospective le parcourut.

- Que s'est-il passé, Drago, demanda Severus suspicieux.

- Blaise m'a supplié de l'aider à ne pas devenir mangemort, réussit-il à répondre d'une voix étranglée. Ma première réaction a été de te l'envoyer. Et je ne sais pas pourquoi, je n'ai rien dit sur toi, je l'ai envoyé vers Dumbledore.

Severus soupira longuement.

- Heureusement que tu as fait preuve de bon sens, Drago. Sinon, tu n'aurais plus de professeur particulier de défense à l'heure actuelle.

- Il … il voulait la marque, mais alors ? Pourquoi ?

- Parce que ta chère mère a dû semer le doute dans la tête de Voldemort concernant ma loyauté. C'était un test. Heureusement, tu as fait honneur à ton sang et tu as été suffisamment rusé pour ne pas tomber dans ce piège. Il faut que j'en parle à Dumbledore, Drago, mais de ton côté, n'hésites pas à aller le titiller sur ce sujet. Ca m'intéresse de savoir s'il va continuer longtemps cette fable ou non vis à vis de toi. S'il l'arrête, tu es plus fort que lui en défense pour te défendre, s'il la continue … tu essaieras de lui tirer les vers du nez. Et même, à la réflexion, tu vas lui tirer les vers du nez, même s'il tombe le masque devant toi.

- Mais je … je n'ai jamais fais ça moi ?

- Et bien tu vas apprendre, Drago ! Et vite en plus, crois-moi ! On a besoin d'absolument tout ce qu'on peut pour combattre Voldemort, Drago. Alors si tu dois te mettre à espionner comme moi, tu vas le faire !

- Mais pourquoi moi ? Harry ne fais rien, là !

- Harry a l'air de se stabiliser sur le plan émotif, et je peux te dire que ce n'était pas gagné d'avance. C'est le plus important qu'il ait à faire pour l'instant. Cette stabilité lui permettra d'être moins perméable aux manipulations de Voldemort. Et lui permettra peut-être enfin d'apprendre l'occlumancie correctement. C'est peut-être cela qui a manqué dans le passé de l'époque d'où vient Narly, la stabilité émotionnelle d'Harry. Ce qui va lui permettre d'exploiter son potentiel magique au maximum. Et je le regret de te dire que le potentiel magique Malefoy reste en deçà de celui Potter.

- Il est meilleur que moi ?

- Il est surtout intrinsèquement plus fort que toi, et tous les apprentissages du monde n'y changeront rien, Drago. Je vais le pousser au maximum de mes capacités, mais il devra ensuite continuer seul.

- Il est plus fort que toi ?

- Du point de vue du potentiel magique, oui, Drago. Il faut que je lui transmette simplement mon savoir et mon expérience tout à la fois.

- Et le potentiel magique est lié à la stabilité affective ?

- Oui, tout particulièrement à la stabilité amoureuse, Drago. Alors, tu te débrouilles comme tu veux, mais tu nous épargnes à tous des crises de jalousie ou autres disputes.

- Mais je ne vais pas dire oui à tout ce qu'il dit ? S'insurgea Drago.

- Drago. Tu n'es pas à serpentard pour rien, j'ose imaginer. Alors tu le manipules comme tu veux, mais pas de disputes graves, surtout pas. Tu le brosses dans le sens du poil sans qu'il s'en aperçoive. Ah, débrouilles-toi un peu. Dans moins d'un mois tu es majeur, prends donc tes responsabilités vis à vis du compagnon que tu as choisi.

- Mais attends là, qu'est-ce que j'en sais moi si notre histoire va résister au retour à Poudlard ? A la cohabitation à nouveau à l'appartement ? Aux vacances suivantes ?

- Drago. Tu ne vas pas me faire croire que tu serais déjà passé dans tout ce que tu es passé depuis quatre mois et tout particulièrement ici, si tu n'étais pas déjà profondément attaché à Harry ? Bien plus que tes conquêtes précédentes ? Il est le premier autour duquel je t'ai vu tourner sans même oser des allusions directes, Drago ! Alors ce n'est pas à moi qu'il faut tenter de mentir !

- Mais si j'avais fait autrement, il se serait enfui en courant sans se retourner !

- D'autres que lui t'ont fait ce coup avant, Drago. Et à ces moments là, tu les as sciemment fais partir en courant. Ce dont tu t'es bien gardé avec Harry !

Drago était soufflé par l'analyse froide de Severus et la parfaite connaissance qu'il avait de sa vie sentimentale. En gros, il lui disait sans ménagement qu'Harry était très loin d'être une simple amourette ou une simple aventure en puissance. Il avait l'air de signer pour un bail légèrement plus longuet cette fois.

- Et c'est de ça qu'Harry va tirer sa sérénité, Drago. Sa sérénité et sa puissance. Tu ne tiendras pas la baguette qui j'espère va anéantir Voldemort, mais tu es le bras qui soutient le bras qui tient cette baguette, Drago.

- Alors pourquoi nous n'y sommes pas arrivés dans le futur ?

- Je n'en ai aucune idée, Drago. Mais tu vas me faire le plaisir d'y arriver cette fois, car je commence à en avoir plus que marre de répondre aux appels de l'autre fou. D'autant qu'en ce moment, il est particulièrement de mauvaise humeur.

- Pourquoi ?

- Parce que sa source financière s'est tarie, Drago. Ta mère a sorti ce qu'elle pouvait, mais toi seul pourrais fournir les sommes nécessaires à Voldemort.

- Donc, je suis un obstacle pour lui ?

- Pourquoi crois-tu que vous êtes ici ? Vous devez impérativement vous cacher tous les deux maintenant de lui. Sans parler de Narly. S'il connaissait son existence, il n'aurait de cesse de la kidnapper pour vous affaiblir tous les deux. Une dernière chose, Drago : il est hors de question que vous vous affichiez à Poudlard ensemble. Vu ?

- Parce que cela ne doit pas arriver aux oreilles de l'autre. Et tu penses sincèrement qu'Harry va réussir à cacher cela à Ron, Hermione et Ginny qui viennent aussi à l'appartement ? Où nous sommes à la merci de la première gaffe de Narly ?

- Débrouilles-toi avec lui pour ces trois là. Mais pas de discussion de cela en dehors de l'appartement. Un dernier conseil : ne dis surtout pas à Harry que tu seras le pilier de sa stabilité.

- Ah, ça, ça ne risque pas, grommela Drago. Il serait fichu de tourner les talons par esprit de contradiction !