Harry réfléchit longuement dans le train sur sa relation avec Drago. En fait il n'avait que cela à faire. Il n'y avait pas beaucoup de gryffondors qu'il connaissait dans le train, il avait un compartiment pour lui seul. Il vit bien le vert et argent passer deux fois devant son compartiment, jeter un œil dedans, mais il n'entra jamais. Il devait y avoir du monde dans le couloir qui l'empêche d'entrer le voir.

Harry passa et repassa longuement le film de ses vacances à trois à Privet Drive. Ces vacances s'étaient déroulées de façon inespérée. D'abord parce que son oncle et sa tante avaient enfin trouvé à qui parler. En son for intérieur, il pouvait bien reconnaître que pour rabattre le caquet aux gens et leur clouer le bec, Drago s'améliorait d'année en année. Il était à la fois froid, sarcastique comme Harry avait toujours connu, tout en se révélant d'une patience avec Narly à laquelle il n'aurait jamais cru s'il ne l'avait vu de ses yeux. Certes, il ne débordait pas de manifestations de tendresse envers elle, tout en se préoccupant de son bien-être sans paraître le faire.

Quant à eux deux. Drago était clairement attiré par lui et faisait tout pour qu'il se sente bien avec lui. Sans le savoir, Harry avait un léger sourire sur les lèvres en pensant à celui qui avait capturé son cœur.

Il en était certain après ces quinze jours. Le blond tenait réellement son cœur entre ses mains. Et ne semblait pas vouloir l'humilier de ce fait. En réalité, il se comportait désormais réellement comme s'ils étaient amis, et non pas deux personnes côte à côte en train d'élever une petite fille en commun.

Il se sentait serein. Certes, ils n'étaient pas encore amants, mais Harry savait que ce n'était qu'une question de semaines. De jours ? Il n'en était pas certain. Il ressentait intimement le besoin de découvrir lentement cette sexualité à laquelle il n'avait jamais pensé auparavant. Il n'était pas stupide, il savait que Drago souhaitait une intimité beaucoup plus poussée entre eux, d'autant qu'à Poudlard, Narly dormirait dans sa chambre et qu'ils auraient enfin la possibilité matérielle d'être vraiment seuls. Tous les deux. Une véritable intimité.

Harry décida de commencer par aller voir Ron et Hermione à la tour des gryffondors. Il avait une heure avant le dîner où il retrouverait Narly et Drago. Il avait le sourire en entrant dans la tour, mais se figea sur place en voyant le spectacle qui s'offrait à ses yeux. Les vacances de Noël avaient rapprochées plus d'un couple … Hermione et Ron étaient en effet confortablement installés sur le canapé comme tant de fois au cours de ces cinq dernières années. Sauf que cette fois Hermione était confortablement installée contre Ron, et celui-ci avait posé son bras autour de ses épaules. Ils semblaient absorbés pas le même livre.

- Et bien Ron, dit Harry rieur, je n'aurai jamais cru te voir aussi absorbé dans un livre qui n'est clairement pas un manuel de cours !

- Harry ! S'exclamèrent Ron et Hermione à l'unisson.

Leur unisson fut aussi touchant aux yeux d'Harry lorsqu'ils se mirent sur leurs pieds pour venir l'embrasser, ainsi que leur gêne à son égard.

- Alors, c'est ça que vous aviez à me dire à mon retour ici, demanda-t-il malicieusement tandis que Ron rougissait furieusement.

- Euh … oui, finit par bafouiller Hermione alors que Ron remettait lentement son bras sur ses épaules.

- Vous pouvez au moins me dire depuis quand, espèces de cachottiers, continua Harry avec un grand sourire aux lèvres.

Hermione et Ron se regardèrent avec un sourire et Ron finit par avouer :

- Noël.

- Noël ? Répéta Harry. Tiens donc …

- Qu'est-ce qu'il y a Harry ? Cela t'étonne ? Demanda Hermione immédiatement.

- Non, rien, Hermione … Enfin … C'est juste … étonnant comme coïncidence …

- Quelle coïncidence ? Insista Hermione.

- Pas ici, Hermione, dit Harry en prenant brutalement sa décision. Il avait longtemps pesé le pour et le contre dans le train sur le fait d'avouer ou non à Ron et Hermione l'évolution de sa relation avec Drago. Il avait décidé d'attendre de voir comment ils abordaient le récit des vacances de Noël pour se décider ou non à leur avouer. Maintenant qu'ils étaient en couple, surtout Ron, peut-être seraient-ils plus enclins à admettre sa relation avec Drago ?

- Vous venez manger demain à l'appartement, demanda Harry tout bas. Je vous raconterai mes vacances. En tout cas, ajouta-t-il à haute voix, il faudra que je pense à remercier Fred et Georges pour leur merveilleuse expédition du jour de l'an !

Devant les airs intrigués de Ron et Hermione, il leur raconta avec forces rires la mésaventure arrivée aux Dursley suite à la réception d'un merveilleux paquet de bonbons. Hermione secouait bien la tête d'un air navré en contemplant Ron et Harry qui n'en pouvaient plus de rire en singeant les Dursley, mais son sourire faisait tout de même le tour de son visage.

Harry était heureux de rentrer à l'appartement pour retrouver les deux blonds chers à son cœur désormais. Narly était déjà là lorsqu'il arriva et elle lui sauta au cou comme si elle ne l'avait pas vu depuis trois jours :

- Tu sais quoi, papa Harry ? Hein ? Tu sais quoi ?

- Non, ma puce, je ne sais pas, mais tu vas me dire, répliqua Harry amusé.

- Et bien j'ai vu tonton Mumus embrasser tonton Sev. Comme toi et papa Drago.

Harry faillit pouffer de rire. Ainsi Remus parvenait lentement à ses fins aussi.

- Et qu'est-ce qu'il a dit tonton Sev ? Demanda-t-il curieux.

- Oh, tu le connais ! Il a bougonné que tonton Mumus ne savait pas se tenir. Qu'est-ce que cela veut dire papa Harry ?

- Je pense que cela veut dire que Severus aurait préféré que Remus ne l'embrasse pas devant toi, ma puce.

- Pourquoi ?

- Euh … Parce que Severus est … enfin … n'aime pas montrer ses sentiments devant les autres, ma puce. Bon, maintenant, dis-moi plutôt : à quoi veux-tu jouer ?

Drago arriva quelques minutes plus l'air sombre et ils purent passer à table. Il ne desserra pas les dents de tout le repas. Aux mimiques inquiètes d'Harry, il finit par dire sourdement :

- Je t'expliquerai après, Harry.

Narly arriva tout de même à lui décrocher un sourire en lui livrant la même information qu'à Harry. Remus avait bien embrassé Severus. Lorsque Drago avait haussé le sourcil interrogateur qui le faisait terriblement ressembler à son parrain, elle avait ajouté en haussant les épaules :

- Comme toi et papa Harry, papa Drago. Tonton Mumus lui a fait un bisou sur la bouche !

C'était à cet instant que les regards d'Harry et de Drago s'étaient croisés et que Drago avait fini par sourire, visiblement attendri.

Lorsqu'Harry sortit le dernier de la chambre de Narly, Drago se tenait devant la cheminée, les bras allongés sur le manteau de celle-ci, il contemplait les flammes qui dansaient.

- Que se passe-t-il, demanda Harry doucement.

A la stupéfaction d'Harry, Drago frappa violemment du poing le manteau de la cheminée avant de se retourner brusquement et dire :

- Tout va très bien ! Celui que je considérais comme mon meilleur ami depuis mon entrée ici s'est fait tatouer un joli serpent sur le bras pendant les vacances de Noël, alors qu'il semblait terrorisé juste au début des vacances. Et en plus, il essaye de me faire culpabiliser en larmoyant que tout est de ma faute !

Harry ne savait quoi penser, à part qu'il voulait aider Drago qu'il n'avait jamais dans cet état. Il s'assit doucement sur le canapé et tapota doucement la place à côté de lui.

- Viens m'expliquer cela un peu plus calmement.

- Harry ! Tu crois vraiment que c'est le moment ?

- Je voudrais juste que tu t'installes à côté de moi, ou que tu t'allonges par exemple et que tu m'expliques qui est cet ami qui te fait tant de mal. Enfin … si tu en as envie …

Drago commença par lui jeter un regard exaspéré, mais la lueur sereine qu'il vit dans les yeux d'Harry lui fit chaud au cœur. Oui, il avait perdu un ami pour toujours, mais entre temps, il avait gagné un compagnon. Et un compagnon qui était loin d'être égoïste.

C'est pour cette raison qu'il soupira, mais choisit la position qui lui semblait la plus facile pour lui. Il s'allongea sur le canapé et posa sa tête sur les genoux d'Harry. Il lui fit un petit sourire en coin et dit doucement :

- J'adore lorsque tu me fais des avances aussi timides mon petit lion.

Harry lui sourit en secouant la tête :

- Tu ne penses qu'à cela ?

- Près de toi ? Souvent, oui !

- Pour l'instant, dis-moi plutôt ce qui te tracasse …

Drago tourna la tête vers le feu pour éviter de regarder Harry.

- C'est Blaise. Zabini.

- C'est ton meilleur ami pour toi ici ?

- C'était … Enfin … comme deux serpentards fils de mangemorts peuvent être amis, bien entendu. Mais ça, j'ai peur que tu ne puisses pas le comprendre …

- Donc, ce n'était pas un ami, mais plutôt ce que j'appellerai moi une relation.

- Oui, cela doit être cela …

- Et Crabbe et Goyle ? Que représentent-ils pour toi ?

- Des porteurs de sacs, et des oreilles pour écouter, rien de plus … Non, mais attends, tu as vu leur niveau d'intelligence ?

- Ah ? Ils ont atteint le premier niveau ? Je n'avais pas remarqué …

- Mmm, Harry … Je sais pourquoi tu es mon petit lion, murmura Drago en souriant. Si on passait à des choses plus intéressantes ?

- Non, non, non, répliqua Harry, termine d'abord. Qu'a donc fait Zabini ?

- Il joue un double jeu. Il a d'abord tenté de me piéger juste le jour des vacances en me suppliant de l'aider à ne pas devenir mangemort. Je l'ai envoyé à Dumbledore et il ne l'a pas fait. Et il a finalement reçu la marque pendant les vacances …

- Et il t'en rend responsable …

- Oui … Severus est persuadé qu'il l'est devenu de son plein gré …

- Et toi ?

- Je ne sais pas. Sincèrement Harry, je ne sais pas.

- Donc Severus savait ?

- Oui. Bon, passons à autre chose, dit Drago en se redressant. Tu sais que cela va faire douze heures que je ne t'ai pas embrassé ?

Il avait achevé sa phrase en posant ses lèvres sur celles d'Harry. Quelques minutes plus tard, les caresses étaient devenues plus enfiévrées. Drago avait envie d'entraîner Harry vers sa chambre, ou l'autre. Peu lui importait. Mais enfin aller plus loin. Beaucoup plus loin. Il fit glisser une main indiscrète vers le bas du ventre d'Harry et poussa un gémissement de pur bonheur lorsqu'il sentit qu'Harry était dans le même état que lui.

- Harry … Ta chambre ou la mienne ?

- Drago … Je … Non … Je … Enfin … Pas tout de suite …

- Mmm, gémit Drago frustré tout en serrant Harry dans ses bras. Tu sais que c'est un pur bonheur de te tenir ainsi ? Mais aussi une véritable torture que tu ne nous laisses pas aller plus loin ?

- Je sais, mais …

- Mais il te faut plus de temps, soupira Drago en raffermissant sa prise. Il ne voulait surtout pas qu'Harry se sente coupable de ne pas arriver à répondre entièrement à son désir. Tout comme il savait qu'il voulait qu'il se sente pleinement prêt à se donner à lui et non qu'il s'y sente contraint.

- Ne t'inquiète pas, mon petit lion, je te laisserai du temps.