Chapitre 48: explication douloureuses

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Harry prit le chemin de la tour de gryffondor avec Ron pour fêter comme il se doit leur victoire. Il fut accueillit en héros par l'ensemble de sa maison et il se retrouva, sans savoir comment, avec une bierraubeurre dans la main. Il savoura sans restriction cette victoire car il avait tout de même dû lancer son éclair à pleine puissance et effectuer une série de petits virages, sans compter deux feintes de Wronski pour arriver à subtiliser le vif à Drago. Merlin merci, ce dernier n'avait pas pris encore la peine de s'acheter un éclair de feu comme le sien !

Ron lui jetait des regards de triomphe. Il était encore une fois ravi qu'Harry leur ait permis de gagner ce match, et ce malgré ses sentiments pour Drago. Il avait à moitié avoué à Harry cette inquiétude dans les vestiaires après le match alors qu'ils étaient seuls. Harry avait eu envie de s'emporter, mais avait fini par gentiment se moquer de Ron. Il avait simplement conclu :

- Ron ! J'ai refusé que le choixpeau me mette à serpentard il y a plus de cinq ans. Je ne vais pas les aider maintenant à gagner cette coupe. Non, non, non. Aimer Drago c'est une chose, mais la coupe est à nous ! A nous, tu entends ? D'autant qu'il a encore essayé de jouer à la déloyal. Mais … je me vengerai, ne t'inquiètes pas …

- Harry ? Commença Ron. Je ne suis pas sûr d'arriver à te suivre sur ce terrain là …

- Si ça peut te rassurer, Ron, j'étais aussi intimidé que toi avant, dit lentement Harry. Cela faisait longtemps que Drago le voulait, et pourtant …

- Drago ? Il a patienté ? S'étonna Ron.

-Oh que oui, répliqua Harry amusé. Il sait être patient, quand il a décidé que ça l'arrangeait évidemment !

Au moment du dîner, il décida malgré tout de quitter la tour pour rejoindre l'appartement, Drago et Narly. Comme à l'habitude, Severus et Remus arrivèrent peu après avec Narly qui avait vu le match sur les genoux de Remus. Celle-ci sauta au cou d'Harry en criant « Bravo papa », le tout sous le regard mi-figue, mi-raisin de Drago. Severus lui jeta même un regard noir car il sentait encore la coupe de Quidditch s'éloigner de son bureau pour cette année, mais Remus le félicita chaleureusement. Narly infligea à nouveau à Drago pendant le repas le récit à sa façon du match. Et lorsqu'il avait protesté qu'il n'y en avait que pour Harry, elle lui avait jeté dédaigneusement :

- Ton balai est trop lent, papa Drago. Il est nul !

Elle avait dit cela sur un tel ton et avec une moue tellement Malefoy, qu'elle provoqua un beau fou rire chez Remus et Harry sous les yeux courroucés des deux serpentards. Harry s'apprêtait à demander à Remus de garder une nouvelle nuit Narly lorsque Severus lui coupa l'herbe sous le pied d'un péremptoire :

- On va coucher Narly et ensuite il faut qu'on discute sérieusement.

Remus eut juste le temps de glisser à Harry :

- Le sectumsempra est de retour … Et cela ne lui a pas fait plaisir …

En effet, Severus affichait son air des très mauvais jours lorsqu'il posa son regard sur Harry après avoir soigneusement fermé la porte de la chambre de Narly.

- Toi, jeta-t-il brutalement. Il est grand temps qu'on parle du sectumsempra. Comment ce livre est arrivé dans tes mains ?

- Je n'ai pas eu le temps de lui parler, Harry, dit Remus sur un ton d'excuse. J'ai d'abord cherché par moi-même sans succès, et dès que j'ai lâché le mot, il n'a plus rien voulu entendre !

- Remus. Assieds-toi avec les deux autres et tais-toi. Harry, la réponse ?

- C'est le professeur Slughorn qui me l'a donné.

- Parce que cet imbécile donne des livres au lieu de te coller une retenue parce que tu as oublié le tien ?

- Non ! Je ne l'avais pas acheté car j'étais certain que tu ne m'accepterais pas en potions puisque je n'ai eu que E à ma buse ! Protesta Harry.

- Et ?

- Et le professeur Slughorn m'en a prêté un jusqu'à ce que j'en commande un …

- Et pourquoi ce livre est encore en ta possession alors ?

- Parce qu'il y a des tas d'indications très utiles pour faire mes potions. Je réussis maintenant mes potions mieux qu'Hermione ! Avoua Harry.

- Encore heureux ! Railla Severus. Non, mais c'est pas vrai ça ! Si j'avais su que Slughorn allait donner des livres aux élèves …

- Severus, vas-tu finir par nous expliquer de quoi il en retourne ? Demanda Remus.

Severus soupira longuement en regardant le loup-garou. Il finit par leur tourner le dos et fixa le feu qui dansait dans la cheminée.

- Le sectumsempra est un sort qui devrait être classé dans les sorts de magie noire, bien entendu, s'il était connu. Mais au delà, je pense qu'il y aurait débat pour en faire un quatrième impardonnable, même s'il existe un contre-sort.

Drago, Harry et Remus retenaient leur souffle, déjà abasourdis autant par ce que Severus venait de dire, que du fait qu'il n'avait pas l'air d'oser les regarder en face pour leur dire.

- Quelques mangemorts ont eu vent de l'existence de ce sort, sans jamais pouvoir l'apprendre. Voldemort lui-même l'a bien sûr cherché, sans le trouver.

Harry sentit la main de Drago prendre la sienne pour la serrer. Plus par besoin de réconfort qu'autre chose.

Drago avait compris. Ils allaient plonger dans des heures très noires de son parrain. Le visage de Remus s'était figé. Le sort était sur un manuel d'un élève de sixième année. D'un élève de seize ans.

- L'effet du sort est assez simple. Il ouvre en quelques secondes toutes les veines de celui qui l'a reçu. Pour lancer le contre-sort, on a qu'une dizaine de secondes environ. La douleur est comparable à celle du doloris pendant que le sang coule dans tout le corps. Et l'effet final est bien entendu équivalent à l'avada kedavra.

Severus avait repris une voix détachée pour expliquer le sort, ainsi qu'il le faisait en cours. Harry et Drago avait les doigts enlacés et leurs jointures blanchissaient sous la force de l'étreinte. Un pli amer s'était creusé dans le visage de Remus.

Ils durent attendre plusieurs minutes avant que Severus ne reprenne à voix basse :

- Le véritable propriétaire du livre, c'est moi. Donc c'est moi qui aie annoté les potions pour les améliorer. Et donc je suis effectivement aussi l'auteur du sectumsempra.

Comme s'il n'avait attendu que cet aveu complet, Remus se leva souplement sans un bruit et vint enlacer Severus. Depuis le début de l'année, ils n'avaient jamais fait mystère de leur relation devant Harry et Drago, mais jamais les deux élèves n'avaient surpris ne serait-ce qu'un effleurement entre les deux hommes. Au masque de souffrance qui était figé sur le visage de Drago, Harry vit toute l'étendue de l'amour qu'il portait à son parrain et qu'il avait soupçonné. Severus avait son âge lorsqu'il avait inventé ce sort aux effets si dévastateurs. Ils virent Remus parler à l'oreille de Severus sans comprendre les mots. Ce dernier finit par redresser la tête et rendre son étreinte à Remus. Il s'en sépara -ci avant de regarder Harry droit dans les yeux :

- Maintenant, tu sais pourquoi tu ne dois pas lancer ce sort, ni même l'essayer ?

Harry hocha la tête sans ciller. Remus finit par détendre l'atmosphère en disant d'un ton léger :

- Finalement Sev, tu vois, les bonnes notes d'Harry en potions, c'est tout de même à toi qu'il les doit !

- Remus ! Tu crois vraiment que c'est le plus important ?

- Sev, ne sois pas idiot, répliqua fermement Remus. Mais on ne va pas épiloguer non plus cent ans là-dessus. Harry sait ce qu'il a à faire. Oublier ce sort et se concentrer sur tes notes en potions. Enfin, tu ne nous a rien mis d'autre d'aussi … dévastateur dans ton manuel ?

- Non, répondit Severus lentement. Un peu trop lentement visiblement au goût de Remus qui insista :

- Severus ?

- Je vais aller voir Slughorn ce soir, rétorqua Severus. Je veux faire une ou deux vérifications.

- Harry, reprit Remus sérieusement, avant de tester n'importe quoi dans ce manuel, hormis les potions, tu me promets que tu poses la question à Severus, vu ?

Harry hocha à nouveau la tête.

Février fut le théâtre des premières attaques mentales en journée de Voldemort sur Harry. La première eut lieu en plein cours de potions sous les yeux impuissants de Drago qui put tout juste garder un masque d'indifférence. Harry se tenait la tête à deux mains voyant les tortures infligées par Voldemort à certains sorciers et même moldus d'après ce qu'il pouvait juger. Il entendait Ron et Hermione autour de lui, affolés. Dans le brouillard de douleur, il se souvint soudain de ce qu'il travaillait avec Severus depuis peu avec succès. Il s'obligea à tenter de superposer des images de Quidditch aux images imposées par Voldemort. Il sentit que c'était le combat de deux volontés. Voldemort finit par se retirer non sans un ricanement sarcastique, mais aussi plein de rage sentit Harry, car pour la première fois, l'esprit d'Harry n'avait pas été une complète marionnette entre ses mains. Mais Harry était à genoux dans la salle de classe, hors d'haleine, avec l'impression qu'un marteau frappait l'intérieur de son crâne. Il sentit vaguement qu'on l'allongeait sur le sol et qu'on lui passait un linge humide sur la figure. Le premier visage qu'il réussit enfin à distinguer fut celui de Dumbledore qui était penché, inquiet, sur lui.

- Voldemort, réussit-il à souffler.

- Je sais, mon garçon, je sais. Tu vas aller te reposer à l'infirmerie quelques heures. M. Weasley et Miss Granger vont t'accompagner.

Il se mit péniblement debout avec l'aide de Ron et dut se faire violence pour ne pas tourner le regard vers Drago. Mais il vit le triomphe dans les yeux de Millicent Bullstrod. Le triomphe fut vite remplacé par la peur sous le regard de pure haine qu'il lui jeta. Harry fut soulagé d'arriver à l'infirmerie en compagnie de ses deux amis. Il leur dit simplement :

- Il faut que j'arrive à le bloquer en journée.

- Et la nuit, s'enquit Ron qui n'avait pas oublié les cauchemars d'Harry l'année précédente.

Harry haussa les épaules avec un sourire :

- Depuis que je suis avec Drago, je n'en fais plus. Severus serait même assez dépité sur ce coup-là. Il s'acharne à m'apprendre l'occlumancie, et la simple présence de Drago est plus efficace. Je ne te raconte pas le coup pour son ego, sans compter que Drago ne rate pas une occasion pour lui rappeler !

- Harry, il faut vraiment que tu fasses des efforts pour l'occlumancie, s'inquiéta Hermione.

- Mais j'en fais, Hermione, riposta Harry, je te signale que trois soirs par semaine, je termine la soirée avec la tête comme un citrouille à force de faire des efforts. Mais je commence à y arriver, vous savez … Si, Hermione, je n'ai pas réussi à le bloquer complètement aujourd'hui, mais je peux te dire qu'il n'apprécie que moyennement le Quidditch !

- Hein ? Le quidditch ? Demanda Ron dérouté.

- Je n'arrive pas à vider mon esprit, alors j'essaye autre chose, soupira Harry. Je me concentre à fond sur le Quidditch. Cela énerve encore plus Voldemort que Severus !

Malgré tout, au fur et à mesure du mois, Harry sentait qu'il se défendait de mieux en mieux. La rage de Voldemort était croissante. Harry sentait qu'il mettait de plus en plus de force dans ses attaques. Il surprit tout le monde lorsqu'il se releva la première fois seul, en cours de potions à nouveau en disant à haute voix :

- Bien fait, mon salaud.

Et il fit rire Hermione, Ron et Drago séparément lorsqu'il leur avoua la raison pour laquelle Voldemort s'était montré encore plus furieux :

- A la place de m'imaginer sur mon balai à attraper le vif d'or, ce sont des pleines poignées de galions derrière lesquels je volait et que j'attrapais. Une pluie de gallions. Je crois qu'il a un peu de mal avec ses fins de mois actuellement, alors forcément, ça l'a un peu énervé …

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