Ils pénétrèrent dans une pièce qui semblait être un salon. Il y avait cependant deux bureaux dans la pièce ce qui suggérait que Drago et Harry pourraient faire leurs devoirs dans cet appartement. Ce qui ressemblait aussi à un coffre à jouet était installé près de la porte du fond.

- A droite, Potter, à gauche, toi Drago. Au centre, la chambre de Narly. La salle de bain comporte trois portes qui donnent sur chacun des chambres. Messieurs, vous avez cours à quatorze heures.

Rogue les quitta dans un tourbillon de robe noire. Drago fut soulagé lorsqu'il sentit la petite fille se tortiller dans ses bras pour descendre. Il ne put que la regarder trottiner vers le coffre et l'ouvrir avec un cri de ravissement.

Harry la regardait hébété sortir les jouets du coffre. Il n'osait lever les yeux vers ce serpentard de malheur qui se tenait devant lui. Il allait le choisir, lui, ce monstre d'arrogance par excellence comme amant dans le futur ? Il ne pouvait pas admettre qu'il allait le faire de plein gré … Il fut sorti de sa torpeur par la voix grinçante du serpentard qui siffla plus qu'il ne dit :

- Potter ! Maintenant que tu nous as mis dans cette situation impossible, je te préviens tout de suite : il est hors de question que je prenne tous mes repas ici, alors elle mange avec toi ! Et tu as intérêt à ce qu'elle ne me dérange pas !

- Et puis quoi encore, s'insurgea Harry lui aussi à mi-voix. Ce n'est certainement pas moi qui ait pu convaincre ton cher parrain de faire ce fameuse potion, alors tu as du la vouloir encore plus que moi, alors c'est toi qui va t'en occuper ! Au cas où tu ne le saurais pas encore, j'ai un crétin sanguinaire nommé Voldemort qui veut ma peau ! Alors si tu crois que …

- Retire immédiatement ce que tu viens de dire, cracha Drago qui avait blêmi en entendant le nom du mage noir.

- De quoi tu as peur Malefoy ? Railla Harry. Tu as l'intention de devenir un mangemort et tu crains ton futur maître ? Ou tu as peur de reconnaître qu'il n'est qu'un sinistre imbécile aux idées totalement rétrogrades et dépassées ? Tu aurais peut-être intérêt à te renseigner avant de postuler au titre de mangemort pour savoir s'il tolère les homosexuels dans ses rangs, sinon, tu auras l'air malin une fois que tu seras devant lui et qu'il apprendra ta paternité avec moi …

Drago devint aussi blanc qu'un cadavre : Merlin, Voldemort aimait autant les homosexuels que les sang-de-bourbe, c'était pour dire !

- Je te hais Potter. Si tu savais à quel point je te hais !

- Papadago ?

Ils se figèrent tous les deux en entendant cette petite voix juste à côté d'eux. Dans une bel ensemble, ils se tournèrent vers la petite fille pour découvrir un spectacle qui leur serra le cœur. Narly était visiblement au bord des larmes et apeurée. Ses grands yeux verts pleins d'eau eurent le même effet sur les deux, bien qu'il aurait fallu les soumettre au veritaserum pour qu'ils l'avouent. Ses deux lacs verts les faisaient fondre et leur donnaient le sentiment qu'il fallait surtout tout mettre en œuvre pour qu'ils pétillent de joie au lieu d'être humides. Drago esquissa un sourire qui se voulait chaleureux mais qui ressemblait plus à une grimace qu'autre chose, tandis qu'Harry s'accroupit instinctivement pour se retrouver au niveau de la fillette.

- Câlin, réclama la petite fille en se blottissant contre Harry.

Celui-ci referma ses bras autour de la petite fille avec hésitation et l'entendit murmurer :

- Je veux pas que tu cries contre Papadago. Tu cries jamais contre Papadago. Tu lui fais des bisous.

Drago déglutit péniblement à cette idée et Harry ne savait plus où se mettre. Il était hors de question qu'il embrasse ce serpent, même pour faire plaisir à sa fille. Non, non et non !

- Ecoute, Narly, réussit à répondre calmement Drago. Il faut vraiment que tu te mettes dans la tête que pour l'instant je n'apprécie …

- Nous nous connaissions mal à l'époque où nous t'avons renvoyé, le coupa brutalement Harry en le fusillant du regard. Donc, il n'est pas question de bisou entre nous, et il nous arrive de nous disputer, oui. Mais il ne faut pas que cela t'inquiète. De toute façon, nous t'aimons tous les deux. N'est-ce pas Mal … Drago ?

Drago regardait Harry avec des yeux ronds. Il n'était pas question qu'il rentre dans ce jeu. Mais enfin, il ne voulait pas de fille ! Enfin pas maintenant ! Plus tard il n'en savait rien, mais maintenant il n'en voulait pas, il en était certain ! Si le gryffondor la voulait, tant mieux, il la lui laissait entièrement ! Malheureusement pour lui, deux paires d'yeux verts le fixaient. L'une suppliante, l'autre menaçante. La seconde le menaçait des pires tortures s'il disait non, mais ce fut la première qui le fit céder : comment résister à ces yeux verts là lorsqu'ils le regardaient ainsi ?

Il acquiesça donc lentement tout écartant une petite voix intérieure qui lui susurrait que si jamais Potter se mettait à le regarder avec cette expression là, et bien peut-être que devenir son amant ne serait pas forcément désagréable. Il se gifla violemment mentalement devant cette pensée pour le moins stupide. Néanmoins, son hochement de tête fut récompensé par un sourire éclatant sur la petite frimousse et cela lui donna une impression de paix intérieure qu'il n'avait encore jamais ressenti.

Ils furent tirés de leur contemplation mutuelle par l'arrivée soudaine d'un elfe de maison qui se matérialisa dans le salon. Drago le toisa dédaigneusement du regard, tandis qu'Harry lui souriait gentiment.

- Tu es Matty, n'est-ce pas ?

- Oui, Harry Potter. Je viens m'occuper de Narly.

- Chouette, pépia Narly en se précipitant vers l'elfe. Tu viens jouer avec moi ? Tu es comme Dattyka à la maison !

Drago inspira profondément en entendant ce nom. Dattyka n'était pas un nom d'elfe courant. A sa connaissance il n'y avait qu'un seul elfe de maison prénommé comme cela, et il devait être à l'heure actuelle entrain de travailler pour sa mère, au manoir Malefoy …

Harry et Drago se jetèrent un regard noir au moment de franchir la porte de l'appartement. Heureusement, ils devaient partir dans des directions opposées pour aller à leur cours. Harry se rendait en métamorphose et Drago en botanique.

Dès son entrée dans la salle de métamorphose, Harry croisa les regards interrogateurs d'Hermione et de Ron, tandis que ses camarades continuaient leurs discussions en attendant le professeur Mac Gonagall.

- Alors, demanda Ron, qu'est-ce qu'il te voulait Dumbledore ?

- Pas maintenant, Ron, supplia Harry en s'écroulant à côté de son ami. Surtout pas maintenant …

- Harry, s'exclama Hermione à mi-voix. Que se passe-t-il ? Tu es tout blanc !

- Hermione ! Chuchota Harry d'une voix étranglée. Pas ici !

Il fut sauvé par l'arrivée du professeur Mac Gonagall qui lui jeta un regard plein de compassion qui surprit Hermione. Son regard allait du professeur à son ami. Qu'arrivait-il à Harry ?

Harry ne sut jamais comment il avait réussi à suivre ce cours, à lancer le sort demandé par le professeur, à le réussir plus rapidement qu'Hermione au plus grand désappointement de celle-ci. Heureusement, ils n'avaient que ce double cours de métamorphose pour l'après-midi Harry avait automatiquement pris le chemin de la tour de gryffondor. Il était suivi par Hermione et Ron qui le regardaient d'une air anxieux sans oser parler. Il se rendit compte tout à coup qu'il ne pourrait pas leur parler dans la salle commune, ni même dans son dortoir, enfin … son ancien dortoir maintenant. Il s'arrêta donc brutalement et leur dit d'une voix étranglée :

- Pas par ici. Venez avec moi dans … mes nouveaux appartements …

- Tes nouveaux appartements ? Questionna Hermione avec précaution. Cela un rapport avec l'arrivée de la petite fille et l'explication que nous a fourni Dumbledore ?

- Que vous a dit Dumbledore ? Demanda faiblement Harry.

- Juste que la petite fille venait du futur et que les professeurs allaient s'occuper d'elle en attendant de savoir à quelle époque la renvoyer si c'était possible.

- Si c'était possible, gémit Harry. Quelle belle phrase !

Leur conversation les avaient fait arriver devant le tableau des enfants. Harry le contempla en soupirant tandis que Ron et Hermione se consultaient mutuellement des yeux. Ron avait les yeux écarquillés d'incompréhension et Hermione fronçait les sourcils pour essayer de comprendre. Enfin Harry soupira :

- Souricette.

Sous les yeux ébahis de Ron et Hermione, le tableau pivota et Harry leur fit signe d'entrer en secouant la tête, l'air désespéré. Hermione redressa les épaules et entra d'un pas conquérant avant de s'arrêter brutalement sur le pas de la porte en apercevant la fillette qui jouait avec un elfe et se fit de ce fait violemment bousculée par Ron qui s'était engouffré à sa suite.

- Avance, Hermione, dit Harry d'une voix lasse. Elle ne te mangera pas !

Hermione et Ron entrèrent lentement dans la pièce, sans quitter la petite fille des yeux. La petite fille releva soudain la tête, attirée par le bruit de la porte qui se referme. Son petit visage s'éclaira encore un peu plus, elle se redressa sur ses jambes et couru dans la direction des arrivants en criant :

- Tata Mione ! Tonton Ron !

En d'autres circonstances, Harry aurait explosé de rire au vu de l'expression de leurs visages. Ils fixaient tous les deux la petite fille d'un air hagard. Mais il se contenta de dire à voix basse :

- Voici Narly. Ma fille. Qui vient du futur. Et qui est aussi celle de … Malefoy … Et elle a l'air de vous connaître aussi apparemment.

En effet, Narly s'était précipitée en tendant les bras vers Hermione et lui demanda aussitôt :

- L'est où bébé Emma ?

Ce fut plus fort que lui. Ses nerfs le trahirent d'un seul coup et Harry se mit à rire sans pouvoir s'arrêter. Sous les regards horrifiés et incrédules d'Hermione et de Ron.