Le lendemain, Anne reprit le train à la même heure et encore une fois, elle fut surprise par le garçon que la veille, mais cette fois, sur le quai.

—Ottawa?, demanda Nébuleux plus sous forme rhétorique que pour s'assurer que c'était bien elle.

Sans mentir, il l'a immédiatement remarquée et n'a pas hésité une seule seconde; personne d'autre de leur âge ne porte de gilet en cachemire et de grosses lunettes rectangulaires, outre la jeune fille en question.

Cette dernière sursauta; elle avait presqu'oublié l'existence de ce surnom ridicule. Malgré cela, elle salua le garçon d'un hochement de tête.

Le train a fait son apparition et Nébuleux s'est naturellement installé à côté d'Anne, comme s'ils étaient amis.
L'adolescente voulut écouter de la musique, mais ça n'était pas dans les projets du garçon, qui comptait discuter.

—Pourquoi tu prends le train?

Anne haussa les épaules en répliquant que c'était pour aller à l'école.

—Non, mais je veux dire pourquoi on t'y amène pas en voiture?, précisa Nébuleux, comme si c'était la déduction logique.

Anne fronça les sourcils en ne quittant pas le jeune garçon du regard.

—T'es hyper bizarre, dit-elle soudainement.

Ces quelques mots n'ont eu aucun effet sur celui à qui ils étaient destinés. Il ne bougea pas d'un poil, attendant toujours une réponse à sa question précédente. La fille en face de lui le comprit et soupira alors:

—Parce que mon père part travailler à 4 heures du matin...

—Et ta mère?, questionna-t-il sans gêne.

Cela sembla être un sujet délicat pour Anne donc elle changea très vite de propos:

—Pourquoi Nébuleux?

Ce dernier se mit alors à raconter la raison pour laquelle il a décidé de se présenter de la sorte.
L'histoire fut si longue qu'il donna son numéro de téléphone à Anne avant qu'elle arrive à l'arrêt de son lycée.

Il compte bien terminer son explication.