Chapitre ①⑦

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Bonsoir les amis ! ^-^

Pour vous remercier des 100K, je vous poste ce nouveau chapitre assez vite après le précédent ;)


Bonne lecture ~ ♥


********************************


J'ai une théorie.

Elle manque de fond et d'arguments, mais pas de preuves.

Je me regarde dans le miroir en caressant doucement la blessure sur mon front. C'est assez profond. Mais ça donne déjà une croûte. Je la désinfecte et y dépose un pansement propre.

Prenons le plaisir et la douleur et mettons-les sur une balance. Mettons un kilogramme de chaque. La balance, a priori, penchera des deux côtés de manière égale.

Ma théorie est qu'elle penchera quand même davantage du côté de la douleur.

Si l'on pousse le plaisir, le bonheur, l'amour à son apogée, cette apogée serait ridicule face à celle de la douleur, de la haine, du malheur.

Comme je l'ai dit, ça manque d'arguments. Mais les preuves, je les ai.

Le masochisme en chacun de nous se révèle toujours d'une manière ou d'une autre. On en a besoin pour survivre. Se ronger les ongles aide, de fait, à expulser son mal-être mental en mal-être physique, là où le bonheur n'a pas besoin de mutilation pour paraître réel. Il l'est dans le cœur. Et il est souvent illusoire.

Je sais, je ne suis pas très clair.

Je sais que j'ai seulement besoin de vivre. De ressentir. Et jamais, jamais le bonheur ne me fera autant me sentir en vie que la douleur.

Pourquoi est-ce que je continue d'aller chercher ce qu'on dit de moi sur les réseaux sociaux, en sachant très bien ce que je vais trouver ? La logique voudrait que je sois bien plus heureux en désactivant mon compte. Non seulement je ne le fais pas, mais en plus je me crée de la douleur. Je me l'impose volontairement alors que je pourrais l'éviter.

Ce n'est qu'un détail qui, à mon sens, révèle beaucoup.

Tout aussi bien qu'on arrive mieux à créer sous la douleur que le plaisir. Les films tragiques nous marquent davantage que les jolies fins. On dira d'un film triste qu'il est "magnifique", mais l'est-il vraiment si tout le monde meurt ? C'est pourtant ce qu'on pensera.

Un film est magnifique car il nous a fait assez de mal pour se graver à l'intérieur.

On dira d'une musique qu'elle est magnifique elle aussi lorsqu'elle nous peine à en mourir.

Une musique joyeuse, douce, agréable, on dira d'elle qu'elle est géniale, on la jouera dans des moments de bonheur.

Quand la douleur nous submerge, on a tendance à l'empirer. Là où le bonheur, on le vit en attendant sagement qu'il s'éteigne.

Le plaisir est éphémère, la douleur est constante. Seulement, parfois, elle dort un peu. Mais je crois que nous attendons impatiemment le moment où elle se réveillera. C'est de la logique. Nous savons qu'elle le fera, alors on l'attend.

Que dire de nos plaisirs si nous n'avons pas de peines ? Les malheurs sont plus attrayants, plus intriguants, plus parlants. Le bonheur est un ennui à raconter. La douleur est fascinante à écouter.

En ce sens, je crois qu'il m'arrive de jouer la comédie.

Si je n'étais pas au fond de l'Océan, qu'est-ce que je ferais à la surface ? M'aveugler à fixer le ciel bleuté ? Ça ne sert à rien, ou alors à la seule condition qu'on me promette de me tirer vers le fond de nouveau.

Tomber amoureux, recevoir un diplôme tant attendu, avoir un enfant. Tout cela est, pour certains, un bonheur intense.

Mais perdre un proche, se séparer de celui qu'on aime, avoir l'impression qu'un obstacle est impossible à franchir... Cela paraît insurmontable. C'est si puissant que les plus gros plaisirs de la vie, à côté, sont ridicules.

Nous vivons des souvenirs seulement pour en ressentir la future mélancolie.

Peut-être que certains ne seront pas d'accord.

Mais quand j'observe mon visage dans le miroir, je me dis que mon envie incessante de me retrouver au fond de l'eau n'a rien d'une échappatoire. C'est parce que je veux être à l'apogée de la douleur pour être certain que je ne suis pas fou de la ressentir chaque jour à dose modérée. Je préfère qu'elle explose.

C'est tellement plus agréable ainsi.

Ça me rend tellement plus profond. Tellement plus vivant.

Ceci, je commence doucement à le comprendre.

**

Je ne sais pas si je la poste.

La story.

Namjoon et moi sommes censés nous retrouver à sa voiture dans trente minutes. Je suis pressé par le temps, donc pressé dans ma décision.

J'ai pris une petite photo de moi, pas grand chose, seulement parce que je me trouve un peu... Joli. Je veux dire, j'ai trouvé un angle qui me rend regardable.

Je ne veux pas la poster sur Instagram mais en story. Tout le monde fait ça, non ?

D'accord. Oui.

Je veux qu'il voit la photo.

Je veux dire ; ça joue un peu. Mais en réalité, j'ai aussi envie de la poster depuis que j'ai eu autant de mentions "j'aime" sur ma dernière publication. J'ai même reçu quelques commentaires d'anciens amis ou camarades me disant que j'ai changé, que je suis plus beau, que mon visage s'est affiné. Ça m'a fait plaisir.

A vrai dire, je n'ai pas ce point de vue sur moi-même puisque je me vois tous les jours, alors je rate le changement. Mais ces personnes m'ont fait réaliser qu'il y avait en effet une différence. Je mûris. Et ce détail, aussi futile soit-il, m'apporte un peu de joie.

Et puis zut.

Je me pince les lèvres et la détaille de nouveau, pour être sûr de ne pas avoir envie de la supprimer.

Pour me changer les idées, je pose mon téléphone et termine de me préparer. A vrai dire, je n'ai qu'à enfiler mes chaussures et je serai prêt. Je m'exécute, pensif, mais mon téléphone qui vibre fait s'arrêter mon cœur.

Je souris et accours.

@Jiminieee

Trop jolie la story ^^

Quoi... ?

Non, non non non, depuis quand est-ce qu'il a Instagram ? Depuis quand est-ce qu'il-

@Jiminieee a commenté votre publication.

Non.

Stop.

Non.

@Jiminieee Trop mignon Taetae ~

Stop, stop, stop, pitié, stop.

@Jiminieee a aimé votre publication.

@Jiminieee a aimé votre publication.

@Jiminieee a aimé votre publication.

@Jiminieee a aimé votre publication.

@Jiminieee a aimé votre publica-

Je serre mon téléphone et le balance sur mon lit avant de reculer et de faire heurter mon dos au miroir.

Je griffe ce dernier en fixant le plafond et en inspirant et expirant bruyamment pour calmer la crise d'angoisse imminente.

Il a créé un compte Instagram. En fait, il doit l'avoir depuis un moment, car je me rappelle maintenant de ce qu'il a dit, à la cantine.

— Ah ouais ? Pourtant vous vous suivez sur Insta, non ?

Pourquoi est-ce que je n'ai pas relevé ça, au juste ? Mon téléphone cesse enfin de vibrer et j'ai la sensation d'avoir été harcelé par un énorme bourdon pendant des heures. Je clos les paupières et me sens affreusement ridicule d'avoir publié des choses, d'avoir mis une story de mon visage souriant, comme si tout allait bien, comme si je n'étais pas au fond du gouffre.

Jimin, au moins, est le seul à percevoir mon hypocrisie.

Le seul à me montrer la réalité sans l'embellir.

Les incessantes notifications ont été comme des coups de massue sur la tête, à répétition, pour me réveiller de ma torpeur. Me réveiller de mon petit monde illusoire dans lequel je suis un étudiant qui a une vie normale, des amis, des soirées, et même une relation, aussi étrange soit-elle.

Je suis encore une fois rappelé à l'ordre.

Mais je lui en suis reconnaissant. Grâce à Jimin, je ne regagne jamais totalement la surface, il me rattrape avant que le soleil ne me cuise la rétine. Ça me rendrait bête, pas vrai ? Les rayons frapperaient mes pupilles et grilleraient mon cerveau. Dès lors, je croirais au bonheur.

Hors de question que je devienne un imbécile heureux.

**

— Ça va ? T'es sûr ?

— Oui.

Je souris à Namjoon, mais il ne me le rend pas, et se reconcentre sur la route.

— T'es bizarre.

— Je l'ai toujours été.

— Un point pour toi.

Il tourne. Je me laisse bercer, le dos moulé au siège.

— Mais t'avais envie de venir, hein ?

— Oui Namjoon, t'inquiète pas.

Je viens pour espérer me perdre dans une douleur différente. Si le bonheur ne peut pas entièrement effacer le malheur, une douleur plus grande pourra le faire.

Jungkook pourra le faire.

— On va s'amuser, tu verras.

— Dis, Namjoon.

— Mmh ?

Je ne cherche rien. Pas même une subtilité. J'en ai assez de la subtilité.

— Est-ce que Jimin et Yoongi seront là ?

Peu m'importe, à présent.

— Heu... Non, pas à ma connaissance. Tu sais c'est pas vraiment mes potes, des fois ils me parlent, ils parlent à Jungkook aussi. Mais je sais pas trop ce qu'ils nous veulent, en fait, ricane-t-il.

Aha.

— Pourquoi ?

— Comme ça.

Il ne répond pas.

C'est si simple. Si j'avais su que ça l'était, j'aurais été aussi direct lors de mon inscription à la piscine au lieu de passer par des millions de chemins subtils.

Je sens mon téléphone vibrer et l'adrénaline me gagne.

Encore ? Quand va-t-il s'arrêter ? Ou est-ce Yoongi ?

Mais je me fige face à la notification qui me fait face.

@jk.03

Tu viens plus ?

Mon cœur s'emballe. Je retiens un sourire.

Encore une fois, Jimin et Yoongi disparaissent en un battement de cil.

— Namjoon, on est en retard ?

— Ah, ouais, un peu. C'est ma faute, désolé. J'ai traîné pour manger et me doucher.

Il me lance un sourire coupable quand on arrive à un feu rouge.

— Mais comment tu sais, en fait ?

Argh.

— Je me demandais juste, puisqu'il est déjà vingt-deux heures.

— Ouais, c'était censé commencer à vingt-et-une heures. Mais en vrai tout le monde arrive un peu quand on veut.

Je ne sais pourquoi un pincement me gagne quand je m'imagine Jungkook m'attendre et penser que je lui fais faux bond.

N'importe quoi, Taehyung, tu n'es pas le centre de sa soirée.

@tae0.0

Si si, Namjoon était en retard. On est en voiture.

Il lit immédiatement le message. Je l'imagine assis sur un sofa, un verre en main, téléphone dans l'autre, et mon estomac se tord.

Quand j'y pense, je l'imagine souvent seul.

@jk.03

Ok

Je m'apprête à verrouiller mon téléphone, mais un dernier message arrive, me faisant vivement regarder l'écran.

@jk.03 a répondu à votre story :

Putain, viens vite

Dire que je sens mes joues exploser de rougissement serait petit face à la réalité de mon expression.

J'ai tellement envie de le voir.

Tellement hâte de passer la soirée avec lui.

@tae0.0

Je suis presque là

Je réalise que mon message est très enfantin, très rassurant, mais mes doigts ont tapé les touches seuls. Je regrette un peu.

Jungkook ne répond pas, je comprends que la conversation est terminée.

On arrive quinze minutes plus tard. Mon estomac se retourne d'angoisse plaisante. J'appréhende positivement. Il est là, dans cette maison, et c'est soudain comme s'il n'avait jamais été mon voisin de chambre. Il a beau dormir chaque soir à quelques mètres de moi, la situation actuelle est différente : pas de travail, de prise de tête, de pression. Nous venons tous les deux pour nous détendre, et cette idée me donne la sensation que l'énorme mur qui se dresse chaque jour entre lui et moi est plus petit, aujourd'hui.

— J'espère qu'on va faire des jeux, parce que je vais pas oser demander, boude Namjoon en verrouillant sa voiture.

— Pourquoi ? Je ris, amusé.

— C'est gênant, Tae ! Quand tout le monde veut boire et toi tu réclames un Monopoly... C'est la honte, je te jure.

Je souris encore, et il me frappe gentiment l'épaule avant de sonner à la porte blanche. C'est une maison simple, ni grande ni petite d'extérieur. Elle doit être semblable à celle de mes parents.

Je m'en fous de l'architecture, bon sang.

— Namjoon, salut, sourit une jeune fille.

Ils ne semblent ni formels, ni très familiers. Namjoon se contente de lui sourire et de lui balancer des formalités. Quand elle jette un œil sur moi, il se justifie.

— Je lui ai proposé de venir, c'est un ami. Ça dérange pas ?

Je vois bien dans ses yeux qu'elle est un peu perplexe face au non-respect de ses règles, à savoir, si j'ai bien compris : ne pas inviter d'autres personnes que sa classe.

— Non, pas de soucis. Entrez.

Je la détaille rapidement. Elle est simple dans le style, mais son visage est atypique dans sa beauté. Ses yeux sont plus allongés que d'autres. Elle a des lèvres pulpeuses et une mâchoire anguleuse. Son cou fin et son petit front contrastent le tout.

Elle a, surtout, des cheveux magnifiques.

Je me pince l'intérieur de la joue.

C'est elle qui apprécie Jungkook ?

— Vous êtes les derniers à arriver. Les pizzas sont déjà en route, vous avez mangé ?

— Moi oui, pas Taehyung.

— Tant mieux, il prendra ta part.

Elle le dit gentiment, pourtant, je le sens comme une attaque. Le ridicule de ma réaction me tend. Je veux passer une bonne soirée, et commencer à jalouser quelqu'un qui n'est peut-être pas la personne escomptée est une perte de temps.

Et puis, même si elle l'est, il ne me doit rien.

Rien du tout.

— Installez-vous, le salon est par là, je vais vérifier la nourriture.

— Merci Eunji !

Je sens déjà que la soirée est bien différente. Il n'y a pas de monde du tout, en dehors du séjour que je vois de loin, grand ouvert. La musique est là, mais plus basse, comme une simple ambiance plutôt qu'un moteur de soirée. Aussi, les odeurs ne sont pas désagréables ; ça sent la pizza, et le propre.

Namjoon me tire le poignet et nous entrons dans une grande pièce à vivre moderne. Bon, cette maison est finalement plus grande et probablement plus chère que celle de mes parents. Cette Eunji a l'air de vivre aisément, sans excessivité de matériel pour autant.

Sur trois grands canapés sont assis des autres invités, ainsi que dans les escaliers et sur des chaises. Les discussions sont bien animées malgré tout, et l'on doit quand même slalomer entre quelques groupes pour traverser la pièce.

Bien entendu, je le cherche. Immédiatement. Je veux juste savoir où il se trouve.

Mon torse tremble d'un frisson quand je l'aperçois enfoncé au fond d'un canapé, un verre à la main, téléphone dans l'autre. Comme je l'avais imaginé. Il ne nous a pas encore vus.

— Jungkook est là !

Namjoon me tire à sa suite et je déglutis. Je fais moins le fier maintenant que je suis proche de lui.

Tandis qu'on avance dans sa direction, j'observe sa tenue. Il porte un jean noir, et un t-shirt à manches longues blanc. C'est très... Voyant. Je veux dire, il ne reste que peu de place à l'imagination. Les plis du tissu forment absolument tous ses muscles.

Une petite chaîne en or est couverte du t-shirt, mais je la vois autour de son cou. Il porte deux minuscules billes noires aux oreilles. Je ne savais pas qu'elles étaient percées jusqu'à ce soir. Ça habille joliment sa peau blanche. Le contraste est beau.

Tout lui va, c'est indéniable.

Quand on arrive à sa hauteur, il relève la tête, probablement intrigué de qui l'approche. Ses yeux frôlent à peine Namjoon pour s'installer profondément dans les miens.

J'ai le souffle coupé.

Surtout quand ses iris balayent mon corps en un clin d'œil.

Il revient dans les miens, et cligne une fois des paupières. Je le fais à mon tour, deux fois, avant qu'il ne me quitte pour retrouver son ami.

— C'est pas trop tôt, lance-t-il au blond.

J'ai du mal à rester neutre face à cette phrase au vu de la courte conversation que nous avons échangée il y a peu.

A qui adresse-t-il cette remarque ?

Arrête de réfléchir.

— Ouais, comme je disais à Tae, j'ai pris du temps pour manger et me préparer.

— Mais tu vas quand même te goinfrer.

— Et ?

Je souris à l'assurance de Namjoon. Il se laisse tomber sur le canapé, à côté de Jungkook. Je reste debout face à eux, un peu mal à l'aise. Je fais mine de regarder la pièce pour m'occuper, les mains jouant avec mon téléphone, le passant d'une paume à l'autre.

— Les pizzas sont là ! Ne vous jetez pas dessus comme des sauvages, y'en aura pour tout le monde, je vais mettre la deuxième fournée.

Les cris de joie fusent. Je me tourne vers les quatre énormes pizzas qui font gronder mon estomac. Je veux y aller mais on me pousse pour me dépasser.

Bon.

Ce seront les suivantes.

— Bah, tu ne manges pas, Tae ?

Je regarde Namjoon en évitant soigneusement les yeux noirs qui me scrutent.

— Après, tout le monde se jette dessus...

— C'est en abandonnant avant même d'essayer que t'y arriveras jamais ! S'écrie-t-il en se levant.

Je le regarde faire de grands pas vers la table basse, plus loin.

— J'vais te choper une part !

— Mais- !

Trop tard. Il disparaît dans la foule d'étudiants affamés.

Problème.

Je suis maintenant seul.

Seul avec Jungkook.

Et si parfois j'arrive à lui sauter au cou, là, tout de suite, j'ai envie de prendre les jambes au mien. Il est difficile d'avoir de l'assurance quand il ne dit rien, ne fait rien, et se contente de m'observer.

Je suis bien obligé de lever les yeux sur lui, et quand c'est le cas, il apporte lentement son verre à ses lèvres. A l'image de la première soirée, il boit sans me lâcher du regard, et j'ai la sensation que le sol s'ouvre sous mes pieds. Ce serait une bonne chose. J'ai envie de disparaître.

Je peux voir sa pomme d'Adam tressauter plusieurs fois à mesure qu'il avale. Une image de mes lèvres contre cette dernière me fait serrer les dents de gêne.

Je suis soudain persuadé qu'il lit dans mes pensées et que je suis fichu.

Dis quelque chose, allez.

— Ça va, c'est... C'est pas trop ennuyeux ? Je murmure.

Génial. Parfait. Super.

Je veux m'enterrer.

— Plus maintenant.

Ok.

Au secours.

J'émets un petit rire nerveux qui me vaut de détester mon existence plus qu'avant. Jungkook me dévisage. Longtemps. Trop longtemps. L'embarras me liquéfie sur place.

Dis-le que je suis ridicule, par pitié, je le mérite.

— Assieds-toi.

Je m'assieds dans la seconde, lentement, mais sans le faire patienter. Mes fesses entrent doucement en contact avec le canapé, en gardant la distance d'un demi-mètre avec son corps. Il se replace et son dos se colle contre l'angle du sofa, là où moi je suis au milieu du meuble en tissu vert pomme.

Ce n'est pas une couleur que je choisirais.

Et, évidemment, je pense à cela pour ne pas avoir l'air d'être obsédé à l'idée de le regarder boire son verre à nouveau.

Je fixe mes cuisses et passe mes mains par-dessous ces dernières. Mon langage corporel crie au malaise. Pourtant, je n'arrive pas bien à saisir pourquoi ce malaise est si grisant.

— Eh, ma place !

Namjoon revient. Il plisse les yeux.

— Oh, hum-

Je me relève immédiatement pour me poster face à eux. Namjoon se rassoit.

Et je me tétanise quand je vois Jungkook hausser un sourcil en ma direction.

Oh, bon sang.

Je crois que ce n'était pas une bonne idée de me redresser. Son visage arbore un semblant de surprise déplaisante.

Je me tortille sur place.

— Tiens, Tae !

Namjoon me tend à bout de bras une petite assiette en carton avec une part de pizza.

— Merci, je souffle.

J'ai l'estomac en miettes, mais la faim est encore là.

— De rien, t'es tout maigre ! Faut vraiment que tu manges plus.

Jungkook plisse rapidement les yeux en fixant le sol. Soit il pense à quelque chose, soit c'est une réaction à ce que Namjoon vient de dire, mais il fait mine de ne pas écouter. Je ne sais pas. J'essaie de comprendre, de déchiffrer, mais je n'y arrive pas.

Mes dents mordent la pizza. Je dévore ma part en même pas cinq minutes.

Je remarque d'ailleurs que Jungkook ne mange pas. Peut-être qu'il l'a déjà fait.

Les invités commencent à s'asseoir, les discussions s'amenuisent, on parle plus bas, on mange calmement, et certains lancent des jeux vidéos sur la télévision. Il y a une évidente connivence du fait que ces gens sont dans la même classe.

Eunji revient dans la pièce. Sa petite robe noire, aux manches transparentes, lui arrive à mi-cuisses. Elle n'est pas jolie. Elle est plutôt vraiment attirante, dans le genre de ne pas laisser son aura disparaître quand elle entre dans une pièce. Non, son charme lève tous les regards sur elle.

Je finis par m'asseoir au sol, devant Jungkook et Namjoon, sur le tapis gigantesque. Je ne suis pas le seul à le faire. Je pose mon assiette en carton devant mes pieds et croise les jambes. Je suis dos aux deux autres.

— Salut les garçons, vous ne jouez pas ?

C'est à nous qu'elle s'adresse ?

Elle s'approche, tout sourire. Bien plus pétillante d'ailleurs que quand elle m'a vu sur le pas de sa porte, mais je sais qu'elle n'est pas méchante. Elle n'en a pas l'air.

Je vois son regard dériver derrière moi, et je sais très bien qui elle regarde.

— Bah y'a que quatre manettes, boude Namjoon.

— De toute façon je vais sortir les jeux de société. Vous vous joindrez à nous ?

Elle ne dévisage que Jungkook. Son sourire s'agrandit, puis elle s'en va, joyeuse. Je n'ai pourtant pas entendu sa voix. Probablement qu'il a hoché la tête.

J'ai sans cesse des frissons.

Quand elle revient avec plusieurs boîtes dans les bras, les exclamations fusent. Beaucoup se précipitent sur elle pour choisir quelque chose. Namjoon crie aussi des noms de jeux, de loin, sans se lever du sofa, pour espérer jouer à ce qu'il souhaite.

C'est finalement le Monopoly qui revient le plus, réalisant le rêve du blond.

— Mais y'a pas assez de pions pour tout le monde ! S'insurge une fille.

— J'en ai créé d'autres. Mais il faudra quand même se séparer en deux groupes.

— Taehyung, tu viens avec nous, hein ? Me demande Namjoon en se levant.

Je lève vivement la tête, puis la hoche. Il me tend sa main et je l'attrape pour me redresser.

Dans une organisation étonnante, deux groupes sont formés ; ceux qui joueront au Loup Garou, en bas. Ceux qui joueront au Monopoly, en haut. Jungkook semble juste vouloir suivre Namjoon, qui est tout excité.

Je dois avouer que cette ambiance me plaît beaucoup.

— On va aller dans la chambre de mes parents, elle est gigantesque.

— On pourra regarder des films d'horreur après ? Demande un garçon.

— Tu nous saoules avec tes films d'horreur, répond une fille.

Eunji donne les boîtes de jeux, puis les groupes se séparent. A l'étage immense, elle nous conduit dans une chambre pour le moins très grande. Avec l'aide de deux garçons, elle pousse le lit lourd, et nous formons une ronde d'une dizaine de personnes.

Quatorze, précisément.

Je suis entre deux inconnus. Eunjin se trouve à l'extrême droite, Namjoon à l'extrême gauche.

Jungkook est en face de moi.

Il est sur son téléphone. Je le trouve très calme, mais je réalise qu'il l'est, en fait, très souvent. Calme, je veux dire. Il paraît presque réservé si on ne le connaît pas.

Eunji et ses magnifiques jambes se penche en avant pour attraper la boîte et la tirer vers elle. Après avoir fait la distribution des billets de banque, des pions et des petites maisons et hôtels en plastique, la partie commence.

Quand vient mon premier tour, je n'avance que de quatre cases. Ça me contrarie. Namjoon part très en avant grâce à un double six, donc il relance. Il avance de sept cases supplémentaires.

Et puis vient Jungkook.

Il fait un dé de un, et un autre de trois.

Soit : quatre cases.

Il dépose son pion à côté du mien. Je serre, au creux de mes mains, mes genoux croisés, et le regarde. Il en fait de même en se redressant lentement et en attrapant son verre.

L'envie de gagner m'obsède dès lors en comprenant, chose que j'avais ignorée jusque-là, que Jungkook sera autant mon rival que les autres.

Il boit une gorgée d'alcool en attrapant mes yeux.

Je souris discrètement en baissant la tête.




...Que les hostilités commencent.











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Hehe ça s'annonce mouvementé ;)))

Que pensez-vous qu'il se passera durant cette soirée ? ^-^

Je n'ai plus d'avance du tout, donc le prochain chapitre va mettre un peu plus de temps, soyez patients les amis ! Ahhh, j'adore écrire cette histoire mon Dieu. Le scénario étant plus léger (pas tellement en réalité, disons juste qu'il est quasi uniquement relationnel/émotif), je ressens un vrai bonheur en l'écrivant. Même si à un moment donné, les hostilités vont commencer comme le dit Taehyung, et pas que pour le Monopoly hehe 

D'ailleurs, trèèèès peu de personnes l'ont fait, mais certain.e.s d'entre vous ont trouvé ce qu'avait Jungkook ! Félicitations à vous, je ne citerai personne, vous le saurez de toute façon quand votre théorie se confirmera ;)


Je vous dis à très bientôt pour la suite, prenez soin de vous, et bonne fin de semaine !! ^-^ ♥

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