Chapitre ①⑧

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Bonsoir les amiiiis ! ^-^

Je suis rapide, je sais. Comme je l'ai dit, mon déménagement approche et je préfère poster beaucoup en ce moment parce qu'il y a un moment où je vais devoir faire une mini pause de une ou deux semaines courant juillet/août ! 

Aussi, précision importante : j'espère qu'il n'y aura pas de kinkshame dans les commentaires. Océan aura des lemons un peu plus élaborés, si je puis dire, que dans mes autres histoires. Alors si vous n'aimez pas une pratique, ne dites pas "c'est dégueu" ou ce genre de chose, dites simplement que c'est pas votre délire si vous tenez vraiment à le préciser en commentaire, mais évitons le kinkshame s'il vous plaît. Il faut parfois se dire que ce que les autres aiment n'est pas forcément ce que nous aimons ^^

Merci de votre compréhension, et bonne lecture ~ ♥



********************************


Je crois avoir distingué le moment précis où l'on a basculé de la première, à la deuxième partie du jeu.

C'était d'abord bon enfant. On riait, même si certains, comme Jungkook et moi, étions plus concentrés, l'ambiance était légère. On avançait de cases en cases, certains ont commencé à acheter, d'autres à vendre, et d'autres encore à devoir payer.

Tout s'est corsé cependant.

Par ma faute.

Au bout de trente minutes de jeu, je suis tombé sur un hôtel. Un hôtel bien précis, puisque c'était celui de Jungkook.

J'ai payé très cher.

Il n'a pas réagi du tout. Il s'est contenté de prendre mes billets, sans même me regarder.

Ça m'a rendu fou.

Je ne sais pas s'il agit de manière si nonchalante à chaque fois. S'il a cette expression neutre tout le temps, comme durant ses matchs de basket, quand il marque et qu'il se contente de marcher sans répondre aux acclamations.

Je n'arrive pas à distinguer si c'est de l'arrogance pure ou de l'extrême humilité.

Dans les deux cas, l'humiliation est tenace. Tout le monde a crié en me poussant, en me frottant même les cheveux -un type que je ne connais même pas- et en me rassurant, le sourire aux lèvres. Pendant que Jungkook attendait patiemment, les yeux fixés sur le jeu, comme si je n'existais pas, comme s'il ne venait pas de me prendre la moitié de ma cagnotte.

Quand je dis que tout s'est corsé par ma faute, c'est parce que je me suis mis à jouer sérieusement, au point de plomber l'ambiance.

Et cette Eunji qui n'arrête pas de proposer de partager sa banque avec Jungkook s'il en a besoin. C'est même pas dans les règles. Elle dit que si.

— Je te dis que c'est pas dans les règles, je réponds calmement, les mains serrées sur mes titres de propriété.

— Mais si ! On peut très bien faire des deals.

— Donne-moi les règles du jeu, alors, je murmure.

— Roh, tu plombes l'ambiance, là ! Laisse-là partager sa banque si elle le veut ! S'exclame un type.

Je relève sur lui un visage que je découvre sombre au vu de sa réaction surprise.

— Donnez-moi les règles du jeu.

Silence.

— Je ne veux pas qu'on partage quoi que ce soit avec moi. Je n'en ai pas besoin. Intervient Jungkook.

Son ton de voix calme me rend dingue de frustration.

Alors ? De la jubilation, ou du désintérêt ? Je ne le cernerai jamais.

Il regarde Eunji. Elle lui sourit et replace ses cheveux.

— Bah... C'était pour t'aider. Il te manque beaucoup de billets par rapport aux autres.

Il ne répond pas et j'écarquille les yeux quand je vois les siens regarder ma banque.

Je comprends tout. Absolument tout.

Perdre face aux autres ne lui importe pas. En tout cas pas ce soir.

Il est détendu parce qu'il me lamine au Monopoly.

Je prends une inspiration, les sourcils froncés, et me redresse, le dos bien droit.

— On continue ou pas ? Je lance rapidement.

Namjoon rit, amusé.

La partie reprend enfin. Quand je lance les dés, j'avance et me retrouve sur une case caisse de communauté. Je la tire.

— C'est votre anniversaire. Tous les joueurs doivent vous verser deux-cent dollars.

— Hein ?! C'est quoi cette carte pétée ? S'indigne une fille.

Je tends les mains et fixe Jungkook.

Il me donne deux billets de cent, et quand ses yeux se lèvent sur moi, je suis effaré d'y voir de la satisfaction.

Oh, bordel.

Ok.

La partie n'est pas terminée.

— Ah, j'ai plus rien à cause de toi, Tae... Râle Namjoon.

Je l'ignore et range mes billets.

A mon prochain tour, j'achète un hôtel Boulevard des Capucines. Ça me coûte cher, mais ce sera extrêmement rentable. Les bénéfices arrivent dès le tour des autres ; deux joueurs tombent sur ma case et me versent assez d'argent pour que je rattrape Jungkook.

Et ce dernier finit sur une case juste à côté de la mienne.

Oh, non.

C'était une propriété que je voulais. Ça doublerait mes gains sur toutes les propriétés de cette couleur.

Jungkook fixe la case un instant, puis se penche en arrière pour s'appuyer sur ses mains.

— Bah ? Tu l'achètes pas ? Elle vaut cher quand on tombe dessus, dit Eunji.

— Je crois que Taehyung veut l'acheter.

Frisson.

C'est sa voix qui me fait cet effet.

Le reste, c'est-à-dire ses mots, son ton, la signification de tout cela, cette ironie, cette humiliation...

Ça me donne aussi un frisson.

De pur désir de vengeance.

— Je n'ai pas besoin de ça pour gagner, je lance rapidement.

Il me regarde, seuls ses yeux bougent, pas sa tête, toujours tournée vers Eunji.

Il est presque espiègle.

Je le...

— Ok.

...Déteste.

— Vraiment, prends-là, j'insiste, fou de rage.

J'essaie de le cacher. Je sais pourtant que mon expression doit trahir ma mauvaise foi.

— Non, ça va, répond-il.

Puis il détache son regard de moi, comme si je n'étais qu'un inconnu qui lui parlait.

Je n'ai même plus envie de jouer, ou plutôt, si je continue, je vais finir par lui sauter au cou pour- pour- je sais pas. J'ai besoin d'avoir une réaction de sa part. Quelque chose qui le rende vivant. Il ressemble actuellement à une statue d'un dieu grec avec cette expression de victoire humble sculptée dans la pierre.

Tu parles d'humilité.

Il jubile.

Maintenant, je peux le voir.

— Oh, Jungkook, je suis sur ta case... Boude Eunji.

Elle regarde ses maigres billets.

— Tu pourrais me faire une faveu-

Il tend délicatement sa main vers elle. La jeune fille fixe sa paume, surprise.

— Tu me dois sept-cent dollars, articule-t-il calmement.

Eunji est pâle.

— Mais je n'ai pas cette somme...

— Vends tes propriétés.

Elle fronce les sourcils.

— T'es pas cool Jungkook ! Je t'avais proposé de l'aide et-

— Je n'ai rien demandé. Vends tes propriétés.

Oh, mon Dieu. Il est impitoyable. Elle a presque les larmes aux yeux lorsqu'elle fait un tri de ses cartes. Elle les vend toutes, puis tend la totalité de sa banque à Jungkook.

— Eunji, tu es hors jeu, fait un garçon.

— Merci de le dire à voix haute... Grogne-t-elle.

Elle lance un coup d'œil vers Jungkook, qui l'ignore royalement.

Je me suis encore trompé.

Il me voit peut-être comme un rival, mais non ; il ne se laissera pas battre par les autres non plus.

Dix minutes plus tard, nous ne sommes plus que cinq en jeu. Notre grand nombre de joueurs nous fait perdre plus rapidement puisque nous avons chacun eu moins d'argent au début de la partie.

Certains s'en vont de la pièce. Eunji, Namjoon, Jungkook, quatre autres personnes et moi sommes les seuls à rester.

Namjoon se fait éliminer par mes soins, ce qui me vaut un regard de trahison.

— Je file en bas, vous me rejoignez après ?

Je hoche la tête. Il s'en va à son tour, et une autre personne le suit.

C'est drôle. Je pensais au scénario suivant : Jungkook et moi en finale. Ensemble, à se battre pour la victoire. Quelque chose d'épique, de satisfaisant, plein de tension et de regards lourds.

Comment dire.

Je viens de perdre.

Lamentablement.

De surcroît en tombant sur une de ses cases.

Je relève la tête avec lenteur. Immédiatement, je constate son regard ferme.

— Je laisse passer.

...Quoi ?

Je fronce les sourcils.

— Eh, c'est pas du jeu !

— Vous l'avez fait tout-à-l'heure aussi, répond-il au garçon qui est intervenu.

Je suis abasourdi. Ma mâchoire pourrait s'en décrocher.

Il veut que l'on finisse le jeu à un contre un.

C'est une blague, pas vrai ?

— Ouais, ok...

— Rejoue, m'ordonne Jungkook.

Je suis tétanisé. Quand il voit que je ne réponds pas, que je n'agis pas, ses iris attrapent les miens.

Lentement, je dépose les dés.

— Non.

Je relève la tête.

— J'ai perdu.

Sans véhémence aucune, ma main glisse les billets, mes derniers billets, sur le plateau jusqu'à lui.

Je me contente de lui donner mes titres de propriétés sans même les traduire en argent dans la banque. De toute manière, même en les vendant, je n'aurais pas la somme escomptée.

— Je t'ai dit que je laissais passer, reprend-il.

Plus fermement, d'ailleurs. Sa voix est plus sombre.

Je ne sais ce qui me prend lorsque je souris avec un faux respect face à cette cuisante défaite.

— Ça va, merci, je réponds, chaque mot articulé avec soin.

La couleur de ses pupilles tombe dans de graves noirs.

Il est contrarié. Contrarié de me voir refuser sa bonté.

— Je vous laisse aussi, je vais rejoindre Namjoon.

J'ignore son regard. Mais mes jambes tremblent. Je sors de la chambre en ayant l'impression que je vais tomber. J'assume difficilement mon audace.

Je ne sais pas trop si je suis en train de commettre la meilleure sortie dramatique ou la pire bêtise de ma vie.

La réponse me tombe dessus très vite.

Une main, dans le couloir que je croyais vide, empoigne mon bras si fort que j'en crie de douleur. Je vais avoir un bleu. Je me fais pousser contre une porte close, face à cette dernière, mais quelqu'un l'ouvre et je manque de tomber à l'intérieur.

Une chambre de fille.

La chambre d'Eunji.

La porte se fait claquer et verrouiller, puis la lumière s'enclenche. Je me tourne vivement.

Il attrape mes poignets et les lève entre nos deux torses pour coincer tout mouvement que je voudrais effectuer.

— T'es en train de m'énerver, Taehyung.

Il joint mes poignets pour les tenir à une seule main. De l'autre, il enfonce son pouce dans ma joue et je grimace, malmené par sa force qu'il ne semble plus essayer de retenir.

Ses yeux fixent mes lèvres mais ils sont plus froids que la glace.

Je n'arrive même plus à penser que je panique, puisque je panique bien trop pour penser.

Mais je n'ai pas peur de lui.

J'ai peur d'avoir été trop loin et d'avoir perdu ma chance.

— Et quand je m'énerve tu n'as pas idée du temps qu'il me faut pour redescendre.

J'essaie de comprendre. Vraiment, j'essaie.

Mais je n'ai pas l'impression que nous jouons. Il est sérieux.

— Je...

— Je te baiserai pas si je suis en colère.

Quoi ?

J'écarquille les yeux et secoue la tête.

Non, pitié, j'en ai vraiment envie.

— Alors si t'essaies de jouer avec ça...

Jouer avec ça ?

Avec quoi ?

Sa colère ?

Non, ce n'était pas ça, je n'avais pas voulu ça. Je pensais qu'on se défiait. Je ne savais pas que c'était si sérieux, bon sang.

— N-non, Jungkook, on j-jouait, c'est tout...

Il respire vite. J'ai l'impression de revoir le Jungkook dans le local de la piscine, lorsqu'il a éclaté le vase contre le mur.

Il fait jongler ses yeux dans les miens. Je revois cette étincelle, cette chose qui le domine.

Il y a un problème avec sa gestion de la colère. C'est indéniable.

Pourtant, on jouait bel et bien. Lui aussi s'amusait de ma frustration. Il y a quelque chose qui a changé entre ce moment, et le moment où je suis sorti de la pièce. Quelque chose qui a pris le dessus.

— ...Ouais, souffle-t-il.

Il me lâche et recule d'un pas, lui-même sonné. Je me rapproche immédiatement. Je n'arrive pas à avoir peur, j'ai pourtant l'impression que je devrais.

— Jungkook, tu-

— Jungkook ?

Eunji entre doucement dans la pièce. Elle nous regarde à tour de rôle, surprise.

— Tout va bien, vous deux ? Il y a un problème ?

Je recule d'un pas. Jungkook ne la regarde pas, il a les yeux perdus sur mon visage.

— Taehyung, Namjoon m'a dit qu'il te cherchait, dit Eunji.

Je la détaille vivement.

— Oh, o-ouais, j'arrive.

Un dernier regard vers Jungkook me fait comprendre qu'il n'a pas l'air d'aller mieux. Il ne semble plus hors de lui mais... Je ne sais pas. Je peux voir de la culpabilité, je crois, sur son visage.

Ça me fait mal. Beaucoup.

Si seulement je pouvais comprendre.

Je sors de la pièce et suis étonné de voir la porte se faire immédiatement clore par Eunji. Je fronce les sourcils et descends, chamboulé, pour rejoindre Namjoon qui discute joyeusement avec d'autres personnes. Il me voit arriver et me sourit, une bière à la main.

— Taehyung le terminale, alors, t'as finalement perdu ?

— Ouais...

Je m'installe à ses côtés.

— Ça va ?

— Mmh mmh, tu me cherchais pour quoi ?

Il hausse un sourcil.

— Hein ? Je te cherchais pas.

— Namjoon, prends une manette !

— Ouais attends !

Je le regarde s'installer plus proche des autres et entamer une partie de Mario Kart.

Il ne me cherchait pas ?

Mais alors...

Un sourire amer déforme mes traits. Ok, je vois. Eunji est donc déterminée.

Quand je jette un œil vers les escaliers, je constate qu'ils ne redescendent pas.

Un pincement se forme dans mon cœur. Je crois que je viens de me faire voler mon amant d'une nuit. Mon dos s'échoue contre le dossier du canapé.

C'est pas grave.

J'aurais dû me douter que Jungkook était si volage. Il prendra le meilleur, après tout, et Eunji est vraiment jolie. Elle a de beaux cheveux.

Une image affreuse de cette dernière en train de gémir me fait déglutir. Peut-être qu'il est en train de la toucher.

Je veux m'en aller.

— Namjoon, je crois que je vais partir.

Il arque les sourcils vers le bas sans lâcher l'écran des yeux. Les autres discutent entre eux, donc ne m'entendent pas.

Je me redresse.

— Quoi ? Taehyung, ça va pas ?

— Si si, mais en fait je suis super fatigué.

— Pas à moi. Tiens, prends la manette.

Il la passe à un autre type et m'attrape les épaules. J'évite son regard.

— Tae, quoi, dis-moi ce qui se passe. Je pensais qu'on s'amusait bien.

Je me pince les lèvres. Soudain, il panique.

— Merde, c'est parce que je t'ai laissé seul ? Tu m'en veux ?

— Non, c'est... En fait, c'est... C'est débile.

— Explique-moi.

Je secoue la tête.

— C'est juste que je viens de perdre, alors que j'aurais voulu... Gagner ?

Il sourit, ce qui m'étonne.

Doucement, sa bouche s'approche de mon oreille.

— Parfois, il faut persévérer.

Je me fige. Quand il recule, il m'adresse un clin d'œil, puis retourne s'asseoir auprès des autres.

Persévérer.

Ce n'est pas quelque chose que j'aie déjà fait. J'ai toujours eu de bonnes notes sans avoir de rival réel. Je travaille dur pour être en haut de l'échelle, pas pour dépasser les autres.

Peut-être que, parfois, il faut penser autrement.

Je regarde le visage de Namjoon qui, déjà, reprend une manette pour jouer avec les autres.

J'entends mon coeur dans mes tempes.

Jungkook, c'est ce qu'il est, pas vrai ?

Quelqu'un pour qui il faut persévérer.

Je me rends compte que je suis en train de remonter seulement quand j'arrive à la dernière marche des escaliers. J'ai l'impression que l'étage est inondé, que marcher m'est difficile, comme si je poussais des vagues à chaque avancée de jambe.

Mes oreilles se bouchent.

Après tout, il n'y a pas qu'un chemin.

Peut-être que je vais me faire rejeter. Mais stagner n'est pas dans mes options. Jungkook me dira s'il veut cette fille ou moi.

J'arrive devant la porte close. Je pose la main sur la poignée. Avec un peu de chance, elle n'est pas encore verrouillée, s'ils n'ont pas commencé.

J'ai l'impression d'être dans un rêve éveillé lorsque je la pousse, sans violence mais sans lenteur. J'apparais dans l'encadrement avec cet air penaud qui doit m'accompagner sans cesse. Que personne ne se fasse avoir cependant ; mes expressions perdues ne sont pas forcément représentatives de mon état d'esprit.

Je sais ce que je veux.

Et c'est Jungkook.

J'avoue ne pas savoir comment je le veux réellement pour demain. Mais pour ce soir, je veux qu'il me noie avec lui.

Mes yeux se relèvent, et je découvre Eunji, le visage déformé par la frustration, qui s'interrompt de parler lorsque j'entre. Devant elle, Jungkook a les mains dans les poches, cet air nonchalant sur le visage qui prouve qu'il s'est calmé, et je comprends tout.

Il était en train de la repousser.

Eunji me regarde. Jungkook hausse un sourcil vers moi. J'entrouvre les lèvres et entre dans la pièce.

Je suis complètement fou.

Mais ce qui me pousse à continuer, c'est que je sais qu'il l'est un peu aussi.

— C'est une blague, hein ? s'exclame Eunji.

Elle nous dévisage à tour de rôle.

— J'y crois pas, balance-t-elle.

Je l'écoute à peine, car je viens de voir la main de Jungkook se tendre vers moi, imperceptiblement, dans un geste presque pudique. Immédiatement, je m'approche de lui.

— Tu vas rester ici ?

J'interromps ma marche, car Jungkook a parlé en me regardant, ça m'a surpris. Mais je réalise bien vite que ce n'est pas à moi qu'il s'adresse quand ses yeux se déplacent sur Eunji.

— Mais je... Bégaye-t-elle.

— Tu peux, si tu veux. Mais tu pourras juste regarder.

J'atteins sa main et la prends. Il m'attire à lui et fourre son nez dans mes cheveux. Je clos les paupières. J'inspire sa senteur et tout mon corps se détend dans l'instant.

...Je crois que je suis foutu.

— Habituellement j'aime bien les plans à trois, mais pas ce soir, termine-t-il.

— Mais... Qu'est-ce que...

— Y'a une chaise là-bas si tu veux.

Il est détendu, joueur, provoquant. Encore une fois, qu'est-ce qui a changé entre le moment où je suis sorti de cette chambre et le moment où je suis revenu ?

Il y a eu deux étapes majeures. Après le Monopoly, puis après que j'aie quitté ces deux-là en pensant que Namjoon me cherchait.

C'est incompréhensible.

Serait-il... Bipolaire ? Je n'y ai jamais pensé. Vraiment bipolaire, je veux dire, avec un diagnostic professionnel, pas juste lunatique. Confondre les deux est une bien belle erreur. Et Jungkook me semble bien plus que lunatique.

Mais sa violence innée me semble aussi être une piste à suivre.

Arrête de réfléchir, arrête de réfléchir, arrête de réfléchir.

Sa main caresse ma nuque, et malgré cette attention douce, je ressens le piège dans lequel je tombe. Je suis contre lui, la joue moulée à son torse, tandis que sa bouche parcourt mon oreille et que sa main me maintient contre son corps.

C'est un piège.

Je le sais pertinemment.

Sa douceur n'est qu'un appât que je mords à pleines dents.

— Tu es... Taré, chuchote-t-elle.

Sans même nous virer de sa maison, Eunji sort de la pièce en trombe et claque la porte. Je sursaute, mais profite de cet instant pour davantage franchir les limites et me coller contre lui.

J'ai envie de dormir comme ça.

Il glisse deux doigts dans mes cheveux et les tire en arrière pour que je le regarde.

C'est silencieux, j'appréhende. Je sais que ça va être éprouvant.

Jungkook sourit. Je le scrute, surpris. Il a les yeux dilatés. Il sourit même en grand, ça lui crée une fossette sur la joue, que je n'avais jamais vue jusque-là.

Délicatement, sa main englobe ma mâchoire.

Je sens venir la tempête.

Je reste figé. Ses doigts appuient doucement sur mes deux joues et me forcent à ouvrir la bouche, mais toujours dans une lenteur presque extrême.

Puis la douleur monte.

Je commence à couiner, puis à gémir, à attraper son poignet. Ses doigts s'enfoncent dans mes pommettes jusqu'à en rendre désagréable l'intégralité de ma mâchoire.

Et, soudain, il crache.

Dans ma bouche.

Je le regarde, médusé, tandis que son sourire s'amenuise et qu'il me relâche. J'avale le surplus de salive et tousse légèrement, sonné.

Ceci était en fait le tracé qui marque le début de mon abandon.

Parce que la seconde suivante, il attrape mes cheveux et les tire pour que je le suive jusqu'au lit.

Je me fais pousser avec violence sur le matelas et mon dos s'échoue sur les draps. Je recule un peu pour reprendre mon souffle le temps qu'il grimpe à son tour, mais il ne le fait pas. A la place, il m'observe, intrigué.

— Tu trouves aussi ?

Je le dévisage, attendant une précision.

— Tu trouves aussi que je suis taré ?

Mes lèvres s'entrouvrent.

J'ai pensé, plus tôt, que nous étions fous tous les deux. Je voulais dire ensemble.

Lui, tout seul, non. Être fous ensemble et être fou seul est bien différent.

— Non...

Je secoue la tête pour appuyer ma réponse.

— Tu ne l'es pas, je murmure.

Il attrape ma cheville droite et la tire pour que je m'allonge. Je glapis, surpris, tandis qu'il pose un genou sur le lit et qu'il s'affaire à ôter ma première chaussure.

Oh, bon sang, comment peut-il être si doux et si dur à la fois ?

Soudain, la panique me gagne. Vraiment, je veux dire. Savoir que ça va se passer, que c'est en train de se passer, me tiraille d'angoisse.

Parce que je ne vois rien d'autre dans ses yeux qu'une neutralité qui est, cette fois, trop insupportable.

— Jungkook...

Il relève la tête en ôtant ma chaussure.

Ses yeux cherchent à comprendre les miens. Quand il le fait, ce qui n'est pas difficile puisque mon stress doit se trahir sur tous les traits de mon visage, il se baisse et embrasse le peu de peau que l'on voit de ma cheville. Je frissonne, les dents serrées d'appréhension.

Il retire mon autre chaussure et s'approche. Mes yeux parcourent ses traits sérieux quand il me surplombe.

On se regarde comme si l'on se connaissait.

Il m'embrasse enfin et je ferme les yeux. Mes mains trouvent sa nuque, pour me rassurer, car c'est en fait quand il est loin de moi que j'ai du mal à le supporter. Sa bouche frôle ma joue quand il se déplace vers mon oreille.

— Noir, susurre-t-il contre ma peau.

Mon cœur s'arrête, pour repartir de plus belle.

Il se redresse et j'ai envie de l'embrasser de nouveau tant ce seul mot, cette seule attention, me fait comprendre qu'il ne va pas me faire de mal. En tout cas pas de cette manière.

J'ai la sensation qu'il connaît mes limites. C'est si étrange.

Il a prononcé mon mot de code pour me montrer qu'il le connaît. Et je ne peux qu'en être bouleversé, d'autant plus qu'il m'avait précisé hier qu'on ne rappellera pas mon mot de code ce soir.

Il l'a fait. Cela ne veut dire qu'une chose.

Il s'adapte à mes réactions, malgré tout.

— Tu es donc un mauvais joueur.

Il recommence à me déshabiller, ses mains déboutonnent mon bas.

— N-Non...

Il tire sur mon pantalon d'un coup sec et je sursaute. Je veux me placer sur mes coudes, mais son pouce se pose contre ma pomme d'Adam. Il appuie sur cette dernière et la douleur est instantanée. Ça me fait tousser de nouveau et, surtout, ça me fait retomber en arrière sur le lit. Quand il est satisfait de ma position, il la libère, et je masse ma gorge, les larmes aux yeux, le souffle court.

— Si, tu l'es.

— Non, je-

Je n'ai pas le temps de reprendre mes esprits qu'une douleur irradie ma joue. L'instant d'après, je réalise que j'ai le visage tourné sur la droite.

Oh, mon Dieu.

Il m'a giflé.

Il vient de me gifler.

Une larme de surprise mêlée à la douleur dégringole sur ma joue, tandis que j'ose timidement le regarder.

Il a l'air si calme.

Sa main se baisse lentement, il attend. Il m'observe. Il attend de voir si je l'accepte. Si c'est trop. Si je vais prononcer mon mot de code. Je peux voir ça, voir qu'il patiente pour s'approprier ma réaction face à ce... Coup.

Je respire audiblement, sonné et sous le choc. Ma tête se repose contre le matelas, je ne le lâche pas des yeux. Il fait jongler les siens dans les miens. Il est très patient. De longues secondes s'écoulent.

Quand il comprend que je ne le repousse pas, il prend la parole.

— C'est tellement ingrat, Taehyung, d'être mauvais joueur pour une seule défaite.

Il reprend sa tâche l'instant suivant. Je mords mes lèvres pour m'empêcher de parler. Mon jean me quitte, emportant avec lui mes chaussettes noires. Puis il m'attrape par la nuque pour m'asseoir, j'ai la sensation de ne rien peser dans ses mains. Il me ôte pull et t-shirt, le froid de la pièce fait frissonner mon torse nu. Il me repousse avec désintérêt sur le lit et dégage mes vêtements sur le sol. Immédiatement, je ramène mes mains vers mon bassin, sans me cacher ni sans non plus laisser une vue complète de mon sous-vêtement.

Jungkook ne s'en formalise pas, et se redresse, à genoux entre mes cuisses. Il glisse ses mains baguées sur la boucle de sa ceinture et la défait avec des gestes maîtrisés.

Dire que mon ventre se tord est un euphémisme.

Il la tire d'un coup sec et le bout frappe ma cuisse par mégarde. Je gémis et redresse ma jambe par réflexe. Il ne fait même pas attention à ma réaction, et tend sa main libre pour saisir mes deux poignets.

Quand je comprends, je tente de me retirer, de le faire lâcher prise, mais une fois encore, c'est comme si je n'existais pas. Il se contente de tirer plus fort, et ma force face à la sienne ne vaut rien.

Mon estomac se creuse quand je respire plus vite.

Il fait un nœud ingénieux, quelque chose que je ne saurais pas faire, et transforme sa ceinture en un étau incassable autour de mes poignets fins. Il serre d'un coup sec et mes mains se rejoignent en vitesse.

Je suis triste de comprendre que je ne pourrais pas le toucher. Mais ça ne m'étonne pas tant.

Cependant, ce sera vraiment dramatique pour moi si nous ne faisons ça qu'une fois.

La question me brûle les lèvres mais au risque de tout gâcher, je préfère me taire.

Une remarque franchit quand même mes lèvres éhontées.

— Je croyais q-que tu couchais avec elle...

Il guide mes mains attachées jusqu'au sommet de ma tête.

— Pourquoi ça ? Demande-t-il calmement.

Il a une grande maîtrise de lui-même, tout autant qu'il a parfois l'air de perdre tout contrôle.

— C'est une jolie fille... Je chuchote, honteux.

Ses mains s'appuient de part-et-d'autre de mon visage. Je baisse les bras mais il fronce les sourcils en les regardant, alors je les remonte vite et ne bouge plus. Sa bouche descend sur ma gorge.

— Je préfère les jolis garçons.

Mon souffle se coince.

— Pourquoi... ?

Je veux savoir. Ce qu'il préfère, ce qu'il aime, ce qui le fait vibrer. Je veux comprendre ce qui, chez moi, l'attire.

— ...Ils sont plus résistants.

Son pouce s'enfonce dans ma joue, et il secoue doucement mon visage comme si je n'étais qu'une poupée.

Puis il se lève du lit et ôte son pantalon. Je peux voir mes propres côtes à cause de ma position, les bras levés, et la gêne s'installe comme un noeud dans mon estomac. Je suis vraiment maigre comparé à lui, j'ai peur qu'il y pense sans me le dire, qu'il se dise que je suis plus maigre qu'il ne le pensait ou-

Qu'est-ce qu'il fait ?

Avant de jeter son jean au sol, il fourre sa main dans la poche de ce dernier, et en sort un petit sachet.

Hein... ?

Ce sont des- des pilules ? Enfin, des gélules blanches ? Il en sort une du petit sac et le range dans sa poche. Il fait tout cela dos à moi, mais il doit savoir que je vois quand même. Il lève la main vers sa bouche, et je comprends qu'il en ingère une.

J'ai l'impression de rêver.

Il fait vraiment ça devant moi ?

Quand il revient sur le lit, je cherche une réponse dans ses yeux. Je n'arrive pas à parler. J'aimerais lui demander ce que c'est, pourquoi il le prend maintenant, surtout. Juste avant de coucher avec moi.

— Est-ce que Jungkook t'a fait du mal ?

J'ouvre grand les yeux. Jungkook embrasse ma gorge, tandis que cette question que Namjoon m'a posée, la première fois que j'ai parlé à Jungkook dans cette salle de bain, me revient de plein fouet.

J'ai envie de prendre sa joue et de le faire me regarder. J'ai envie de voir ses yeux.

Mais c'est à ce moment-là qu'il décide de les cacher.

Je me cambre quand il fait fondre sa bouche contre la peau de mon estomac. C'est déjà si bon.

Mais je devrais avoir peur.

Je devrais.

Moi qui abhorre la douleur, je devrais prendre mes jambes à mon cou.

J'ai déjà pensé ça, non ?

Jungkook se redresse et ses mains accrochent mon dernier sous-vêtement. Il me l'ôte sans plus de cérémonie, et mon érection rebondit sur mon bas-ventre. Je rougis violemment. Ca fait longtemps que je ne me suis pas retrouvé nu devant quelqu'un.

Jungkook la regarde. Je rougis davantage. Il n'a aucune réaction, c'est si déroutant.

Puis il l'attrape. Fort.

Trop fort.

Je crie de douleur et me cambre en ramenant mes mains attachées vers le bas. Il les repousse de sa main libre jusqu'au dessus de ma tête, puis fait frôler nos deux nez. Il m'écoute gémir et supplier pour que la douleur cesse.

Quand il embrasse ma joue rougie par sa précédente gifle, il y murmure, la voix basse :

— Je vais t'apprendre une leçon.

Il me retourne brusquement sur le ventre, en un clin d'œil, ce qui tord mes poignets et me fait gémir de surprise dans les draps. Mes fesses lui sont parfaitement exposées.





— Une leçon qui te fera regretter ton comportement de pourri gâté.











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Il faut bien interpréter la dernière phrase en fonction de la situation ;)

Pardon de couper là les amis mais le chapitre était déjà bien long ! La suite ne tardera pas trop c'est promis ! 

Aussi, j'espère que ce chapitre vous a plu. Je ne suis vraiment pas sûre de l'avoir réussi, je l'ai réécrit deux fois quasi en entier... J'espère vraiment qu'il vous a plu et que j'ai su transmettre ce que je voulais transmettre !


Je vous dis à très bientôt pour la suite, prenez grand soin de vous, moi je commence à faire mes cartons demain ça fait bizarre ! Bisous les amis ♥♥♥

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