Chapitre ④⓪

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Bonsoir les amis ! ^-^

Voici la suite d'Océan ! J'espère sincèrement qu'elle vous plaira ! (chapitre 40 wow!)


Bonne lecture ~ ♥


********************************


Socrate disait "nul n'est méchant volontairement".

Promis, je ne compte pas remettre ça avec la philosophie de comptoir.

...Juste cinq minutes.

— Et je m'appelle comment ? Dis-le en entier.

D'un côté, il y a les mauvaises intentions. De l'autre, la volonté d'être mal intentionné.

— Kim Namjoon. Pour la quatrième fois, je ne t'ai pas oublié.

Apparemment, c'est pas la même chose.

— Non attends j'suis sûr que tu le répètes parce que je te l'ai moi-même dit... Tu t'en souviens pas de toi-même... Oh mon Dieu...

Être mal intentionné serait impossible. Selon Socrate. En tout cas, c'est ce qu'on tire de sa citation. En fait, il s'agirait seulement de vouloir faire ce que l'on croit juste, même si c'est mal. On ne ferait pas le mal par envie, mais par mauvais jugement de ce qu'on pense être le bien.

— Namjoon je te jure que j'ai pas perdu la mémoire.

— Vas-y on est en quelle année là ?

Si je tue quelqu'un parce qu'il m'a blessé très fort, au point où ça m'obsède, je serais persuadé de faire le bien.

Pour moi, je ferais le bien.

— 2022 ?

— C'est une question ou une réponse ?

Kant disait que si on privilégie la loi morale, donc le bien moral, il faudrait se débarrasser de nos volontés personnelles. C'est-à-dire se défaire de notre besoin de justice intime.

— Namjoon, tu es mon ami de Seontaeg, accessoirement l'ami de Jungkook. Tu confonds les figures de style. T'aimes le Monopoly. T'as une voiture payée par tes parents parce qu'ils habitent loin. Tu m'as offert une veilleuse pour mon anniversaire et tu m'as déjà fait manger une crêpe verte.

— ...Mouais.

L'Homme préférerait donc faire ce qui le rendra heureux plutôt que de servir la morale.

J'ai eu beaucoup de mal à appliquer tout cela à Jimin. Au harcèlement de manière générale. J'ai toujours cru qu'il y avait de la pure méchanceté. Mais selon Socrate, la pure méchanceté n'en est pas une. Elle n'est que le résultat d'un besoin de servir nos intérêts et nos désirs.

C'est dur, pour moi.

D'imaginer, sans excuser, qu'il y a une justification à tout. Je ne peux pas le supporter. Ça fait trop mal.

Je ne peux pas. Je ne peux juste pas.

Bref.

Je ne sais pas comment je peux encore me souvenir de mes cours de philo' avec mon traumatisme crânien.

C'est tout ce qu'on m'a dit pour l'instant. Je crois avoir lu quelques articles là-dessus pour un cours. Les traumatismes crâniens graves, comme le mien, peuvent aller jusqu'à affecter la motricité. Bizarre, je sens tous mes membres et j'arrive à bouger le tout. Faiblement, mais j'y arrive.

Mais les visages des médecins, en cette troisième journée qui suit mon réveil, ne me disent rien qui vaille. J'ai l'impression qu'ils attendent que je me remette correctement pour m'annoncer quelque chose.

— J'arrive pas à croire que tu es réveillé, soupire Namjoon, enfin calmé.

Faible, à peine capable de lever le pouce, je lui souris, les yeux mi-clos. Il vient à moi et, quand bien même il m'en a déjà fait des centaines, me redonne une étreinte serrée. Une femme entre à ce moment-là.

— Il faut laisser le patient respirer, informe-t-elle sans agressivité.

Namjoon renifle et se redresse. Sans me lâcher des yeux, il hoche la tête.

— On discute plus tard.

— Mmh. Heu, Namjoon...

Avant d'ouvrir la porte, mon ami fait volte-face vers moi.

— ...Il va bien ?

Sourire.

— Oui. Ne lui en veux pas de ne pas venir. Il est chamboulé.

— Je comprends.

— Il viendra, Taehyung.

Oui, je sais.

Tandis que Namjoon s'éclipse, je vois ma mère discuter avec un médecin dans le couloir. Elle a fondu en larmes, évidemment. J'ai eu du mal à lui répondre car elle m'a rendu visite avant-hier, jour de mon réveil, et j'avais des difficultés à articuler. Aujourd'hui encore je me sens mou. Pâteux.

— Bonjour, Taehyung.

— Bonjour.

La jeune femme tire une chaise que je n'avais jamais vue jusque-là. Elle s'y installe, assez loin de moi pour ne pas envahir mon espace, mais assez proche pour que je comprenne que c'est maintenant.

C'est maintenant que je vais apprendre les conséquences de mon acte.

— J'ai à vous parler de plusieurs choses.

— Je sens encore mes jambes, je souffle immédiatement.

— Je sais. Nous le savons. C'est formidable, d'ailleurs. Nous étions certains qu'il faudrait de la lourde rééducation. Mais non.

— C'est un miracle ?

— Pas vraiment, avoue-t-elle.

Je perds mon sourire.

— Disons que votre motricité a été sauvée. Mais ce n'est pas à moi de vous en parler, je ne suis pas là pour ça.

De quoi parle-t-elle ? Si elle fait référence à la chute, je ne m'en souviens pas. Je ne me souviens de rien après la compétition de Jungkook. D'accord, j'ai des bribes d'images de quand j'écrivais les lettres. Mais le reste n'est pas flou ; il est anéanti. Ma mémoire a pris la décision de supprimer mon corps qui tombe. Je ne sais même pas de quelle hauteur j'ai sauté, ni de quelle... Volonté.

Je veux dire, je n'ai actuellement aucune envie de mourir.

Comment ai-je pu le vouloir ne serait-ce qu'un instant ?

— Je voudrais vous parler des... Conséquences.

— Je vous ai dit que ma motricité allait bien.

— Il n'y a pas que la motricité qui est en jeu lors d'un traumatisme crânien d'une telle envergure.

Je déglutis. Elle plante ses yeux noisettes dans les miens.

— Taehyung, tout ce que je vais vous dire pourra se confirmer avec le temps. Mais vous pourriez souffrir de toutes les choses que je m'apprête à citer. Est-ce que vous voulez entendre tout cela maintenant ?

Non.

— Oui...

Elle acquiesce et croise les jambes, concernée.

— Il y a plusieurs conséquences à une telle chute. Quand vous vous lèverez, pour commencer, vous pourriez avoir des problèmes d'équilibre et d'orientation, un trouble de la coordination des mouvements comme des gestes aléatoires ou des tremblements plus ou moins excessifs.

Tandis qu'elle parle, mon cœur se glace.

— Il y a aussi quelques déficits sensoriels possibles, nous avons vérifié votre vue et elle est opérationnelle. Mais vous pourriez souffrir d'anosmie ou-

— Anosmie ?

— Perte du goût, des odeurs. Pas tout le temps, mais ça pourrait arriver.

Je hoche la tête.

— Ce qui m'inquiète le plus est ce qui va suivre. Je ne tire pas de conclusions hâtives, ne le faites pas non plus. Tout cela reste à être confirmé.

Là, je n'acquiesce plus. Je la dévisage avec une appréhension probablement visible si j'en crois son sourire désolé.

— Nous parlons de traumatisme crânien grave. Je ne vous cache rien en vous disant que vous souffrirez peut-être de troubles de la mémoire... Mais aussi de concentration. D'attention.

Elle me fixe.

— D'apprentissage.

Silence.

— De traitement de l'information.

Silence.

— Comme... Difficulté à comprendre une consigne. Une métaphore. Un second degré. Un exercice.

Silence.

— Surtout en ce qui concerne les mathématiques.

Silence.

— De l'anxiété. De la perte de confiance. Dépression. Étourdissements, maux de tête, vomissements. Des-

— Il a compris.

Mes yeux se baissent sur les draps. Je n'arrive même plus à les cligner. Ils s'assèchent comme ma gorge le fait. J'entends des voix sans discernement. Une discussion. Des talons qui s'en vont, des pas plus durs qui s'approchent. Une porte qui se ferme.

Mon lit qui s'affaisse.

— Taehyung.

— Papa, je...

J'explose.

Il se penche vers moi et, comme il le peut, me prend dans ses bras. Je pleure contre lui, avec puissance, sans honte ni retenue, et quand ma mère entre, elle pose une main sur ses lèvres et me suit.

Bientôt, ce sont mes deux parents qui m'étreignent. Ce sont contre mes deux parents que je supplie n'avoir aucune des conséquences citées. Ce sont contre mes parents que je prie Dieu, en lequel je n'ai jamais cru, parce que face à la douleur, on a tous un peu foi en une entité qui nous accorde des miracles pour ne pas plonger dans le lendemain funeste qui nous est parfois annoncé.

Quand je me calme, ma mère essuie mes joues, me caresse, mon père me borde, ils me le disent encore et encore, "tout va bien", "tu n'auras rien", "ça va aller".

Mais, tous les trois, nous évitons soigneusement d'entrer dans le cœur du sujet, par peur, sûrement, d'en toucher le fond du bout des pieds.

Quand ils partent, chose difficile pour ma mère qui est intimement persuadée que je vais retomber dans le coma sans sa surveillance, je réalise que ne pas être mort est une chose, se réveiller en est une autre. Parce qu'avec le réveil réapparaît la solitude.

Je veux dire, je ne suis pas seul.

J'ai une famille aimante. Un ami génial. Des harceleurs dévoués. Je ne suis pas seul.

Mais le sentiment de solitude est différent du fait d'être seul. De sa définition spatiale et temporelle.

Il n'y a qu'une personne qui fait s'évaporer ma solitude.

Car il est plus présent quand il est à mes côtés que mille personnes autour de moi ne le seront jamais.

J'attends que la porte grince. Qu'elle s'ouvre. Que le noir de la pièce laisse entrer un unique filet de lumière qu'il dominerait de son ombre dès qu'il pénétrerait la chambre.

Rien ne se passe.

Personne ne vient plus.

Alors je m'endors avec la sensation que je ne me suis jamais vraiment réveillé.

**

Une semaine.

Sans qu'il ne vienne.

Une semaine.

Je ne suis pas sûr de comprendre. Mais, au fond, je crois que je comprends. Sans pour autant réellement comprendre.

Namjoon passe, mes parents passent, les médecins passent, la solitude passe.

Jungkook ne passe pas.

Namjoon me rassure sans trop m'en dire. Mes parents m'ont questionné sur Jungkook ; apparemment, ils l'ont vu pendant mon coma. Jungkook m'a donc rendu visite pendant mon inconscience.

Mais pas quand je me réveille ?

J'ai attendu. En fait, j'attends toujours. Les jours s'écoulent abominablement lentement. Chaque seconde file comme le petit Diable sur mon épaule, à l'oreille, me glisse :

"Il ne veut plus de toi maintenant qu'il voit que tu vas mal".

Je sais, c'est ridicule. Mais ça ne l'est pas tant que ça.

Je ne lui en voudrais pas. Je ne veux pas qu'il soit avec moi si c'est pour, chaque matin, se lever en ayant peur de me perdre. J'aurais voulu lui dire que je ne suis pas comme ça. Que je ne suis pas suicidaire. La bonne blague, hein ? Mais je ne le suis pas. J'ai eu une... Pulsion ? Bordel, j'en sais rien. Mais j'ai pas envie de mourir, je n'ai pas... J'ai jamais eu envie de mourir.

Quand on se suicide, je crois pas qu'on ait envie de mourir. On a envie que ça s'arrête. Mais si ça pouvait s'arrêter sans qu'on s'ôte la vie, on ne le ferait pas. J'en suis sûr. C'est parce que la mort est indélébile, inéluctable, qu'on la provoque. Parce qu'avec elle s'efface tout. Mais si, d'un coup de baguette magique, nos souffrances pouvaient disparaître sans emporter notre enveloppe charnelle, beaucoup d'entre nous seraient encore en train de respirer. C'est seulement une échappatoire intéressante, je suppose, quand on veut que la magie existe.

Il n'y a rien de plus proche de la mort qu'un coup de baguette magique.

C'est rapide. Du bout du bâton, un filet de paillettes jaillit et s'enroule autour de nous, un peu comme Cendrillon quand sa marraine lui offre sa robe bleue. Avec lui, le sillon brillant prend le cœur, les poumons, l'âme et surtout, surtout, la douleur.

Eh, je pourrais être philosophe, non ? Taehyung a un jour dit : "il n'y a rien de plus proche de la mort qu'un coup de baguette magique." S'ensuivrait un développement sur la mort, Cendrillon et des paillettes.

...Ça craint.

— Bonjour Taehyung, comment allez-vous aujourd'hui ?

— Encore un jour au paradis.

J'adore cette réplique. Je l'ai entendue dans un film, Oblivion. Avec Tom Cruise. C'est la fille rousse qui le dit. Enfin son clone parce que son vrai elle est mort et qu'elle a plein de clones sur plein de bases différentes de-

— Ça vient d'Oblivion, ça, non ?

Roh.

— Oui, mais vous savez d'où vient : "il n'y a rien de plus proche de la mort qu'un coup de baguette magique ?"

— Mmh... Non, qui a dit ça ?

— Un grand philosophe.

— Oh, je vois que tu t'y connais.

Beaucoup.

— Bon, il serait peut-être temps de te lever, pas vrai ?

— Je suis bien dans le lit.

— T'es encore plus drôle que je l'imaginais dans ma tête.

Ah ?

— Je suis pas quelqu'un de très drôle.

— Le sarcasme est probablement l'humour le plus raffiné qui soit.

— Je suis pas sarcastique.

— Vraiment ?

Peut-être un peu.

— Tu te sens de te remettre assis, comme hier ?

— Mmh...

Je grimace et enfonce mes mains dans le matelas. Le médecin m'aide et pousse dans mon dos. Bientôt, il se décolle du matelas et je soupire, l'effort ayant été considérable. J'ai des fourmis partout.

— Tu penses pouvoir essayer de te lever ?

— Non.

— Taehyung... C'est la troisième fois que tu refuses.

— Je sens plus mes jambes.

— Je sais que tu mens, sourit-il.

Misère.

— Allez. On reste devant ton lit, ok ? Je veux juste pouvoir te regarder te tenir debout.

Il m'aide à passer mes jambes par-dessus les draps. Mes pieds nus entrent en contact avec le sol, je frissonne.

Bien sûr que j'ai peur.

Je suis même terrorisé à l'idée de ne plus savoir aligner un pas devant l'autre.

— Tiens-toi à moi. Pousse doucement sur tes jambes et- Voilà, comme ça, en douceur.

Il y a une infinité de réalités.

Dans l'une d'entre elles, je tombe la tête la première et replonge dans le coma.

— Encore un peu...

Ce serait quand même pas de chance.

— ...Voilà ! Mais c'est génial, Taehyung !

— Je suis tout coincé.

— Décrispe-toi. C'est ta peur qui t'empêche de te décoincer.

Savoir qu'il m'a percé à jour me fait rougir un peu, mais je prends une inspiration et m'exécute. Bientôt, je me tiens debout, bien droit, un peu titubant mais sans jamais avoir la sensation que mes jambes s'apprêtent à me faire faux-bond.

— Tu crois que je peux te lâcher ?

— Mmh...

Il recule mais sans abandonner mon bras. Sa main glisse pourtant de mon épaule à mon coude, de mon coude à mon avant-bras, de mon avant-bras à mon poignet et de mon poignet à ma main. Il ne me tient que du bout des doigts et je souris quand je le lâche.

Je fais un pas.

— Taehyung, doucement. Ça fait un mois que ton corps n'a pas autant bougé, il faut-

Un autre pas.

— Marcher c'est comme nager. Ça s'oublie pas, je souffle, les yeux sur mes pieds nus et audacieux.

Il veut répliquer mais se ravise et s'approche plutôt de moi au cas où je ferais un faux mouvement. Petit-à-petit, je chemine jusqu'à la porte, fais volte-face, chaque pas me prenant cinq longues secondes, et rejoins mon lit.

Quand mes fesses tombent sur le bord, je soupire de soulagement, heureux. Plus qu'heureux.

— Les jambes c'est donc ok, bravo Taehyung.

On s'échange un coup d'œil.

Et puis mon sourire se fane.

Je n'ai jamais, jamais eu de tels maux de tête de toute ma vie. Jamais si puissamment, si soudainement.

— Taehyung, allonge-toi ! Allonge-toi.

Je gémis, halète, la main sur ma tempe et je réalise, les yeux écarquillés, que mes doigts tremblent comme jamais ils ne l'ont fait. Mes jambes aussi. Je secoue la tête et les larmes perlent au coin de mes yeux.

— Calme-toi, Taehyung, c'est normal...

Je ne l'entends pas. Dans le lit, mes mains ne s'arrêtent pas de trémuler. Je tente de les tenir mais elles ne font que trembler ensemble. Il note ma réaction sur un carnet tandis que je me tourne sur le côté, mes articulations contre mon cœur.

— Taehyung...

— Je veux rester seul.

Dos à lui, je me roule en boule et coince mes mains entre mon torse et mes genoux. Mes lèvres frôlent mes phalanges, je ne bouge plus.

— Taehyung, ça peut être temporaire, d'accord ? Tu as fait un gros effort aujourd'hui. Tu-

— S'il vous plaît, que personne n'entre.

Il soupire. Quand il comprend, j'entends la porte s'ouvrir et se fermer.

Dès lors, je ne sais trop combien de minutes s'écoulent. Peut-être qu'elles sont assez nombreuses pour former une heure, comme des gouttes d'eau sont assez nombreuses pour former un lac.

Je me demande combien d'heures il faudrait pour former un Océan.

Si tout est quantifiable, il doit y avoir un nombre limité de gouttes dans l'océan. D'abord il faudrait se mettre d'accord sur la forme exacte d'une goutte d'eau, sa taille, sa largeur et sa profondeur. Je dirais qu'elle devrait être aussi grosse que deux grains de riz. Pour moi, ce serait la goutte parfaite.

Maintenant, combien en faudrait-il pour remplir un bac aussi gros que n'importe quel océan qui habite notre planète ? Ah, des milliards. Des milliards de milliards de milli-

La porte s'ouvre dans un grincement.

— J'ai dit que je voulais voir personne, je grommelle, la bouche contre quelques plis de drap.

La porte se referme.

Parfait.

Je disais donc.

Voilà, j'ai oublié. Bon sang, à quoi est-ce que je pensais, à l'instant ? Rendez-moi ce pour quoi je torturais mon esprit, pitié, c'est la seule échappatoire que j'aie pour faire abstraction de mes mains qui tremblent et de tout ce que cette jeune infirmière m'a balancé à la figure.

L'eau... Heu... Les gouttes...

Des pas. La personne n'a en fait pas quitté la pièce.

— J'ai dit que je voulais être seul ! Je crie, tandis que les pas se rapprochent dans mon dos.

Ah, oui. Combien de gouttes faudrait-il pour former un Océan ?

Et si je devais seulement le former avec mes larmes, combien d'heures faudrait-il que je pleure ?

L'inconnu, ou inconnue, s'arrête devant mon lit. Dehors, le noir habille le ciel, la chambre n'est éclairée que d'une lampe de chevet incrustée dans le mur. Si si, une sorte de néon enfoncé dans la fibre de vers, orange et sans danger pour les yeux. C'est ce qu'on m'a dit.

— Allez-vous en, je souffle finalement, épuisé de m'époumoner.

Laissez-moi penser à mon Océan de larmes.

A mes mains qui tremblent.

A mon avenir peut-être foutu en l'air parce que je ne serais plus capable d'aligner deux calculs sur une feuille.

Laissez-moi seul.

Je remarque que mes larmes coulent seulement quand je comprends qui est là. Je ne veux pas jouer la comédie ; ça fait quelques secondes que j'ai compris. Et mon coeur est tellement compressé que je n'arrive pas. Je n'arrive pas à me retourner, à lui faire face après ce que je sais. Après ce que j'ai fait.

J'entrouvre les lèvres, prêt à le supplier de ne pas choisir le poids que je vais être, mais une bouche chaude, tendre et humide s'écrase contre ma gorge. L'inspiration que je prends est si forte que ça me surprend. Ses cheveux tombent sur ma joue, je suis toujours dos à lui, il s'est penché sur moi. Sous mon oreille, il ne bouge plus, les lèvres toujours accrochées à ma peau. Elles n'émettent aucun mouvement.

Je me roule en boule. Je n'arrive pas à le regarder.

Mais avant que je puisse faire de mon corps un rempart incassable, Jungkook ruine mes efforts et attrape mes bras, mes jambes, il me dénoue avec force alors je pousse pour rester en position, mais il est trop puissant. Il l'a toujours été plus que moi sans l'avoir jamais utilisé contre moi.

Quand il arrive à me mettre sur le dos, j'abandonne ; mes yeux se font capturer par les siens. Je respire de plus en plus fort, jusqu'à ce que mon estomac ne se creuse.

Il est là.

Il est vraiment là.

Le tremblement de ma main rejoint sa joue. Penché sur moi sans qu'il ne soit monté sur le lit, ses orbes noirs décident de me mettre à nu, scrutent mes larmes, mon visage, puis ne lâchent plus mes yeux.

— J'ai cru que je verrais plus jamais leur couleur, murmure-t-il.

J'explose une seconde fois depuis mon éveil.

Allongé là, sur le dos, vulnérable et faible, les yeux clos et les lèvres séparées, je pleure si fort que ça doit s'entendre en dehors de la chambre. Mais personne ne vient. Heureusement, parce que si je dois être honnête, je n'ai même pas explosé comme ça avec mes parents. C'était moins chaotique.

Moins intime.

Mes doigts ne s'arrêtent pas de trembler sur ses joues. Je tiens son visage entre mes mains et je ne cesse de m'abandonner devant lui. Il me regarde.

C'est le moment qu'il choisit pour me prendre dans ses bras.

Je crois que j'attendais le feu vert. Il me tire à lui. Au lieu de rester là, je me lève, le prenant de court. Il me suit et, titubant sur mes deux jambes, je me laisse complètement tomber contre son corps. Il me serre contre son torse d'un seul bras, le droit, qui s'enroule autour de ma taille. Ses lèvres glissent dans mes cheveux. J'agrippe son t-shirt à manches longues de mes poings.

Dans la pénombre, on s'étreint fermement.

Je décolle mon front de son torse pour coller ma joue contre son épaule. Il se tend, ce que je ne comprends pas, mais la seconde suivante, ses doigts s'enroulent dans mes cheveux.

Le silence retombe quand nos gestes saccadés cessent d'envahir la pièce. Je me détends minute après minute, le corps moulé au sien.

Il est là. Il est venu.

Il me touche.

— Jungkook, je-

— Shh.

Comme je suis d'accord avec lui, je me tais.

On parlera plus tard.

Parce qu'il y a tellement à dire que commencer maintenant gâcherait le plaisir de se retrouver. Mais ce n'est pas que ça. Les discussions qui nous attendent vont être très dures. Et si je ne connais pas Jungkook dans son entièreté, je pense que ce sont ces futures conversations qui vont définitivement m'éclairer.

Sur ce qu'il pense. Ce qu'il est.

Ce qu'il attend.

De lui.

De moi, peut-être.

De nous, j'espère.

Quand je relève la tête, un petit sourire aux lèvres, je cherche les siennes. Son rictus me refait tomber pour lui.

— Non.

Je perds le mien.

Non ?

— Mais-

— Tu m'as fait attendre. A ton tour.

J'écarquille les yeux, abasourdi.

— Mais- Quoi... ?

Mais mais mais... Quoi ? M'imite-t-il, amusé.

Dans le noir, nos sourires se frôlent, nos regards caressent les lèvres de l'autre. J'ai l'impression qu'on est plus proche encore que si l'on s'embrassait. Un bout de ma joue se fait coincer entre son pouce et son index. Avec lenteur, il secoue ma tête de droite à gauche.

— T'auras ce que tu veux quand tu sortiras d'ici.

— Hein ?!

Quand mes yeux s'arrondissent de nouveau, il recommence à m'imiter, cette fois en copiant mon expression faciale.

— Mais Jungkook...

— Mais Taehyung...

Je grogne et plonge mon visage contre son torse. Il ricane et caresse mes cheveux.

Je sais qu'on ne doit pas parler maintenant. Qu'il ne faut pas. La situation est trop dramatique pour en rajouter. Mais quelques mots me brûlent la langue.

— ...Dis, pourquoi t'es pas venu avant ?

Silence.

— Plein d'exams.

Je plisse les yeux même s'il ne le voit pas.

Je suis tombé dans le coma un mois, en janvier. On est en février. Le trimestre en est à peine à la moitié, les examens ne sont-ils pas à la fin de ce dernier ? En tout cas s'il y en a eu autant, ce n'est pas normal.

Mon coeur se serre.

Il me cache quelque chose. J'ai peur. J'ai vraiment peur.

Quand je tente d'attirer son attention, j'attrape ses épaules, mais avant même de les avoir touchées, Jungkook saisit mes mains au vol et les coince entre nos corps pour croiser nos doigts.

On se dévisage. Je lui souris.

— D'accord.

Il ne me rend rien. Ça m'inquiète, mais je ne veux pas gâcher ce moment, alors je prends sur moi et n'en rajoute pas.

— Je dois filer. Les visites se terminent dans cinq minutes.

— Oh... Déjà ?

Il passe la main sur ma pommette.

— Tu... Tu reviens demain ?

— Oui.

J'incline le visage contre sa paume, soulagé pour une raison qui m'échappe. Son comportement est étrange.

— Alors... Alors à demain, je murmure.

Il hoche la tête. Je fixe ses lèvres et pince les miennes, frustré.

— Jungkook...

Il m'écoute. Il n'a pas bougé. On s'accroche toujours à l'autre ; lui à une seule de mes joues, car son autre bras pend le long de son corps, moi à sa taille.

— Je veux bien qu'on... Qu'on parle plus tard. Mais si tu as quelque chose à me dire sur... Sur nous deux, alors fais-le maintenant. Je veux pas me torturer l'esprit.

Je prends une inspiration et ancre mes yeux dans les siens.

— Je... Je veux savoir si tu veux qu'on soit amis.

Je veux savoir si tu ne veux pas qu'on soit plus que ça.

Il soupire et s'approche. Je sursaute, surpris, quand ses lèvres s'abaissent vers les miennes.

— La patience et toi ça fait deux, hein ? Chuchote-t-il, sa bouche frôlant mes lèvres.

Je ferme les yeux, transcendé, tandis que tout de lui m'envahit ; sa senteur, sa douceur et ses lèvres, oui, ses lèvres qui sont là, juste là, qui vont...

...Qui m'échappent.

Je poursuis son visage mais il se redresse complètement alors je suis obligé d'abandonner. A la place, je sens un baiser contre mes cheveux. Très agréable. Mais pas rassasiant.

— Concentre-toi sur ta guérison. On parlera de tout ça plus tard.

Je me vois obligé d'acquiescer. Une dernière fois, sa main flatte mon visage, puis il tourne les talons et je reste planté là, au beau milieu de la chambre, à espérer qu'il fasse volte-face pour revenir et me donner le baiser du siècle.

Mais la porte se ferme et, quelques secondes plus tard, une voix dans les haut-parleurs du couloir s'élèvent pour annoncer la fin des visites. Là-dessus, il ne mentait pas.

Je me glisse sous les draps, l'estomac noué d'angoisse.

...Est-ce qu'il ne veut plus de moi ? Est-ce que-

Mon téléphone vibre. Seule attraction de mes journées, je le saisis avec joie et m'apprête à répondre à Namjoon puis à traîner sur les réseaux sociaux pour m'occuper jusqu'à tomber de sommeil.

Mais le message que je reçois est tout sauf de la part de mon ami.







@jk.03

Merci d'être revenu Taehyung














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J'ai tellement réécrit la scène des retrouvailles que j'ai plus trop de recul pour savoir si elle est bien ou non ; j'ai juste choisi de faire quelque chose de "réaliste". J'espère vraiment que la scène était bien amenée, mais le meilleur reste à venir :)

Alors, comment interprétez-vous le comportement de JK ? ^^

Au final moi qui disais que ça se terminerait au chap 45... Ca va peut-être monter jusqu'à 50, y'a encore tellement de choses à traiter ! :p

Les amis j'attaque cette semaine mes dossiers de master, j'ai un dossier de 10/15 pages à rendre par matière donc autant vous dire que le travail est colossal. Il va, je pense, falloir attendre au moins une semaine à présent entre chaque update, j'essaierai de ne pas prendre + de temps ! Merci de votre compréhension ^-^ ♥


Je vous dis à bientôt pour la suite, prenez grand soin de vous, et bonne semaine à tous.tes ! ♥

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