Crazy hope

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Bien plus tard, le lendemain, le Chapelier, épuisé, sonna à la grande porte d'entrée du palais de la Reine Blanche. Comme aucune réponse ne lui parvenait, il se pencha vers le bois lisse et y colla son oreille quand soudainement le battant de la porte s'ouvrit dans un bruit sec. L'homme poussa un cri de surprise et failli bien s'étaler sur le sol mais retrouva de justesse son équilibre.

- « Bonjour ! Je... »

- « Il y a n'y a aucune réception. De ce fait, seul ceux étant sur la liste des invités libres peuvent entrer. » Dit une voix plate. L'homme plissa des yeux pour scruter l'intérieur du hall d'entrée sans apercevoir personne. Il baissa la tête et vit une grenouille, pas plus grande qu'un mètre, en tenue de garde, le fixant de ses yeux globuleux.

- « Oh ! Je suis un ami. » Affirma le Chapelier en se penchant. Il ne put s'empêcher de détailler les différentes pièces du costume. La moitié était rouge, l'autre blanche. Même si les deux Reines occupaient temporairement le même château sans trop de problème, une chose était sûre, elles ne s'étaient pas encore mises d'accord sur tout ce qui touchait à la couleur, comme pour les uniformes de la garde.

- « Votre nom. » Rétorqua l'amphibien. Le voyageur se redressa en fronçant les sourcils.

- « Tarrant Hightopp. »

- « Non. »

- « Le Chapelier. »

- « Non plus. »

- « Le... confectionneur de chapeau ! »

- « Non. »

- « Aaargh ! » Fulmina le voyageur toujours dehors. Il fixa la dernière tour blanche qui pointait vers le ciel et replongea son regard dans celui du valet toujours posté devant lui.

- « Dans ce cas... C'est notre chère Reine de cœur qui a fait la liste. » Il s'apprêta à faire demi-tour quand il se retourna avec un grand sourire. Il tenta une dernière fois :

- « Le Fou ? » La porte s'ouvrit totalement et la grenouille s'effaça pour le laisser entrer.

- « Ah ! » Sans attendre plus longtemps, il entra avec un air de victoire dans le palais lumineux à grandes enjambées. Il traversa le rez-de-chaussée et entra dans les jardins royaux.

- « Trois d'un coup ! Ma sœur, je pense que tu vas perdre... »

- « Sottise ! » Le Chapelier s'abaissa à temps pour éviter un hérisson qui atterrit dans la fontaine non loin derrière lui.

- « Chapelier ! Nous étions en train de jouer au croquet ! » La Reine Blanche laissa tomber le flamand rose qui lui servait de maillet sur le sol et se précipita vers son ami faisant voler au vent sa longue chevelure blanche. Derrière elle, sa sœur s'énervait sur les domestiques qui étaient venus assister au jeu pour retrouver le pauvre animal qui faisait office de boule, perdu quelque part dans l'eau.

- « Je ne te demande pas de te joindre à nous. » Puis chuchotant : « Ma sœur est mauvaise perdante... » En guise de réponse, l'invité inattendu lui offrit un grand sourire dénué de sens comme il en avait l'habitude de faire.

- « Nous serons mieux ailleurs. » La jeune dame jeta un regard gêné vers sa sœur qui ne cessait de crier sur ceux qui se trouvaient tout près d'elle. Elle entraina immédiatement son ami vers les labyrinthes du château avec toute la grâce qui la caractérisait. Ils déambulèrent dans les couloirs de haies pendant de longues minutes durant lesquelles ils échangèrent quelques banalités. Finalement, ils arrivèrent au centre du dédale de feuilles où se tenait un grand arbre dont les branches se tordaient et poussaient dans de diverses directions.

- « Aucune nouvelle d'Alice ? » Demanda soudainement la Souveraine, après un moment de silence. Le Chapelier s'arrêta net tandis qu'elle continua d'avancer jusqu'à l'étrange arbre et se hissa sur la pointe des pieds pour en attraper un fruit rose en forme de poire. Celui-ci, lumineux, s'éteignit lorsqu'il fut arraché à sa source de vitalité. Elle l'observa pensivement puis se retourna étonnée par le lourd silence qui venait de s'abattre sur eux deux.

- « Chapelier ? » Elle fronça élégamment ses sourcils sombres et jeta le précieux fruit derrière son épaule pour venir aux côtés de l'homme qui fixa le curieux aliment rouler jusqu'aux racines et y disparaitre.

- « Je suis venu chercher de l'aide. » Lui souffla-t-il.

- « Qu'espères-tu de moi ? » Elle se doutait déjà de ce qu'il en était mais ne voulait pas saper tous les espoirs de son ami de longue date. Ce dernier releva la tête et plus sérieux que jamais, il retira son chapeau en signe de respect.

- « J'aimerais la revoir. » Un moment de silence s'installa puis il reprit : « Qui sait quand elle reviendra ? Que devons-nous faire ? L'attendre ? Non, elle était là mais elle ne l'est plus et elle ne reviendra peut-être pas... Alice aurait pu rester, elle aurait dû rester, elle aurait été tellement bien ici, c'est ce qu'elle appelait son rêve, non ? C'est elle qui a donné le nom de « Pays des Merveilles » à notre monde, elle a tué le Jabberwocky, nous a libéré de la méchante reine ! Mais elle nous a laissé derrière elle, abandonné sans remord, elle m'abandonné sans s'en soucier, sans un regard en arrière, sans rien m'avoir demandé ! Quelle petite... »

- « Chapelier ! Tu t'emballes ! »

- « Sotte... ! »

- « Ce n'est pas de sa faute ! Alice à une autre vie, un autre monde où elle est née et a vécu durant toute son enfance et adolescence. Exiger qu'elle reste n'est pas correct de ta part, même en tant qu'ami. »
Il releva la tête doucement. Il avait les lèvres pincées, le regard triste, le tout formait une de ses moues particulières qu'il avait pour habitude de faire quand quelque chose ne lui plaisait pas ou qu'il était confronté à un obstacle.

- « Ma Reine... » La salua-t-il. Il lui fit un signe de tête et remit son chapeau sans un sourire.

- « Je suis tellement désolée... Seul Absolem peut prédire son arrivée prochaine. » Lui dit-elle alors qu'il s'éloignait déjà. Il se retourna et d'un air sombre, murmura :

- « Absolem est parti. » Puis, déçu, il disparut derrière une haie sans attendre une quelconque réponse.
Revenu dans le jardin, il sentit une tension qui régnait dans l'air. Intrigué, il jeta un rapide coup d'œil vers les domestiques. Ceux-ci étaient tous debout, parfaitement droit et tendus, chacun à côté d'un arbuste à attendre quelque chose.

- « Le dessert ! » Cria la Reine de cœur depuis la terrasse de marbre blanc. Elle avait la mauvaise manie d'exiger les choses de manière capricieuse, sur un ton qui n'autorisait aucune contestation. Immédiatement, le valet le plus proche du Chapelier s'élança dans le palais et revint à peine quelques secondes plus tard avec un plateau de muffins blanc en forme de cœur.

- « Blanc !? Je veux qu'ils soient rouges ! Rouges ! » S'écria-t-elle. Le valet pâlit et repartit tout aussi vite.
- « Ne vous énervez pas ma dulcinée... » Lui susurra le Temps, assis à la même table en face d'elle. Le Chapelier observa cet homme, le temps lui-même, aux étranges habits noirs, à son couvre-chef de la même couleur ainsi que son épaisse moustache d'ébène et ses yeux d'un bleu profond et glacial. Ce « couple » était des plus surprenants, surtout quand on savait que la Reine de cœur n'avait que faire de son soupirant, qui lui aurait au contraire tout fait pour elle. Le jeune homme, toujours caché derrière la haie au début du labyrinthe, abaissa son chapeau plus bas afin de cacher une partie de son visage, pour espérer ne pas être reconnu. Il tenait en horreur la compagnie de cette femme. Il traversa tout le jardin jusqu'à une petite porte recouverte de lierre dans le mur du palais, de l'autre côté. La main sur la poignée, il remercia mentalement les protestations lancées par la grosse tête au sujet des pâtisseries qui avaient détourné l'attention de tous quand un morceau de leur discussion attira son attention.

- « Vous devriez prendre quelques vacances... Pour vous calmer un peu ? » Suggéra timidement le Temps. Sa compagne lui lança un regard courroucé et sa tête vira au rouge cramoisi.

- « Pour aller dans le monde dont vous me rabattez les oreilles sans arrêt ? Non mais vous avez perdu la tête ? » S'énerva-t-elle. Le Chapelier laissa échapper un petit rire malgré lui.

- « Perdre la tête, quelle bonne blague ! » Rit-il de plus belle. La poignée de la porte se réveilla et lui mordit la main le faisant pousser un petit cri aigu.

- « Interdiction d'entrer par ici ! » Prononça la serrure.

- « Je ne t'avais pas demandé ton avis ! » Répliqua l'homme en inspectant son doigt meurtri.

- « Qui est là ! » Vociféra la Reine. Elle se retourna et se calma quelque peu. « Vous là, le Chapelier Fou ! »
Celui-ci se tut instantanément et, après avoir jeté un dernier regard venimeux vers la fichue porte, il s'avança vers la femme qu'il appréciait certainement le moins, quant à l'autre homme en face d'elle...
- « Excusez-moi, je n'ai pas plus le temps de m'attarder d'avantage... Peut-être votre ami pourrait-il me prêter un peu de... lui-même ? » Il rit de sa propre blague puis s'adressa à l'intéressé :

- « Avouez que c'est compliqué tout ça ! »

Celui-ci roula des yeux, fatigué de toutes ces piques lancées à son sujet. Etre le Temps n'était pas toujours drôle...

- « Tiens, tiens... Je vous avais presque oublié ! » Dit-il avec lassitude. Le Chapelier n'eut qu'un sourire effronté pour toute réponse.

- « Et bien ? Que faites-vous là ? » Exigea de savoir la femme de cœur, faisant à nouveau cesser de sourire le visiteur. Celui-ci pris un air désinvolte.

- « Je suis venu rendre visite à votre sœur. Elle m'a commandé un couvre-chef pour votre prochaine réception, la semaine prochaine. »

- « Une visite pour un seul chapeau ?» Dit-elle d'un air méfiant.

- « Elle m'en a commandé toute une série ! Oui, pour faciliter son choix. Vous savez, les goûts sont forts changeant chez une dame... » Il s'apprêtait déjà à s'éclipser en poussant un soupir de soulagement discret quand :

- « Combien ? » Demanda-t-elle.

- « Plait-il ? »

- « Combien ? Combien de couvre-chefs vous a-t-elle commandé ? » Commença-t-elle à s'énerver.

- « Cinq. » Ce fut le premier chiffre qui lui vint à l'esprit.

- « J'en veux six. »

Le domestique réapparut avec d'autres muffins colorés en rouge puis s'éclipsa à nouveau. La Reine Rouge porta son attention sur son dessert et ne s'occupa plus de qui que ce soit.

- « Bien sûr, comme vous le désirez. » Concéda le Chapelier. Il fit une grimace de mécontentement. Voilà qu'il se retrouvait avec onze chapeaux à confectionner dans un délai d'une semaine... Bien qu'il travaillait efficacement, ses projets n'incluaient pas de couture ni de bricolage. La Reine fit un geste exaspéré de la main en le voyant encore debout, planter à côté d'elle. Voilà comment congédier quelqu'un de manière très subtile... Il plissa les yeux, appréciant peu sa manière d'agir avec lui, et se détourna. En partant il glissa tout de même :

- « Il est vrai que de temps à autre... Il est bon de prendre du recul, de parcourir d'autres contrées et d'arrêter de faire preuve de malice... » Il jeta un coup d'œil derrière lui en direction du Temps. Celui-ci lui jeta un regard entendu, lui faisant comprendre qu'il avait parfaitement compris sa requête.

Rien n'était perdu.

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