Welcome to London

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Après un long voyage en mer, Marie-Laure posa enfin pied à terre dans la soirée. Jamais elle n'avait ressenti pareil soulagement, le voyage ayant été fort mouvementé pour elle, elle avait très vite compris ce qu'avait voulu dire Alice par "avoir le mal de mer".

- "Plus jamais..." Murmura-t-elle en passant une main tremblante sur son visage, tandis que ses couleurs revenaient peu à peu.

Comme elle s'y était attendue, il dégageait de l'Angleterre une toute autre atmosphère qu'en Ecosse, mais ce n'était malheureusement pas dans le sens qu'elle avait espéré.

- "Quelle est cette odeur ?" Demanda-t-elle en descendant sur le ponton, faisant la grimace après s'être assurée d'avoir retrouvé un semblant d'équilibre.

- "Ce sont les poissonneries qui bordent les quais. Je dois avouer que nous n'avons pas amarré dans le port où nous aurions dû normalement arriver, je suis désolée..." S'excusa Alice.

- "Pourquoi ça ?"

- "Je ne pouvais me résoudre à continuer ce voyage quelques heures de plus en te sachant couchée dans ta cabine, malade. Ton calvaire avait assez duré !" Rit-elle.

- "Il est vrai que ce n'est pas plus mal d'être à terre un peu plus tôt, même si le décor est..." Elle s'écarta précipitamment pour laisser passer deux hommes à forte carrure trainant un lourd filet rempli de poissons fraichement pêchés. "...de mauvais goût."

Elle laissa Alice donner ses dernières instructions à son équipage et en profita pour observer le port de cette nouvelle ville. Outre cette odeur nauséabonde provenant des poissonneries, elle remarqua à quel point l'Ecosse lui paraissait si loin à présent. Il n'y avait rien en ce lieu qu'elle puisse rattacher à sa nation. Aussi loin qu'elle pouvait regarder, une barrière de toits gris et crasseux faisait obstacle entre elle et l'horizon. Un horizon que jamais elle n'aurait imaginé perdre de vue, ayant toujours vécu à la campagne. Tout était gris et rempli de tristesse.

Elle observa ensuite les gens. La misère l'écrasa au même titre que la culpabilité. Comment pouvaient-ils vivre ainsi ? Les pêcheurs n'étaient pas allés pêcher tranquillement au bord du ponton mais ils revenaient tous d'une longue journée accablante. Leurs mains sales, leurs vêtements trempés, imprégnés de toutes sortes d'odeurs peu agréables, ils étaient en route pour rentrer chez eux, rejoindre leur famille. Marie-Laure serra son châle de soie couleur crème autour de ses épaules, ne réussissant pas à détourner le regard de ces visages pâles et fatigués. Elle avait devant elle la plus basse des classes sociales. A côté de leur quotidien, ses anciens voisins, avaient bien de la chance... Et elle alors ? Comment pouvait-elle juger ce qu'elle voyait alors qu'à elle seule sa tenue valait une semaine de repas pour nourrir une dizaine de ces gens ? Un mal être l'envahissant peu à peu, elle chassa bien vite ces questions dérangeantes de son esprit et détourna finalement les yeux pour reporter son attention sur Alice qui justement descendait du navire.

- "Alice ! Que faisons-nous maintenant ?" L'appela-t-elle en rebroussant chemin pour venir à sa rencontre. Alice perçut quelques tremblements dans sa voix et s'empressa de la rejoindre.

- "Ne t'en fais pas, notre voiture est juste au coin de la rue. Mr. Wayne nous y accompagnera avec nos valises." Ajouta-t-elle, la voyant se crisper. Elle désigna de la main un homme d'un certain âge, occupé à décharger les sacs de voyage du bateau. Puis lui glissant tout bas : "Contrairement à ce que tu peux penser, lorsque ce port a été construit, nombreux sont ceux qui ont remercié le ciel pour le travail qu'ils ont pu y trouver. La misère est partout et dans chaque ville que tu visiteras, ça fait partie de la vie. Mais Marie-Laure, les temps changent et un jour la chance tournera. Je sais que cela est révoltant, désolant et injuste même ! Mais néanmoins, j'espère que tu ne resteras pas sur cette première impression vis-à-vis de Londres durant tout ton séjour..."

Malgré son petit sourire qui se voulait encourageant, cela ne suffisait pas à dissiper le nuage de tristesse dont ses yeux s'étaient soudainement emplis. La jeune Ecossaise hocha la tête et ensemble, suivie de Mr Wayne, elles se dirigèrent vers la rue parallèle aux quais et se hâtèrent pour éviter de s'attarder plus dehors à une heure aussi tardive. En effet, le soleil, au loin, semblait déjà en partie engloutit par les vagues.

Marie-Laure sentit un poids se lever de ses épaules quand enfin la porte de la voiture se referma derrière elle. L'habitacle confortable formait un cocon protecteur autour des deux jeunes femmes. Elle se laissa envahir par ce sentiment de bien-être et de sécurité qui lui apporta plus de réconfort que son châle, qu'elle posa sur la banquette à côté d'elle.

- "Excuse-moi, Alice, j'ai conscience d'avoir l'air totalement stupide..."

- "Ne t'excuse pas ! Je sais que c'est dur de voir ça, nous venons d'un autre monde, nos mères nous auraient certainement sermonné si elles savaient que nous nous étions aventuré dans ce quartier de la ville. Il est rare que des gens de la haute classe passent par ici, et s'ils le font, en général, c'est en voiture, mais jamais tu ne verras un gentilhomme et une dame se promener bras-dessus-bras-dessous dans ces rues." Expliqua la Londonienne.

- "Je ne pensais pas que... Enfin, bien sûr je me renseignais auprès de mon père à propos de ces inégalités présentes dans la société quand il rentrait de la ville et qu'il ramenait des journaux mais... Je n'avais jamais vu de me yeux ce qu'il en était exactement. Je suis bien naïve d'avoir pensé que je m'en allais pour retrouver un endroit semblable à celui que je quittais... Cloitrée dans une maison à l'abri de tous ces problèmes !" Encore une fois, elle n'avait pu s'empêcher d'avoir remarqué que tandis qu'elle était habitée par un sentiment de tristesse et d'impuissance face à ce dont elle venait d'être la témoin, Alice, elle, régissait avec optimiste et détermination. C'était ce genre de personne qui ferait avancer le monde.

- "Ne pense plus à ça, tu t'y feras très vite et si tu veux, rien ne t'empêche d'aider ces gens-là, tu peux faire la différence."

- "C'est ce que tu fais toi ?"

- "Je ne rate jamais une occasion." Sourit Alice. "Maintenant jette un coup d'œil par la fenêtre..."

C'est ce que Marie-Laure s'empressa de faire avec une certaine curiosité. Ils venaient de quitter le quartier des pêcheurs, l'air de la mer se changeait peu à peu en diverses odeurs de la ville à mesure que les chevaux entrainaient la carriole vers le centre. La rue non-pavée s'élargit jusqu'à former deux bandes. Bientôt des dalles de pierre grises recouvrirent la route et la jeune écossaise put enfin, pour la première fois, écouter distraitement le bruit caractéristique des chevaux lorsqu'ils faisaient claquer leur fer sur le sol. Un bruit qui était familier pour tout riverain des grandes villes.

Ses yeux s'agrandirent d'admiration quand elle découvrit les nombreuses grandes maisons aux murs blancs, à l'architecture délicate et élégante. L'ambiance était encore agréable même maintenant qu'il faisait nuit noire, tous les cinq mètres, un lampadaire éclairait une parcelle de rue de sa flamme vacillante. Certaines bâtisses étaient pourvues d'une plaque dorée, accrochée en évidence à côté de la porte d'entrée ou vissées sur le devant de la propriété à un petit muret. Elle put lire en vitesse sur l'une d'elle, écrit en lettres capitales :

« CONSULTING DETECTIVE, Mr. HOLMES & Dr. WATSON ».

- "Il doit y avoir pas mal de personnes de haute importance qui habitent de ce côté de la ville..." Remarqua-t-elle.

- "Si tu parles du célèbre détective consultant et de son acolyte, alors tu ne crois pas si bien dire... Mais ces deux gentlemen ne sont pas comme ces hommes riches et imbus d'eux-mêmes, c'est pour cela qu'ils ne font rien comme tout le monde! Mais ce qui en est des autres... C'est amusant comme les gens qui pensent se ressembler se regroupent tout naturellement..." Dit Alice en lâchant un petit rire ironique. Marie-Laure ne releva pas et continua d'observer ces gens rentrer chez eux, pour le dîner après avoir été assister à une pièce de théâtre ou un opéra. Ils étaient en couple la plupart du temps ou en bande d'amis, ils riaient fort et semblaient tous ravis. Marie-Laure espérait un jour éprouver la même joie, la joie d'avoir vu et découvert autre chose que ce qu'elle voyait chaque jour chez elle.

- "J'aimerais voir une projection un soir..." Lâcha-t-elle soudainement, le cœur battant.

- "Une projection ? Je ne n'en ai jamais entendu parler... C'est encore quelque chose que tu tiens de tes journaux ?" Sourit Alice. Son amie se redressa et une lueur pleine de passion s'alluma dans ses yeux. Elle lui expliqua avec de grands gestes et un immense sourire aux lèvres :

- "En effet, d'après "The Scotsman" c'est très tendance, il parait que rien n'est plus spectaculaire ! Il s'agit enfaite d'un appareil très sophistiqué appelé "lanterne magique". Apparemment ils y passent des images qui une fois à l'intérieur sont projetées sur un grand écran ! N'est-ce pas incroyable ? Il n'était pas expliqué comment cela fonctionne, tout ce que je sais c'est qu'ils arrivent à faire bouger ces photos sur de courtes séquences... Mais c'est une invention qui va faire le tour du monde j'en suis sûre !"

- "Si ces informations sont arrivées jusque chez toi, alors je veux bien te croire!" S'exclama Alice en riant. Elle reçut une tape sur l'épaule pour toute répartie.

- "Ne te moque pas de moi." Répondit gentiment la jeune femme en jetant à nouveau coup d'œil par la fenêtre. "Quand arriverons-nous ? J'en ai marre...!" Elle s'étira en baillant et soupira de lassitude.

- "Et bien nous y voilà !" S'exclama Alice en passant à son tour sa tête par la fenêtre.

Le cocher fit arrêter les chevaux au bout d'une allée de petits graviers blancs et gris et entreprit de décharger immédiatement l'arrière de la carriole tandis qu'un valet s'était avancé pour ouvrir poliment la porte aux deux jeunes femmes.

- "Bienvenue chez vous Miss Kingsleigh."

- "Merci John." Alice attrapa son unique sac de voyage et gravit les marches vers l'entrée de sa demeure accompagnée de son amie, ébahie.

- "Je pensais que tu habitais en ville... "

- "Nous ne sommes pas loin du centre, seulement à vingt minutes de marche. La maison te plait-elle ?"

- "C'est splendide ! Et c'est très grand... Bien plus grand que chez moi à vrai dire ! C'est typiquement anglais..."

- "Et tu n'as pas encore vu les jardins !" Rit Alice. Les deux battants de la porte d'entrée étaient grand ouverts avec deux domestiques postés de part et d'autre pour les accueillir comme il se devait. La lumière inondait le hall d'entrée jusque sur les marches du perron. Marie-Laure sentit une douce chaleur l'envelopper et se réjouissait déjà de manger quelque chose de consistant, quand Alice l'arrêta avant qu'elles ne mettent un pied à l'intérieur.

- "Ecoute... Je sais que même si tu n'en as pas l'air, tu es nerveuse et soucieuse de savoir comment ça se passe chez nous. Mais ne t'inquiète pas, considère cette maison comme la tienne !" Puis se penchant vers elle, elle chuchota à son oreille :

-"Je te ferai savoir, si l'occasion se présente, quand il vaudra mieux que tu te méfies de certaines personnes." Sur-ce, elle lui sourit et l'entraina dans le vestibule en remerciant les domestiques qui la saluèrent sur son passage. Marie-Laure la suivit, un air soucieux peint sur son visage.
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Bonjour!

Merci de me lire et merci pour les commentaires! N'hésitez pas à me faire part de votre avis sur cette partie. 😉😊
Le prochain chapitre suivra très vite. 😄

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