13

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng


C'est Isidore qui toque à la porte, en bas. Coline le sait, mais n'arrive pas à bouger d'un pouce. Elle s'est habituée à supporter son mal, alors elle s'est mise à lire avec un peu de thé, juste pour se réconforter. Mais la flemme de quitter son presque refuge prime sur le coup.

Sa mère a dû ouvrir, car un claquement de porte s'est fait entendre. Il est déjà 20 heures passé, pourtant. Puis, d'une manière inédite, on toque à la porte de sa chambre.

— Entre, annonce la blonde.

Isidore en personne, comme prévu. Il entre et lui lance à la gueule un énorme plaid. Elle regrette un peu de l'avoir détesté durant tout le lycée, alors qu'il est là, à l'aider.

— Je croyais que tu blaguais quand tu disais que t'allais venir... remarque-t-elle en regardant sa montre.

Il avait envoyé son message deux heures auparavant quand elle ne ressemblait à rien. Isidore referme la porte et soupire.

— J'étais avec Anatole, tu sais, mon meilleur pote qui a changé de lycée. Mais bon, c'est une autre histoire. Je suis là maintenant.

Et Coline sourit bêtement parce qu'il arrive quand elle se remet enfin un peu de son néant. Mais tout de même, ça lui fait du bien de se sentir moins seule. Et tant mieux s'il est arrivé en retard. Elle avait encore un peu besoin de solitude et d'intimité pour se remettre du cours des événements.

— J'ai pris mon plaid, affirme-t-il en s'allongeant sur le lit.

Il écrase le ventre de Coline. Et elle se redresse un peu pour ne pas étouffer sous son poids. Elle manque d'éclater de rire quand il tombe du lit. C'est aussi spontané que leur amitié.

— J'ai un programme pour te faire sortir de ton cœur brisé, annonce-t-il d'un ton solennel.

Elle lève la tête. Son mascara a sûrement dû couler parce qu'il décide de souffler sur son visage pour le dégager de quelques mèches rebelles. Avec un doigt, il frotte les contours des yeux de la blonde et Coline sent son corps se réchauffer sous le contact rassurant.

— Je t'écoute, dit-elle avec une voix un peu rauque, sûrement à cause de son corps pas assez hydraté.

— D'abord, on se roule en boule dans mon plaid. Ensuite, je te fais rire. Et après, j'improviserai.

Pourquoi pas, se dit-elle.

Il la force à serrer ses jambes contre elle. Ensuite, Isidore enroule son énorme plaid taupe autour d'eux lorsqu'il s'installe auprès d'elle. Les deux sont très sérieux et Coline observe le blond en train d'appliquer son programme.

— Fais-moi rire, ordonne-t-elle.

Alors il lance une vidéo sur YouTube de gens en Skype qui rient en chaîne. Au bout du troisième, elle ne peut s'empêcher d'éclater de rire. Même si c'est plus nerveux qu'autre chose. Elle rit parce que bon sang c'est vrai que c'est drôle.

Le sourire de Selim apparaît subitement dans la tête de Coline.

Rien.

Son rire disparaît d'un coup en repensant à son après-midi passé à se morfondre. À réfléchir sur le Tout ou Rien.

— Bon bah c'est un fail, remarque-t-il en éteignant son écran.

— Non, non, c'est juste moi qui...

Il la coupe dans ses paroles avec un doigt placé sur les lèvres de la blonde, accompagné d'un « Shhhh... ». Isidore le retire ensuite pour inviter Coline à poser sa tête sur son épaule. La blonde ne sait pas vraiment si elle doit le faire.

— Pour quoi faire ?

— J'improvise. Mon but c'est que tu te sentes mieux.

Elle obéit, soupire et se sent mieux. Pas de beaucoup, mais un peu quand même. Traîner avec Isidore reste léger et réconfortant.

— T'es fort en impro, avoue-t-elle.

— Bien sûr, pour qui tu m'as pris ?

La blonde devine le sourire du con. Elle vient de lui gonfler son ego.

— Hé ! T'as levé les yeux au ciel, là ! se plaint-il.

Coline sourit, sans pouvoir s'en empêcher.

— T'es con, réplique-t-elle en pinçant son bras droit.

Ensuite, pendant de très longues minutes, y a eu ce silence confortable dans lequel Coline s'est imaginé des moyens d'aller mieux quand Isidore rentrera chez lui. Pendant ce temps, le blond fixe le cadre photo accroché sur le mur de Coco', où on peut reconnaître une photo d'Angèle et elle.

C'est doux comme instant de se sentir un poil mieux, sans en faire des caisses. Juste besoin d'une épaule sur laquelle s'appuyer et les cils longs du blond sur lesquels se concentrer.

— Isidore ?

Il se tourne vers elle.

— Tu sais. Si j'ai le cœur brisé, c'est parce que je suis déçue, triste et me sens mal dans ma peau. Tu peux improviser pour que je me sente moins banale dans cet univers ?

Isi' joue avec les doigts de la blonde, comme pour s'occuper un instant.

— Pourquoi tu te sens banale ? demande-t-il simplement.

Le ton qu'il prend est sérieux et presque distant. Coline ne sait pas trop si c'est sa requête qui l'énerve ou le fait qu'elle lui vole un peu de son plaid.

Mais elle réfléchit à sa réponse avant de se lancer sincèrement :

— Je me sens banale tout le temps. Je sais pas, sur tous les points, tous les domaines et y a rien qui me prouve que je ne suis pas banale. Je sais pas comment t'expliquer ce sentiment... C'est juste que ça me rend dingue de me sentir en retrait, pas intéressante ou juste, inutile. Même en amour, alors que j'ai fait des efforts. Ça me fatigue.

La blonde ajoute :

— Angèle me fait tout le temps des compliments quand je me plains ou bade. Elle me dit que je suis pas banale, que j'ai plein de qualités et que des belles choses à offrir. Même Selim il m'a dit que j'étais géniale tout à l'heure. Mais j'ai juste vraiment l'impression que c'est faux, parce que c'est jamais suffisant. Comme si j'étais juste insuffisante en général. À quoi ça sert de ne se croire pas banale quand tous les résultats qu'on reçoit s'approchent du zéro ?

Silence.

— Bon, écoute-moi bien sinon je te refais tomber des escaliers demain, débute-t-il en essayant de ne pas paraître trop crispé par ce qu'elle a dit.

Coline arrive à lire en lui ces derniers temps. Est-ce qu'il arrive à lire en elle, de son côté ? Est-ce qu'il peut voir tous les remerciements qu'elle aimerait lui transmettre d'un regard ?

— Je vais pas te faire de compliments parce que ça te gêne. Mais je vais te dire tout ce que t'es pas. Pour que t'ouvres enfin tes yeux, idiote.

Isidore glisse sa main dans la sienne et la presse comme pour lui donner du courage et offrir de la valeur à ses futurs propos.

— T'es pas Angèle, ni Selim, ni moi, ni les autres humains sur Terre. T'es pas intouchable, t'es pas fautive de penser que t'as le droit de kiffer des gens. T'es pas bête, t'es pas ce que tu crois que t'es, parce que là, merde quoi, on serait foutu sinon. T'es pas la seule à se sentir mal en général, parce que t'es avec la personne qui se sent le plus naze au monde. T'es pas banale ou nulle Coline. Sauf quand tu me fous des coups dans l'anus.... Bref, en tout cas, avec moi, j'ai vraiment l'impression que t'es plutôt la fille qui me débanalise ces derniers temps. Alors, arrête de te sentir banale, idiote. Tu disais que rien ne prouvait que t'étais pas banale, bah écoute, Coco', moi je viens de te prouver que t'es pas banale du tout.

Elle en perd ses mots.

— Je suis pas banale ? Tu le crois vraiment ?

Le lui faire répéter l'aiderait peut-être à graver ses remarques dans son esprit.

— Oui, t'es la moins banale de tous les pas banals. C'est simple : tu vaux le coup, Coline.

Elle ne sait pas s'il le dit sincèrement ou juste pour lui donner à entendre ce qu'elle a toujours souhaité entendre. Mais Isidore a réussi sur le coup. Elle ne s'est jamais sentie aussi spéciale qu'à présent. À côté de lui, son meilleur ami.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro