Chapitre 2 - Léo

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LUNDI 2 MARS 2015

Je gribouille sur ma feuille en écoutant ce que disent mes collègues. Ma garde a été horriblement longue et avec ma gueule de bois de la nuit dernière, je n'ai pas encore récupéré. Je n'aurais pas dû sortir, j'évite de le faire la veille d'une garde, mais c'était plus fort que moi. J'en avais besoin. La porte de la salle s'ouvre et c'est Susan, la cadre du service de pédiatrie. C'est surtout la personne à qui je dois mes études et ma place ici, une véritable amie ou plutôt quelqu'un de la famille. Une des rares personnes, autre que mon frère et ma sœur, que j'arrive à supporter. Et inversement.

Elle est accompagnée d'une jeune femme, toute timide et qui a les joues légèrement rougies. Je l'ai déjà vu quelque part j'ai l'impression. En même temps, je ne porte attention à aucune femme que je croise alors je peux l'avoir vu n'importe où. Susan nous la présente. C'est la nouvelle infirmière du service et elle vient des États-Unis. Elle m'a l'air super timide. Elle va devoir changer si elle ne veut pas se faire bouffer par certaines.

Ça y est j'y suis ! Je sais où je l'ai vu ! C'était dans l'ascenseur il y a plusieurs jours. Elle ne me regardait pas dans les yeux et avait ce petit rouge aux pommettes, comme maintenant. Je lui avais indiqué le chemin et elle m'avait fait sourire, ce qui ne m'arrive jamais. Je me souviens m'être retourner sur elle pour observer ses formes harmonieuses, loin de mon stéréotype habituel.

Kaithlyn... Elle a un joli prénom, qui roule parfaitement entre mes lèvres.

Son regard tombe dans le mien et je m'y accroche, mais en moins de deux secondes, elle le détourne. Je connais une autre manière de lui mettre le rouge aux joues et j'avoue que... Je me reprends et efface mon sourire bête. Elle n'est pas du tout mon type de femme physiquement et certainement pas le genre de fille qui couche avec le premier inconnu qui passe. Et qui plus est, c'est une collègue.

***

Je suis sur la route de la maison. J'ai discuté pendant près d'une heure avec Susan par rapport à un petit patient que nous suivons depuis près de quatre mois pour un neuroblastome et ses parents veulent arrêter le traitement. C'est le pire échec lorsque les parents désistent avant même d'atteindre les premiers résultats. Ça m'a un peu chamboulé lors de cette fin de garde, mais il est temps de rentrer et de me coucher une heure ou deux.

Enfin, ce serait l'idéal, mais ma petite sœur, m'a appelé à l'instant afin que l'on parte quelques jours au soleil tous les deux. Ça tombe bien je ne savais pas quoi faire pendant ma semaine de vacances. Je déteste rester chez moi, seul. Alors je dormirais dans l'avion ce n'est pas bien grave. Ma sœur a ce don pour être spontanée et parfois ça me fait du bien, car tout est trop ordonné dans ma vie. Malgré que je sois le mec le plus désordonné intérieurement.

Je rentre chez moi et ma sœur m'accueille avec la pêche. Moi c'est tout le contraire. L'adrénaline du boulot est redescendue en flèche et j'ai besoin d'une bonne douche pour me réveiller.

— Vite Léo on va être à la bourre !

— C'est à cause de tes plans de dernière minute ça. Et on va où d'ailleurs ?

J'embrasse sa joue pour lui dire bonjour et monte en retirant mon pull et elle me suit.

— À Cancún !

Je me retourne vers elle.

— Tu es sérieuse ? Tu va me faire faire dix heures de vol pour à peine une semaine ?

— Bah oui, mais il fait super chaud là-bas ! Je n'avais pas envie que l'on parte au ski, tu détestes ça en plus. J'ai choisi au hasard.

Je soupire en souriant.

— Toi et ton projet de faire le tour du monde... Prépares ma valise pour la peine, je vais me doucher.

— C'est comme si c'était fait !

Je vais rapidement sous la douche. Cancún... C'est ma sœur tout craché ce genre de plan. Mais je lui ai trop souvent fait défaut alors de temps en temps j'accepte. Après tout, je ferais n'importe quoi pour elle et Thomas, mon petit frère de sept ans plus jeune.

Je me prépare rapidement pendant qu'elle ne cesse de me répéter que nous allons être en retard. Je ne le suis jamais, ça ne commencera pas aujourd'hui. Nous nous mettons finalement en route pour l'aéroport, ma sœur est surexcitée et moi je vais peut-être pouvoir décrocher un peu du quotidien. Ça ne peut pas me faire de mal.

***

JEUDI 5 MARS 2015

La chaleur s'infiltre sous ma peau et c'est tellement plus agréable que le climat français. Je me fiche des saisons, l'hiver ne me gêne pas, mais être au soleil, les pieds dans l'eau... Que demander de plus ? Peut-être que Thomas soit avec nous.

— L'eau est trop bonne, Léo ! Pourquoi tu restes sur ta serviette à lire ?

— Parce que malgré les vacances, j'ai un boulot.

Je souris en me retournant sur le dos et pose mon livre sur l'oncologie pédiatrique puis j'arrange ma casquette sur ma tête.

— C'est quand la dernière fois que tu es parti en vacances avec nous ?

— Ça ne fait pas si longtemps que ça.

— Si... Au moins un an ! On devrait faire ça plus régulièrement. Tu as souvent des congés en plus.

— Je sais, je suis désolé. Ça me plaît assez de partir comme ça, à l'improviste et un peu n'importe où.

— Tu me comprends maintenant n'est-ce pas ?

— De temps en temps j'ai dit ! Pas comme toi tu fais.

— Il faut sortir un peu de tes sentiers battus Léo, vivre un peu ! Tu n'as même pas trente ans et tu es bloqué dans ta vie depuis trop longtemps.

Je lève les yeux au ciel.

— Tu dis n'importe quoi. Je ne suis pas bloqué dans ma vie. Pour l'instant je me concentre sur ma vie professionnelle. Je viens de commencer il y a peu.

— Il n'y a pas que le professionnel qui est important ! Ta vie personnelle compte beaucoup aussi. Genre une petite amie pour passer le temps !

Je hausse les épaules. Elle ignore que je ne peux pas avoir de petite amie comme elle le dit. Et surtout que je n'en veux pas. Je n'aime personne et personne ne m'aime c'est ainsi depuis des années et ça ne changera jamais. Ma vie a été écrite de cette façon. Elle ignore que je comble tout mon désespoir et ma tristesse en sautant une fille différente quand l'envie m'en prend. Elle ignore tout de l'obscurité de ma personnalité sauf cette chose dont nous ne parlons jamais depuis toutes ces années... Et je veux préserver la bonne image qu'elle a de moi au maximum. Je dois montrer l'exemple, c'est mon rôle en tant qu'ainé et je le tiendrais au mieux.

***

LUNDI 9 MARS 2015

Je me suis réveillé à l'aube comme à mon habitude. Et le décalage horaire n'aide en rien. Nous sommes arrivés à Paris hier après-midi. Et cette semaine a réussi à achever ma sœur, qui n'a pas ouvert la bouche de tout le vol. Pour moi ça a été horriblement long, car l'avion et moi ça fait deux. Enfin bref, c'est reparti pour une semaine. Je travaille aux consultations pédiatriques aujourd'hui et je sens déjà l'ennui. Je ne suis pas médecin traitant, je n'ai pas fait ça pour ça, mais je suis obligé d'y passer de temps à autre. Vivement que certains de mes projets se mettent en place.

Je sors de ma salle de sport après une bonne séance de cardio et je n'ai plus qu'à prendre ma douche puis partir affronter ma journée. Vivement ce week-end, que je me défoule un peu, à ma façon.

***

J'arrange ma blouse en me dirigeant vers le bureau des consultations. Il n'y a encore personne dans la salle d'attente, parfait. La porte est déjà entrouverte. Quelle infirmière vais-je me coltiner toute la journée ? Encore une qui va me coller ou me gonfler avec ses sous-entendus, je le sens bien. Je m'approche de la porte et regarde sans un bruit. Elle est dos à moi et je ne mets pas plus de deux secondes à deviner qui est là... Cette fameuse nouvelle infirmière. Je me souviens de son prénom, sans avoir trop à réfléchir.

— Bonjour Kaithlyn.

Elle sursaute en se tournant vers moi et je suis certain de ne plus pouvoir décrocher mon sourire en coin. Je retire tout ce que j'ai dis : cette journée va être très intéressante.

— Bonjour. C'est toi aux consultations ?

J'acquiesce en lui souriant et lui enflamme ses jolies pommettes. Elle détourne le regard en me disant que c'est son premier jour ici et que je ne dois pas hésiter à lui faire des remarques. Je ne vais pas me priver de l'observer surtout. Non mais qu'est-ce que je raconte bordel de merde ? C'est une collègue et ma première règle est de ne jamais coucher avec. Je déraille aujourd'hui, les vacances m'ont ramolli le cerveau.

Je vais m'asseoir derrière le bureau pour consulter le planning, mais mon regard est de nouveau attiré par elle. Qu'est-ce que je peux bien lui trouver ? Elle est complètement différente de mes plans cul habituels. Elle est brune aux cheveux bouclés et elle a des formes généreuses qui me font tourner la tête. Mes conquêtes habituelles sont blondes, font une taille trente-six, insignifiantes et je les trouve ni belles ni sexy. Tandis qu'elle...

J'appuie mon coude sur le bureau, et mon menton sur ma main et la regarde préparer je ne sais quoi, certainement ses soins pour la journée. Elle se retourne vers moi et je me redresse, pris en flagrant délit. Merde. Elle hausse un sourcil d'incompréhension.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— J'aime bien comment tu t'organises, Kaithlyn. C'est mignon.

Mignon ? Non mais je sors ça d'où moi ?

— J'ai toujours fonctionné comme ça... Ainsi je n'oublie rien. Et tu peux m'appeler Kaithy, je n'aime pas entendre mon prénom.

Je ne peux m'empêcher de rire, contre ma volonté. Et en plus je ris ? Qu'est-ce qui me prend ?

— Pourtant il est joli ton prénom, pas très commun ici.

C'est la vérité. Je n'avais jamais entendu ce prénom et les diminutifs très peu pour moi. Kaithlyn est tellement plus joli. Dans des circonstances plus intimes également, j'en suis sûr.

 Il est quatorze heures lorsque je peux enfin sortir de mon bureau. Kaithlyn nettoie le poste infirmier après le dernier soin de la matinée. C'est l'heure de notre pause déjeuner avant d'enchaîner avec les derniers rendez-vous. J'aurais juste le temps d'avaler un sandwich, c'est certain. Elle remarque enfin que je l'observe et ses joues rosissent adorablement. Je lui fais de l'effet, j'en suis certain.

— Je vais aller m'acheter un sandwich à la cafétéria. Tu veux que je te ramène quelque chose ?

— Non merci, j'ai de quoi manger.

Mademoiselle Romero n'est pas très bavarde. Elle est assez fermée, comme si elle essayait de se protéger de moi...

Cette fille m'a tout l'air d'être une énigme à elle seule. Je ne saurais même pas dire si je l'intéresse plus que ça ou non. Elle est à la fois intimidée et tellement détachée, tout le contraire de l'effet que je fais aux autres nanas. D'habitude on se jette à mon cou, me suppliant de les sauter dans un coin et là c'est tou juste si elle me regarde. En même temps, je suis sûr d'une chose : cette fille n'est pas du tout comme les autres.

Et je me ferai une joie de la découvrir.

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