Chapitre 2 - Kaithlyn

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VENDREDI 7 AOÛT 2015

Il n'y a pas de différence entre le jour et la nuit, pas de soleil, pas de lune. Il est midi, ou peut-être minuit je ne sais plus. Une main se pose sur mon épaule, c'est celle de ma mère. Je n'entends pas ce qu'elle me dit. Je lui tourne le dos et sombre de nouveau dans les ténèbres de la vie. Cela fait une semaine. Il y a une semaine j'étais tellement heureuse et aujourd'hui... Comment peut-on passer du bonheur au malheur en si peu de temps ? Je ne ressens plus rien, je ne veux plus jamais ressentir cette douleur. Je n'arrive pas à croire qu'il soit parti. Je tente de me convaincre que c'était une mauvaise blague ou qu'il y a une explication plus plausible que notre rupture, mais non.

Cela fait une semaine et je n'ai pas de nouvelle de lui. Il m'a oublié. M'a-t-il peut-être toujours menti ? Non je ne peux pas croire ça. Léo était sincère, je le voyais dans ses yeux. Il m'a dit que je serais à lui pour toujours, il ne peut pas avoir changé d'avis aussi vite, ce n'est pas logique...

Je ne sais pas comment j'ai atterri ici, chez ma mère, qui déteste Léo. Peut-être parce que je voulais tellement m'éloigner de lui que je suis venue chez la seule personne qui le déteste. Et elle s'en est donnée à cœur joie. C'est pour cette raison que je ne lui adresse pas la parole depuis que je suis arrivée. Léo est le seul et unique homme de ma vie. Je ne pourrais jamais avoir quelqu'un d'autre, je préfère finir seule.

Il me manque tellement. J'ai tant pleuré le premier jour, je n'ai plus de larmes. Et je ne ressens plus rien. Plus de douleur, plus de tristesse. Comme si tout s'était envolé. Et je me sens vide, mais contrairement à ce que je pensais, je ne me sens plus si mal. Suis-je encore sous le choc ? Peut-être... Mais je suis contente qu'aujourd'hui je me sente mieux que les jours passés. Le septième jour est celui du rétablissement. Il faut sept jours pour aller mieux, alors voilà.

J'arrive enfin à me lever et à aller prendre une douche. Je n'ai pas encore eu le courage de parler à ma mère de cette histoire de stérilité. Enfin pas exactement ce terme, mais je vais l'appeler comme ça. Si je dois faire mon deuil d'enfant, autant appeler un chat un chat. Je n'aurais jamais d'enfant. Je pose instinctivement ma main sur mon ventre. Il n'y a plus de bébé, il n'y en aura jamais.

Je m'habille d'un jogging et d'un tee-shirt ample pour cacher mes cicatrices de l'accident et mon corps amaigri par cette semaine de jeûne. Je sors enfin de ma chambre après sept jours. Enfin un peu moins car nous sommes arrivés ici le dimanche soir. Alayna n'a pas hésité à m'accompagner, et heureusement. Le médecin m'a fait un arrêt de travail, mais je pense que je ne vais pas retourner en France et plutôt rester ici, me retrouver un travail et poursuivre ma vie... Sans lui.

Non. Non je ne veux pas et je ne peux pas vivre sans lui. Je le sais.

Mes parents sont au salon avec ma sœur. Mon père me regarde avec son air de compassion. Il ne m'a pas cru lorsque je lui ai raconté, il ne croit pas Léo capable de cela. Ma mère par contre elle, elle me regarde avec un grand sourire qui me dit « je t'ai prévenu ma fille ! » Je l'ignore. Je ne dis rien et je vais à la cuisine manger un bol de céréales. Une fois finie, je remonte aussitôt sans adresser un mot. Je n'ai pas envie de parler, je ne sais pas ce qui pourrait sortir de ma bouche. Je m'enroule dans ma couette et regarde par la fenêtre.

Le temps est aussi gris que mon âme. Le soleil s'est éteint depuis son départ. Chaque fois que je ferme les yeux, je me persuade que tout sera comme avant lorsque je les ouvrirais de nouveau, mais non. Je regarde mon téléphone et je n'ai toujours pas de nouvelles de lui. J'ai envie de lui envoyer un message, mais pour lui dire quoi ? « Salut tu m'as quitté mais je t'aime ! Reviens-moi » ? Ridicule.

Il ne veut plus de toi Kaithlyn, c'est terminé. Quel connard ce Léo.

***

Un bruit sourd me tire de mon sommeil très léger. Je sursaute et regarde autour de moi. Je suis dans ma chambre. J'entends des cris en bas, mais je ne perçois pas ce qu'ils se disent. Pourquoi ils se disputent ? J'entends la voix très aiguë de ma mère lorsqu'elle est en colère. Et puis... Oh non. Je dois rêver. Mais non je ne rêve pas. Tout mon corps est au garde à vous, comme attiré par ce qui est en bas. C'est lui. Je sais que c'est lui. Nous sommes toujours connectés. Je le sens. Que fait-il ici ?

Je les entends monter les marches et je me recroqueville dans le coin de mon lit en tirant la couette sur moi. Je ne veux pas le voir. Si j'ai envie... Non je ne veux plus souffrir. Je suis en apnée en attendant.

— Ne bougez plus ou j'appelle la police !

— Eh bien allez-y ! Je ne veux que protéger Kaithlyn.

— Chéri ! Dis quelque chose voyons !

— Laisse-le allez la voir. Elle est grande.

— Merci monsieur Romero.

Et je n'entends plus rien. Je ferme les yeux si fort, comme pour disparaître. Puis il cogne à la porte. Et mon cœur fait un bond. Il bat si vite que j'ai peur de mourir. La poignée se tourne, la porte s'ouvre... Je ne veux pas le regarder, je ne veux pas car je sais que je retomberais automatiquement dans ses bras... Mais après tout est-ce que je veux autre chose ? Je reste recroquevillée, peut-être va t'il croire que je dors et donc s'en aller...

Il a refermé la porte, mais il est dans la chambre, je sens sa présence sans le voir, je sens son odeur. Mon odeur préférée... Puis je décide d'ouvrir les yeux lorsque je n'entends plus rien... Prudemment je les ouvre et il est là, devant moi... Cela fait une semaine que je ne l'ai pas vu, j'ai l'impression que ça fait tellement plus. Qu'est-ce qu'il a pu me manquer.

Mes yeux tombent dans les siens alors que c'est ce que je voulais éviter, mais j'y suis constamment attirée. Le bleu de ses yeux a perdu plusieurs nuances, ils ont perdu leur lumière... Ses cheveux c'est du n'importe quoi et sa barbe... Depuis quand ne l'a-t-il pas coupée ? Mais ça lui va bien tout de même... Il ne bouge pas, il ne dit rien.

Mon cher Martinez je ne compte pas ouvrir la bouche en premier.

Je me redresse pour paraître plus polie et il bouge, enfin. Le lit s'affaisse sous son poids et sa main se tend vers la mienne, que je retire automatiquement avant qu'il ne me touche. Je regrette immédiatement mon geste lorsque je lis la douleur dans son regard. Il baisse les yeux et j'en profite pour admirer son visage terni par des cernes. Ses traits sont tirés, depuis quand n'a-t-il pas dormi ? Moi c'est bien la seule chose que j'ai réussie à faire. Ça m'évitait de penser à lui et au reste. Il parle enfin, mais sa voix est faible, mal assurée, remplie de chagrin ? En a-t-il vraiment ? Que fait-il là ? C'est lui qui m'a quitté, pas moi.

— Kaithlyn...

L'entendre prononcer mon prénom me remue au plus profond de mes entrailles, me fend le cœur, mais en même temps le réanime, après une semaine. J'arrive enfin à dire quelque chose et ma voix est tellement froide qu'il en est étonné.

— Qu'est-ce que tu fais là Léo ?

— Je... Je devais te voir Kaithlyn. Tu me manques tellement...

— C'est bien. Après m'avoir quitté c'est bien. Bravo.

Je me lève pour m'éloigner de lui, j'ai du mal à réfléchir à ses côtés.

— Laisse-moi t'expliquer Kaithlyn, s'il te plaît... Tu sais que je t'aime, je ne t'aurais jamais laissé si j'avais eu le choix...

— Arrêtes de dire des bêtises Léo. Tu n'étais pas obligé. On était censé partir ensemble et parce que tu as jugé que je t'avais fait un coup dans le dos, tu t'es barré c'est tout.

— Non Kaithlyn... Je suis désolé pour ce que j'ai dit. Je... C'était le seul moyen, je suis désolé...

Il se passe la main dans les cheveux.

— Eh bien tu peux être désolé tout seul. Tu m'as fait mal Léo. J'avais besoin de ton soutien et tu n'étais pas là. Tu m'as abandonné lâchement pour une raison qui n'en valait pas la peine, c'est certain. Tu m'as abandonné c'est tout ce que je retiens.

Je tourne les talons et je vais pour sortir de la chambre, mais une main me rattrape et son contact est douloureux. Une semaine sans le toucher c'était beaucoup trop long. Je veux passer ma main dans ses cheveux et l'embrasser.

Je me retourne pour le foudroyer du regard et l'obliger à me lâcher. Mais je n'en ai pas le temps. Il tombe à genoux au sol en tenant ma main. Qu'est-ce qu'il me fait ? Il joint ses deux mains l'une contre l'autre, comme pour prier et sa voix est chargée de sanglot. Merde. Mon Léo.

— Je t'en supplie Kaithlyn... Écoutes-moi. Je ne peux pas vivre sans toi, je suis totalement perdu. Je ne peux pas, j'ai trop mal. Et ce genre de douleur est tout simplement insupportable. J'ai besoin de toi dans ma vie, uniquement de toi... Alors écoute-moi je t'en prie. Et après tu pourras me dire de partir et je respecterais ton choix...

Ses yeux se lèvent vers les miens et ils sont remplis d'eau. Il semble sincère... Je ne peux pas vivre sans toi Léo. Mais nos rêves ne seront jamais compatibles. Nous ne le sommes pas. Est-ce que je dois l'écouter ? Est-ce que sa raison n'est pas bidon pour je ne sais quelle raison ? Je soupire.

— Ok. Mais lèves-toi s'il te plaît.

Il hausse son beau sourcil et je vais m'asseoir sur mon lit. Il se redresse et remonte son jean. Il a perdu du poids. Ça me fait mal de le voir mal en point. Peut-être dit-il vrai...

Il s'assoit sur mon lit en laissant un espace entre nous. Il regarde ses mains avec lesquelles il joue. Allez Martinez, parle.

— Je ne sais pas par où commencer...

— Par le début peut-être, non ? Pourquoi tu voulais que l'on parte ?

— Tu te souviens, il y a deux hommes qui nous ont interrompu lorsque l'on dansait ?

J'acquiesce en le regardant.

— Je les ai suivis et il n'y avait aucun problème technique. Ils m'ont bloqué dans un coin et m'ont menacé de te faire du mal si je ne disparaissais pas en abandonnant Martinez Company, l'hôpital, et toi. Il fallait que je parte du pays.

— Ils voulaient ton entreprise ?

Je fronce les sourcils.

— Attends, tu vas comprendre... Donc j'ai eu la mauvaise idée de t'embarquer avec moi ne voulant pas t'abandonner et on a eu ce putain d'accident... Qui n'en était pas un. La personne qui nous est rentrée dedans, savait que l'on s'enfuyait. On avait pourtant fait ça plutôt bien. Il n'y a aucune trace de freinage ni rien. Si j'étais parti comme ils le voulaient, nous n'aurions jamais eu cet accident...

Merde j'ai mal au crâne avec toutes ces informations. On a encore voulu blesser Léo. Quelqu'un lui en veut réellement, mais pourquoi ? Et pourquoi moi ? Il poursuit, je ne peux plus l'arrêter.

— Quand je suis venu te voir à l'hôpital, je venais de recevoir un appel pour me dire qu'il fallait que j'arrête les conneries et que je parte définitivement et dans l'heure en laissant tout sinon ils allaient te... faire du mal, ou pire. En arrivant, j'étais parti pour te dire que l'on ferait semblant de ne plus être ensemble pendant un moment pour faire diversion et se retrouver le plus vite. Mais quand tu m'as dit que tu étais enceinte, j'ai préféré te faire croire que je partais réellement pour ne plus te mettre en danger inutilement et te protéger. Je sais que ça ne justifie pas ce que j'ai dit. Mais je ne savais pas de quoi étaient capables ces hommes, je ne voulais plus que l'on te fasse du mal à cause de moi. Il savait que tu étais mon point faible, que s'il voulait obtenir quelque chose il fallait me menacer de cette façon... Alors je me suis focalisé sur les émotions que je ressentais quand tu m'as dit ça, même si ce n'était pas du tout te quitter...

— Tu leur à donner ton entreprise ?

Pourquoi je reste bloquée sur son entreprise. Il vient de me dire qu'il n'a jamais voulu me quitter et qu'il a uniquement fait ça pour me protéger. Et moi je m'inquiète de son entreprise.

— Non ! Je leur ai juste fait croire que si... Le temps d'enquêter et de démasquer ceux derrière tout ça... Et si tout se passe comme m'a dit mon avocat, mon oncle et ce cher Vincent devraient être rapidement derrière les barreaux.

— Quoi ? Ces eux deux qui ont fait tout ça ?

— Ils ne l'ont pas fait, mais ils l'ont fait faire. Vincent est le fils de Philippe et je l'ignorais. Je ne connais pas les enfants de ce connard. Tout ça pour tenter de récupérer leur fric et l'entreprise...

Là, j'ai la tête qui tourne. Et je me souviens d'un message que j'ai reçu, deux ou trois jours après le Bal.

Je me lève et je vais fouiller dans un tiroir avant d'en tirer une petite carte blanche avec écrit : « Le bonheur se transforme en malheur, aussi vite qu'une valse. Il n'est pas faute de vous avoir prévenu. Votre malheur fera le bonheur d'un autre. » Et je la tends à Léo qui la lit tandis que je me rassois sur le lit, et sa voix me fait sursauter.

— Quand est-ce que tu as eu cela ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

— Premièrement parce que tu n'étais plus là. Et deuxièmement je n'avais pas fait le rapprochement tout de suite, je n'arrivais pas à réfléchir. Mais maintenant que tu parles de Vincent, je me rappelle qu'il m'a toujours dit que je serais malheureuse avec toi...

— Quel salopard celui-là bordel ! Je peux la garder ? Ça peut être une preuve.

Je hoche la tête et il la range. Je croise les bras en le regardant.

— Mais la menace plane toujours... Pourquoi tu es revenu alors ?

Il attrape ma main sans que je m'y attende et je tressaille.

— Parce que tu me manques, sans toi je ne suis rien... Je n'y arrive pas Kaithlyn. J'ai vécu un cauchemar pendant une semaine. Tu étais en sécurité c'était le plus important, mais... Je n'arrive plus à respirer, à dormir, à avancer, à... Rien. Je ne veux plus ressentir ce que j'ai ressenti pendant cette semaine... Toutes ces émotions inconnues qui font tellement mal.

— Et tu as pensé à ce que moi j'ai ressenti ?

Je me lève les larmes aux yeux et je ne veux pas qu'il me voit pleurer. J'avais arrêté de pleurer, je pensais que je n'avais plus de larmes. Je ne veux pas pleurer encore.

Je me tourne vers la fenêtre en croisant les bras pour ravaler les larmes.

— Tous les jours, bébé... Chaque seconde je revois ton visage rempli de larmes et je ne voulais qu'une seule chose te prendre dans mes bras... Mais je ne supporterais jamais que l'on te fasse du mal...

Il se redresse comme s'il avait compris une chose puis reprend.

— En fait c'est moi qui te fais du mal sans cesse...

Hein quoi ? Non ! Si... Mais il ne me fait pas tant de mal que ça comparé à tout le bien qu'il me fait.

Je me tourne vers lui, les larmes se sont éteintes et je le regarde, il a l'air brisé après sa constatation. Non Léo. Et j'ai mal moi aussi. Parce que je suis tellement amoureuse, que je me livrerais corps et âme à cet homme. Et peut-être que ça me perdra un jour.

Je m'avance prudemment et pose mes mains à plat sur son torse, il sursaute doucement et son sourcil se redresse pour montrer son incompréhension.

— Ne dis pas de bêtises Léo... Tu sais bien que tu es le seul à me rendre heureuse et que sans toi, moi aussi je ne suis rien... Je ne vois pas ma vie sans toi, de n'importe quelle façon qui soit. Ce que tu me racontes là, pour ma sécurité, etc. Ce n'est pas un mensonge ?

— Kaithlyn... Je ne t'avais jamais menti, pourquoi je le ferais sur quelque chose d'aussi important ?

Oups je l'ai vexé, mais son regard s'adoucit rapidement.

— Désolée je... J'ai du mal à réaliser que pour s'en prendre à toi, ils s'en prennent à moi...

— Parce que tu es tout. Ils ont tout de suite compris que tu étais à la fois mon point fort et mon point faible.

— Il y a des preuves ?

— Comme quoi mon oncle a dérobé mon entreprise et de l'argent ? Oui nous avons ce qu'il faut. Pour Vincent, je compte sur cette petite carte et sur ce qu'il nous a dit. Puis c'est bien le fils de son père donc je pense qu'ils voulaient reprendre l'entreprise à deux.

— C'est de la folie... Et ton entreprise qui est ce qui gère pendant que tu te caches ?

— Margaret m'informe tous les jours par des mails. Mais je ne sais pas si c'est mon oncle qui s'est mis à diriger ou pas.

— Ah oui dis donc... C'est fou.

— J'ai hâte que tout redevienne comme avant...

Je pense qu'il parle également d'autre chose. De nous deux...

— Tu étais où pendant une semaine alors ?

— Je me suis pris un appartement dans Paris... Tu l'adorerais. On a une vue sublime de là-haut.

Je hausse les épaules et baisse les yeux. Ses mains se posent sur les miennes toujours sur son torse, son contact m'a tellement manqué. Il prend mon visage entre ses mains et le relève vers lui. Ses yeux bleus, ternis par la fatigue me disent que rien n'a changé, mais nous avons toujours un problème de fond... Nos rêves sont incompatibles.

— Tu rentres avec moi bébé ?

— Je ne sais pas... J'ai besoin de réfléchir à tout ça, à ce que tu m'as dit, à ce que j'ai perdu et à ce que je n'aurais jamais... J'ai besoin d'un peu de temps.

— Tu ne m'aimes plus ?

Ses yeux se remplissent d'angoisse et sa main passe dans ses cheveux. Oh Léo Gabriel Martinez ! Depuis quand j'ai dit cela ? Je soupire en levant les yeux au ciel.

— Je n'ai jamais dit ça Léo. Juste j'ai besoin de temps... Toi même tu as dit que tu ne pouvais pas me donner ce que je voulais... Et je ne sais pas si je peux vivre sans ça.

Je ressens son angoisse et son cœur qui tambourine dans sa poitrine, je décolle légèrement les mains de son torse en baissant le regard. J'ai besoin de tout remettre en ordre dans ma tête.

La voix de ma mère s'élève du salon dans un cri aigu.

— Kaithy ! C'est Alex pour toi !

Oh bordel de merde. Qu'est-ce qu'il fait là maintenant ? Je relève la tête vers Léo. Ses yeux sont humides, il a une moue triste, incompréhensive, perdue. Non Léo, non ! Je sais ce qu'il pense. Je suis sûre que c'est un coup de ma mère ! Il ouvre la bouche pour dire quelque chose puis la referme en redressant ses épaules.

— Léo ce...

Il lève les deux mains en signe de « tais-toi Kaithlyn ». Il secoue sa tête, son visage marqué par la tristesse, et je dirais même l'humiliation... Il me tourne le dos et sort de ma chambre sans rien dire, mais je sais ce qu'il pense. Il assimile le fait que je veuille réfléchir à la présence de mon ex ici, sauf que cela n'a aucun rapport. Et il pense que je me suis jetée dans ses bras. Léo, l'homme le moins sûr de lui lorsqu'il s'agit des sentiments.

Je dois lui courir après... Non il va s'énerver contre moi. Pourquoi avoir voulu réfléchir ? Je ne peux pas vivre sans lui. Les rôles s'inversent tellement vite entre nous, sauf que moi je n'ai jamais cru qu'il puisse avoir quelqu'un d'autre.

Je sors de ma chambre rapidement, mais il est trop tard lorsque j'ouvre la porte d'entrée. Il s'est envolé. Je laisse la porte d'entrée claquée et essaie de remonter rapidement à ma chambre, mais ma mère m'interrompt.

— Kaithlyn, Alex est là.

— Je n'ai pas le temps.

Je monte rapidement pour fermer mon sac dont je n'ai rien sorti depuis mon arrivée puis je vais prendre une douche et me changer le plus vite possible. Je ne sais pas où je vais, mais j'y vais.

J'attrape mon sac et redescends. Je n'entends pas ce que me dit ma mère et sors rapidement. Où peut-il bien être aller ? Il est peut-être parti à l'aéroport pour rentrer. Je dois le retrouver, je sais qu'il n'était pas bien. Les larmes qui perlaient dans ses yeux, ça a dû le toucher si profondément. La dernière fois qu'il a pleuré c'était il y a une semaine, lorsque nous avons eu notre accident et qu'il a eu peur de me perdre. C'est ça... À chaque fois qu'il pleure c'est à cause de moi. Ça me fait tellement mal de voir ses larmes, et encore plus aujourd'hui à cause d'une raison qui n'est pas du tout valable. Il ne me connaît pas si bien pour croire cela... Léo est tellement perturbé que ça ne m'étonne pas. Je sors mon iPhone de mon sac et tente de l'appeler, mais je tombe directement sur sa messagerie. Je tente à nouveau. Idem.

Je ne sais pas depuis combien de temps je marche. J'ai fait demi-tour il y a quelques minutes, je ne pouvais aller nulle part. Et en plus il vient de commencer à pleuvoir. Je presse le pas, mais je n'ai pas envie de rentrer, je ne sais plus trop quoi faire. Est-il rentré ? Est-il parti à l'hôtel ? Au moment où je passe le portail de la maison, mon père s'apprêtait à sortir. Je m'avance vers lui.

— Ma chérie.

— Il est parti papa...

Et il me prend dans ses bras. Oh ce que ça peut être rassurant. Je le serre ne pouvant contenir mes larmes. Je veux retrouver Léo et lui dire que je le pardonne et que je l'aime plus que quiconque. Ce n'est pas de sa faute, il ne veut que me protéger. Je me redresse et essuie mes yeux en reniflant. Les mains de mon père se posent de part et d'autre de mon visage.

— Vas le retrouver. Vous méritez le bonheur, c'est un bon garçon. Même si je ne connais pas la raison de ta venue ici au départ, je suis sûre qu'il a une explication. Il t'adore, ça se voit lorsqu'on le regarde.

— Je ne sais même pas où il est parti...

— Il est rentré chez lui. Je lui ai proposé de venir au bureau avec moi, mais il a refusé car il avait une réunion ou il devait aller bosser à l'hôpital, je ne sais plus.

— Merci.

Je le serre fort dans mes bras. Léo est rentré. Je l'embrasse encore une fois puis je rentre à la maison.

J'espérais ne pas tomber sur ma mère, mais en vain. Elle est toujours là et en plus Alex n'est toujours pas parti. Je monte directement sans entendre ce qu'elle me dit. Je me dirige dans la chambre d'Alayna. Elle est allongée sur son lit en train de parler au téléphone, je crois que c'est à Thomas. Elle raccroche et me regarde.

— Ah tu es enfin là ! Tu es partie longtemps, tu étais passée où ?

— Je cherchais Léo... Papa vient de me dire qu'il était rentré en France. Du coup je vais partir... Tu viens avec moi ?

— Euh... Bah oui si tu n'as plus rien à faire ici, on peut y aller.

— Je suis désolée de te faire tourner en rond... Tu me suis toujours partout.

— Tu es ma sœur Kaithy, et je ne pouvais pas te laisser venir ici toute seule. Tu as bien été en France pour moi. Alors on repart ensemble et tu vas me raconter ce qui c'est passé avec Léo.

— C'est compliqué... Tellement. Mais en gros, il croit que je ne veux plus de lui à cause d'Alex.

— Tu ne veux plus de lui ?

— Non ! Je lui ai demandé un peu de temps pour réfléchir à tout ce qu'il m'a dit, pour remettre de l'ordre. Mais il devrait savoir que je l'aime et que je ne pourrais pas le quitter.

— Connaissant Léo et sa susceptibilité monumentale, il a dû mal prendre le fait qu'Alex se pointe pile à ce moment-là.

— Si tu avais vu son regard quand maman a dit qu'il était là pour moi...

— Bon allons le retrouver !

Et nous voilà repartir pour un nouveau voyage en avion.

****

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