La consigne du jour : rendre un baiser sensuel, rien qu'avec les sens.

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À l'angle de son hôtel, je me sens comme un ado maladroit.

Le revoir a réveillé des envies au fond de moi. Ce resto improvisé ne devait être que l'occasion de s'expliquer, de conclure cette histoire qui n'en est même pas une. Pas de retomber dans les travers d'un flirt d'été improbable.

Adossé dans le renfoncement discret du bâtiment, Daniel me détaille sans dire un mot.

J'ai pas envie de le quitter comme ça, sur un bout de trottoir d'une zone industrielle glauque. Lui non plus ne semble pas décidé à mettre fin à notre entrevue.

Je fais un pas pour me rapprocher de lui.

— Est-ce que je peux t'embrasser ? C'est peut-être la dernière fois qu'on se voit après tout...

Il lève les yeux au ciel, la mine agacée.

— Je n'ai pas dit ça, Liam. Est-ce que tu as seulement écouté un mot de ce que je t'ai dit pendant tout le repas ? J'ai juste besoin de temps, je ne veux pas tout gâcher...

Sauf qu'entre Nolan, Timo, ses responsabilités au domaine, ses dernières attaches au Canada et les angoisses qui le dévorent, les obstacles semblent se dresser entre nous.

J'ai accepté ses excuses, entendu ses doutes et ses envies, mais j'ai pourtant l'impression tenace qu'il va finir par se barrer et choisir la facilité. Je tends la main pour frôler ses doigts, il jette un coup d'œil nerveux au-delà de mon épaule, mais la zone industrielle est déserte le week-end.

— Juste un baiser Daniel, c'est rien.

Je fais un nouveau pas vers lui dans le renfoncement qui nous protège des regards.

Sous son air déterminé, il se trahit tout seul quand ses yeux s'attardent de longues secondes sur ma bouche.

Je sais qu'il en a envie autant que moi, alors je me penche vers lui pour cueillir ses lèvres qui m'ont tenté pendant tout le repas.

Sa barbe drue me râpe le menton, mais je m'en fiche. Je laisse filer une seconde, le temps qu'il me repousse si je dépasse les bornes, mais sa main se faufile dans ma nuque, me rapproche de lui pour me rendre un baiser impatient et affamé.

Ses lèvres sont pleines et délicieusement charnues contre les miennes. Comme elles m'avaient manqué ! Dès qu'il les entrouvre, ma langue se faufile à la recherche de cette sensation qui m'a obsédée tout l'été. Son goût, familier, me revient, entêtant. Il sent le café qu'il a pris après son dessert. Il happe ma lèvre inférieure, la mordille au point de me tirer un gémissement entre douleur et plaisir. Il retient difficilement un sourire contre mes lèvres, avant de revenir m'embrasser avec faim.

Trop vite, il s'écarte pour reprendre son souffle. Il a les lèvres gonflées, les joues rougies et le regard brillant d'envie.

Je me penche pour déposer un baiser dans le creux sous son oreille pour lui tirer un nouveau frisson.

— Fais-moi monter dans ta chambre, Daniel.

— Tu sais que ce n'est pas raisonnable...

— Je me fiche d'être raisonnable.

Il me dévisage un moment, hésitant, jette un autre regard à la ruelle déserte. Il s'humidifie les lèvres que j'ai déjà envie de retrouver, puis me tire soudain par la manche pour atteindre l'entrée de l'hôtel et traverser le hall d'un pas précipité.

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