Tamara continua à travailler jusqu'à la fin du mois d'août, puis la personne qu'elle remplaçait revint et elle se retrouva de nouveau au chômage. Elle appela Cosima quelques jours après pour avoir de ses nouvelles et l'en informa en passant.

Quelques jours plus tard, elle reçut une enveloppe qui contenait deux billets d'avion aller-retour pour Saint-Pétersbourg, à son nom et à celui de Julien. Les dates correspondaient aux vacances scolaires de la Toussaint. Tamara contempla les documents, songeuse. Elle n'avait pas encore parlé à François de la proposition de sa sœur à ce sujet, ne voulant pas aborder inutilement le sujet. Il était désormais temps de le faire.

Elle se lança durant le dîner :

— Si je n'ai pas retrouvé de travail d'ici là, j'aimerais bien voyager avec Julien à la Toussaint, commença-t-elle.

— J'ai prévu de faire un tournoi RPG avec des copains, opposa Julien.

— Vous avez une idée où vous voudriez aller ? questionna Annie.

— J'ai pensé à Saint-Pétersbourg l'informa Tamara. Cela fait longtemps que j'ai envie de m'y rendre. D'ailleurs, ma sœur aussi. Je vais lui proposer de nous accompagner.

François lui jeta un coup d'œil intrigué, comme le jour où Tamara lui avait appris qu'elle avait pu acheter un appartement sans avoir eu à emprunter d'argent. Elle détourna la tête, incapable de soutenir son regard, bien que consciente que cela ne ferait que renforcer sa méfiance. S'étonnait-il qu'elle prévoie de voyager à l'étranger alors qu'elle venait de passer plusieurs mois sans travailler ? Elle avait amené Cosima bien trop vite dans la conversation, jugea-t-elle un peu tard. Cela ne pouvait que renforcer les soupçons de François.

— Il paraît que c'est une ville magnifique ! s'exclama Annie. Julien, tu ne peux pas rater une occasion pareille !

— Mais j'ai promis aux copains, protesta Julien.

— Enfin, Julien, il est bien plus intéressant de visiter un pays étranger que de rester planté derrière ton ordinateur ! s'indigna Annie.

Elle se tourna vers François pour qu'il se prononce.

— Tu penses partir combien de jours ? demanda ce dernier à Tamara.

— Une dizaine de jours, enfin, peut-être moins, bafouilla-t-elle mal à l'aise.

— Pour faire quoi, exactement ? insista-t-il.

— Visiter la ville, se borna à répondre Tamara, qui se sentait de plus en plus oppressée sous le regard incisif de son compagnon.

— Il y a des musées, de belles maisons, des théâtres, enrichit Annie qui semblait étonnée du ton inquisiteur adopté par François.

— Mais c'est pas des vacances, ça ! bougonna Julien.

Tamara en profita pour se détourner de François et décida de s'en tenir à son objectif principal, qui était de convaincre son fils de l'accompagner.

— J'aurais vraiment aimé partir avec toi plaida-t-elle, sachant qu'il y avait peu de chance qu'il résiste à cet argument.

Julien ne répondit pas, mais son expression montra qu'il était sensible à la demande. Comme si le sujet était clos, François demanda qu'on lui passe le plat pour qu'il puisse se resservir. Il orienta ensuite la conversation sur d'autres sujets, mais Tamara savait que rien n'était réglé.