134 - Méfiance

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Le soir même, pendant qu'ils se déshabillaient pour se coucher, François ne desserra pas les dents, contrairement à son habitude. C'était normalement un moment de câlins et de plaisanteries, alors qu'ils se retrouvaient enfin dans la plus stricte intimité. Ne supportant pas le silence pesant qui s'était abattu sur eux, Tamara demanda d'une voix nouée :

— Tu ne veux pas qu'on y aille ?

François s'assit sur le lit et répondit, regardant droit devant lui :

— Tu as décidé ça sur un coup de tête ? Saint-Pétersbourg, Julien, ta sœur ?

— Rien n'est décidé, protesta-t-elle. Je ne le ferai pas si tu ne le veux pas.

— La question n'est pas là et tu le sais très bien ! gronda-t-il.

Tamara avait l'impression qu'un gouffre s'ouvrait sous ses pieds. François était en colère contre elle et avait toutes les raisons de l'être. Sans dire un mot, elle alla prendre le courrier qu'elle avait reçu de Cosima et le tendit à son compagnon. François examina l'enveloppe puis, après avoir demandé du regard la permission à Tamara, il en sortit les deux billets d'avion qu'il déchiffra en se rembrunissant encore davantage.

— Et tu me dis que rien n'est décidé ? commenta-t-il en faisant de visibles efforts pour se contenir.

Tamara s'accroupit devant François et posa ses mains sur ses genoux pour établir un contact entre eux :

—Ce n'est qu'une proposition de Cosima, assura-t-elle en cherchant à croiser son regard. Je peux encore choisir de l'accompagner ou non.

— C'est un peu plus qu'une proposition, jugea-t-il en brandissant les deux titres de transport. Vous en parlez depuis longtemps toutes les deux ?

— Elle avait évoqué l'idée quand je suis allée la voir début août, expliqua Tamara. Et si je ne te l'ai pas dit, ajouta-t-elle précipitamment en sentant François se tendre, c'est que je n'étais pas certaine de pouvoir y aller à cause de mon travail.

— Tu aurais pu m'en parler, même si c'était hypothétique, insista-t-il, manifestement contrarié par ce non-dit.

— On venait de passer une semaine séparés et tu me disais combien tu t'étais senti seul sans moi, justifia Tamara. Je n'avais pas envie d'évoquer un prochain départ.

François la regarda, visiblement dérouté :

—Je ne voulais pas te culpabiliser, simplement exprimer combien je t'aimais, déclara-t-il. Cela ne veut pas dire que je veux t'enchaîner à moi.

— Je n'aime pas non plus être loin de toi, déclara Tamara en lui caressant la joue.

Il attrapa sa main et la porta à sa bouche pour l'embrasser mais il n'en avait pas terminé :

— Mais pourquoi ta sœur t'envoie ces billets, si elle n'est pas certaine que vous allez venir ? tenta-t-il de comprendre. Je doute qu'elle puisse se faire rembourser intégralement en cas d'annulation. Est-elle si certaine que tu lui obéiras ?

— Cosima ne sait pas demander, et encore moins se plaindre, exposa Tamara. Je conçois que cela puisse sembler cavalier, mais me mettre devant le fait accompli est sa manière d'exprimer qu'elle a désespérément besoin de passer du temps avec ce qui lui reste de famille.

— Pourquoi ne pas avoir commencé par m'expliquer cela  ? demanda François d'un ton peiné.

Tamara réalisa qu'elle n'y avait même pas pensé.

— Tu n'as aucune raison de te préoccuper de Cosima, tenta-t-elle d'expliquer.

— Je sais qu'elle est importante pour toi, je peux comprendre que tu veuilles l'accompagner et lui faire plaisir. Par contre, quand elle cherche à te manipuler, j'aimerais que tu m'en parles, ne serait-ce que pour prendre du recul avec ça. Ensuite, cela reste ta décision.

Tamara se détendit, rassurée de constater que François ne lui en voulait pas et donnait simplement son opinion sur l'attitude de sa sœur. Elle se tendit pour l'embrasser sur la joue.

— Promis, je t'en parlerai si elle recommence. Ça ne t'ennuie vraiment pas que j'aille avec elle ?

— Non, va-y, profites de l'occasion. Tu étais sincère en disant que tu as envie de découvrir cette ville ?

— Oui, artistiquement parlant, c'est un lieu à voir. J'ai hâte de la visiter.

Elle hésita un peu et demanda :

— Et tu es d'accord pour que Julien vienne avec nous ?

François haussa les épaules :

— Comme ma mère l'a déjà dit, il vaut mieux qu'il aille à l'étranger plutôt que rester le derrière sur sa chaise à pianoter et à parler avec des trolls.

Il attira Tamara sur ses genoux et confia :

— Désolé si je t'ai semblé fâché, mais j'aime bien tout comprendre.

— C'est ma faute, je n'aurais pas dû tenter de te cacher quoi que ce soit, s'excusa Tamara et le serrant contre elle.

— Je sais que ne n'ai pas à exiger que tu me racontes tout, précisa François, mais c'est plus fort que moi, quand j'ai l'impression que tu me caches quelque chose, je... je...

— Cela te rappelle de mauvais souvenirs, compléta Tamara. Je comprends, mon chéri. En plus, je ne sais même pas pourquoi je ne t'ai pas tout expliqué dès le début. Toi et Cosima êtes tellement incompatibles, que c'est compliqué pour moi.

— J'ai un peu de mal à comprendre ta sœur, reconnut François. Enfin, maintenant que les choses sont plus claires, il ne nous reste plus qu'à nous réconcilier, conclut-il avant de l'embrasser.

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