160 - Aveuglement

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Le début de la thérapie avait apporté à Tamara un grand soulagement. Elle savait qu'elle élèverait cet enfant en toute circonstance et commençait même à se persuader qu'elle serait capable de le faire correctement.

Après son week-end amoureux avec François, elle se sentait en pleine forme. C'est alors que sa thérapeute la fit parler de son entretien avec François, quand il était venu la voir après avoir appris sa grossesse, durant lequel il avait affirmé son intention d'élever Julien et lui avait défendu de le contacter.

— Pensez-vous qu'il en avait le droit ? demanda la psychologue.

C'était un point que Tamara n'avait jamais remis en doute, même si Cosima avait une opinion totalement contraire, exprimée à de nombreuses reprises. Cette fois-ci, cependant, Tamara hésita et se posa réellement la question.

— Il était très peiné et très en colère à cause de mon attitude, justifia-t-elle.

— Mais pouvait-il vous imposer une conduite concernant votre enfant ?

— Il savait que s'il me laissait m'occuper de Julien, il serait obligé de me revoir, donc c'est bien de lui qu'il s'agissait. Il avait totalement raison, et la suite l'a prouvé. J'ai profité de ma reprise de contact avec Julien pour le séduire de nouveau.

— Vous voulez dire que c'était prémédité ? demanda la thérapeute.

— Bien sûr que non ! protesta Tamara.

La psychologue n'insista pas, mais Tamara avait compris le sens de ses remarques. François l'avait lui-même admis quand ils avaient discuté de leur projet parental : il n'avait pas été un « bon père » en décidant d'exclure Tamara non seulement de sa vie, mais aussi de celle de son fils. Elle commençait elle aussi à se dire qu'il n'avait pas été juste avec elle. Elle avait certainement mérité de ne plus le voir, mais pas d'être totalement privée de son fils.

Cette prise de conscience fut extrêmement déstabilisante pour Tamara à plusieurs égards. La première, c'est que cela écornait l'image qu'elle avait de François. Il était douloureux pour elle d'envisager qu'il avait pu se montrer égoïste et injuste. Il était le garant de son bonheur, celui qu'elle avait désespérément aimé sans retour durant des années, l'homme idéal dont elle ne s'était pas montrée digne. Elle ne voulait pas qu'il soit amoindri à ses yeux.

Cela l'obligeait en outre à reconnaître qu'elle s'était volontairement aveuglée durant toutes ces années, et qu'elle s'était accommodée d'une situation qu'elle n'aurait pas dû tolérer. Elle aurait dû exiger qu'on lui amène son enfant au parloir ou, au moins, qu'elle puisse avoir de ses nouvelles, recevoir des photos, et être mise au courant des décisions que l'on prenait pour lui. Elle avait gravement failli, non seulement vis-à-vis de son fils, mais aussi d'elle-même.

Pour couronner le tout, cela voulait dire que Cosima avait raison depuis le début.

Tamara qui se sentait mieux depuis plusieurs semaines fut de nouveau angoissée et sentit sa confiance en elle s'effriter. Cette période coïncida avec le moment où sa grossesse commença à se voir, ce qui l'obligea à en faire la déclaration officielle auprès de son employeur. Ce dernier ne l'exprima pas clairement, mais il était évident qu'il en fut très mécontent. Sans doute avait-il pensé en l'engageant qu'à son âge il ne risquait plus ce genre de désagrément. L'atmosphère fut assez pesante durant plusieurs jours, avant que son patron n'en prenne son parti. Tamara n'avait pas encore exprimé le besoin de quitter l'atelier, mais elle savait qu'elle devrait rapidement demander qu'on lui confie d'autres tâches, son ventre commençant à l'encombrer.

François remarqua l'assombrissement de son humeur et manifesta timidement son désir de l'aider.Tamara apprécia son soutien, mais garda cependant le secret sur les raisons de son malaise. Ce fut d'ailleurs un des seuls conseils de sa psychologue qu'elle refusa de suivre : elle ne voulut pas discuter avec François la décision qu'il avait prise dix-sept ans auparavant et à laquelle elle s'était soumise,estimant que ce serait trop douloureux pour tous les deux. Elle se sentait aujourd'hui aimée et respectée par son compagnon, et préférait en rester là.


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