La nouvelle que l'enfant attendu était une fille fut fêtée en famille le week-end suivant. Annie était de retour, Julien était revenu de son stage d'escalade et sur le point de partir camper. Ce dernier se déclara ravi d'apprendre qu'il allait avoir une petite sœur.

— Une petite fille, ça nous changera, approuva également Annie. Mais dites-vous bien mes enfants, que cette fois-ci, vous vous débrouillerez tous seuls pour l'élever. Je n'ai plus l'âge, moi !

— Quand je vois ce que tu fais pour tes élèves handicapés, je pense que tu as toujours l'âge, la contredit François. Mais t'en fais pas, on devrait se débrouiller tous seuls, cette fois-ci.

— Et puis je serai là aussi pour aider, assura Julien. Vous allez l'appeler comment ?

— Constance, annonça Tamara.

Le ton sans appel et le fait qu'elle s'était jusque là assez peu investie dans les conversations portant sur sa grossesse amenèrent un silence stupéfait.

— Si François est d'accord, ajouta-t-elle après un petit moment, s'excusant du regard auprès de son compagnon.

— C'est le nom de ta mère, énonça François, se rappelant sa vieille enquête.

— Tu aimes ? Demanda timidement Tamara

— Beaucoup, sourit-elle en lui pressant tendrement la main pour donner plus de poids à son acceptation.

— Et elle va coucher où, ma sœur ? continua Julien sur sa lancée.

François jeta un regard d'avertissement à son fils, se rappelant comment Tamara avait éludé toutes les fois qu'il avait tenté d'aborder le sujet.

— On va avoir du mal à pousser les murs, remarqua la future mère d'un ton concerné.

— J'ai une suggestion, en profita pour proposer Annie.

— Moi aussi, affirma François heureux que la question soit enfin considérée.

— Soyez sérieux, la maison est trop petite pour qu'on rajoute deux chambres supplémentaires, plaisanta Julien.

— Nous avons sans doute la même, subodora François en faisant signe à sa mère qu'il lui laissait faire l'annonce.

— Nous utilisons les combles de la maison comme grenier, mais ils sont tout à fait aménageables. On peut largement prévoir une chambre avec une salle de bain, et garder une partie en état pour entreposer nos affaires.

— Vous ne pouvez pas mettre le bébé tout là-haut, s'inquiéta Julien.

— Je peux m'y installer, proposa sa grand-mère.

—Nous n'allons pas encore vous faire changer de chambre ! protesta Tamara.

— J'avais plutôt pensé à déménager Julien, précisa François. En plus, il libérera la pièce qui est tout contre la nôtre.

— Ah ouais, approuva Julien séduit par l'idée d'avoir ses propres appartements. Moi, je veux bien donner ma chambre à ma sœur.

— Je savais que ça te plairait, sourit son père.

— Ce bébé, c'est une super idée, les félicita Julien.