La grossesse de Tamara prit un nouveau cours. Elle se sentait enfin future mère, et sa perception de son environnement se modifia. Ce qui comptait désormais pour elle, c'était que Constance se développe bien et que tout soit prêt pour l'accueillir quand elle naîtrait. Son travail et sa moto, qui avaient été au centre de sa vie, lui semblaient maintenant bien secondaires.

Tamara écoutait maintenant davantage son corps et ses nouvelles limites. Elle s'était résignée à demander un travail de bureau à son employeur. Il lui avait donné des travaux ingrats sur lesquels le secrétariat avait pris du retard, mais cela lui était moins pénible qu'elle avait craint. Elle était trop sur son petit nuage pour se laisser décourager par une tâche monotone et répétitive. De plus, la secrétaire-comptable dont elle était devenue l'adjointe lui était reconnaissante d'alléger sa charge de travail et se montrait plus amicale avec elle qu'elle ne l'avait jamais été.

Tamara commença à faire des listes de ce qu'elle aurait besoin pour le bébé et monta au grenier pour se faire une idée des aménagements possibles. François se réjouit de son nouvel état d'esprit, mais s'inquiéta de l'énergie qu'elle comptait y mettre.

— Nous n'allons pas faire le gros œuvre nous-même, la prévint-il. Ni la plomberie, ni l'électricité, ni la peinture.

— Ça va coûter cher.

— Ça coûtera ce que ça coûtera. Je ne sais pas faire tout ça, et toi, tu dois te ménager. Comme tu l'as fait remarquer plusieurs fois, il n'y a rien d'urgent, puisque nous garderons la petite dans notre chambre au début. Nous avons six mois devant nous, le temps de faire nos plans et de mettre de l'argent de côté.

Tamara avait touché l'argent de l'assurance pour sa moto, mais c'était loin de suffire pour s'en racheter une équivalente. Les économies qu'elle avait commencé à se constituer pourraient servir pour ces réaménagements, pensa-t-elle. Elle continuerait à louer une voiture à son employeur un peu plus longtemps, voilà tout. De toute manière, elle ne pourrait pas emmener le bébé sur sa moto, une voiture, c'était bien plus raisonnable.

Annie commença à faire le tri des objets qui se trouvaient entreposés au grenier. Il fallait se séparer d'au moins la moitié. Tamara offrit son aide et remarqua que certains des meubles entreposés, poncés et revernis, pouvaient tout à fait se vendre dans des brocantes. Cela constituerait un apport pour les travaux à prévoir. Ils pourraient se séparer sans regret de tout ce qui ne pouvait être ni réparé ni vendu.

François souscrivit à cette idée, sous réserve que ce ne soit pas Tamara qui remette les meubles en état. Même s'il n'y connaissait pas grand-chose, il pouvait le faire en suivant ses indications.

Il avait posé deux semaines decongés fin août. Julien était revenu et proposa de participer aux travauxpréparatoires de sa future chambre. Avec son père, ils déplacèrent les objetsles plus lourds, lessivèrent les endroits dégagés, entreprirent de remettre enétat ce qui pouvait l'être. Julien se révéla assez adroit de ses mains. Entreles conseils de sa mère et les vidéos qu'il trouva en ligne, il fit unexcellent travail sur les objets à rénover.