La rentrée de Julien en terminale s'était très bien passée. Il avait grogné contre les professeurs qui avaient tous commencé l'année en rappelant que c'était l'année du bac et qu'il fallait s'y préparer dès le départ — comme s'il pouvait l'oublier ! — et avait retrouvé avec plaisir ses amis et ses activités sportives.

Au cours du mois d'octobre, Tamara et François virent Julien changer : il passait beaucoup de temps au téléphone dans sa chambre et, le reste du temps, vérifiait de manière compulsive s'il n'avait pas reçu de message. Il prenait aussi davantage soin de son apparence. François fit remarquer à plusieurs reprises qu'il était heureux que son fils ait désormais sa propre salle de bain au grenier.

— Tu penses qu'il est amoureux ? demanda Tamara à son compagnon, alors qu'ils revenaient des courses en voiture.

— J'en ai bien l'impression. À moins qu'il ne se soit découvert une passion pour la coiffure. Il a passé dix minutes à décider si sa mèche devait retomber sur son front ou non, devant le miroir de l'entrée, hier matin.

— Je suppose que cela devait finir par arriver, fit-elle avec un petit rire nerveux.

— Je ne sais pas si je dois me réjouir pour lui ou m'inquiéter, évalua François.

— Il aura peut-être plus de chance que nous, espéra Tamara. Il ne sera pas forcément obligé de passer par ce que nous avons enduré.

— Je le lui souhaite.

La main droite de François quitta le volant pour serrer celle de sa compagne. Ils ne pouvaient qu'espérer que leur fils gagnerait plus de joies que de peine dans ce nouveau volet de sa vie.