— Comment va mon bébé ? C'est Papa !

Tamara ne put s'empêcher de sourire en regardant François parler à son ventre, désormais distendu par sept mois de grossesse. Il avait tous les soirs ce genre de conversation et ne semblait pas s'en lasser.

— Tu sens, elle est venue, s'extasia-t-il en contemplant sa main qui s'était légèrement soulevée.

— Oui, mon amour, convint Tamara en posant la sienne de l'autre côté de son ventre.

Tamara fit pivoter son poignet et sentit le bébé bouger pour venir se lover contre sa paume. François se pencha et embrassa la peau tendue.

Les séances d'haptonomie avaient été une révélation pour toutes les deux. C'est la praticienne que Tamara consultait qui lui avait conseillé de se rendre à ces cours. Ces séances, suivies avec François, avaient largement légitimé les demandes et attentes que son compagnon avait envers elle. Les mois précédents, persuadée qu'elle était la seule à savoir ce qui était bien pour elle et le bébé, Tamara s'était rebellée contre toutes demandes et conseils extérieurs. Maintenant qu'elle sentait son enfant réagir à la voix et aux pressions de la main de François, elle ne pouvait plus prétendre qu'il n'avait aucun droit de regard sur son corps. La relation profonde qu'il entretenait déjà avec Constance justifiait pleinement l'implication qu'il revendiquait.

Vivant mieux sa grossesse, elle parvenait désormais à discerner que si François se focalisait parfois sur l'enfant qu'elle portait, il y avait aussi des moments où il voyait en elle la femme et l'amante. Elle se sentait même ridicule d'avoir pu craindre qu'il ne change son regard sur elle parce qu'elle se transformait en mère. Quand elle était venue vivre là, c'était en tant que mère de Julien et compagne de François. Sa place était claire, la confusion n'avait été que dans son esprit.

Tandis que François continuait à chuchoter au-dessus de son ventre, elle ferma les yeux pour mieux profiter de l'instant.