Julien était en train de prendre son petit-déjeuner le regard rivé sur son portable quand enfin il reçut un message :

Constance est avec nous. Tamara fatiguée mais va très bien. Pas de visites avant 10 h. Julien, tu vas en cours !

— Mamie ! Constance est née, hurla Julien en s'élançant dans l'escalier.

— J'ai reçu le même message que toi, lui répondit sa grand-mère en sortant de sa chambre où elle était en train de s'habiller. Bon, tu sais ce qui te reste à faire.

— Mais qu'est-ce que vous avez tous à être obsédés par mes cours ! Je viens d'avoir une petite sœur, c'est un évènement unique, majeur, qui ne m'arrivera qu'une fois dans ma vie, et vous voulez que je fasse comme si de rien n'était ?

Pour la première fois depuis longtemps, il vit Annie à court de réponses. Elle le dévisagea un moment avant de soupirer :

— Je comprends ton point de vue, assura-t-elle. C'est vrai que pour aujourd'hui, on pourrait faire une exception. Mais je comprends ton père aussi. Tu as le bac en fin d'année, c'est important. Si tu le rates, tu perdras un an. Nous savons que tu n'aimes pas vraiment le lycée, et nous pensons que tu t'épanouiras davantage dans ce qui viendra après.

— Ce serait vrai si je savais ce que je veux faire, opposa Julien.

— Quoi qu'il en soit, ton père estime qu'il est de sa responsabilité de t'aider à réussir ton année et mettre toutes les chances de ton côté. Te pousser à aller en cours régulièrement est la meilleure manière d'atteindre cet objectif.

— Comme si quelques heures de cours allaient me faire avoir mon bac.

— Il faut que tu y voies l'intérêt que ton père te porte. L'arrivée de Constance est un évènement majeur, comme tu le dis si bien, mais ta réussite scolaire reste pour nous tous un sujet d'actualité.

Comme Julien la contemplait d'un air peu convaincu, elle ajouta :

— Les visites sont interdites maintenant, de toute manière. Rassure ton père en allant en cours et puis va voir ta petite sœur à la pause de midi. Si tu t'y prends bien, tes parents ne te renverront pas au lycée après.