— Tu veux qu'on invite des copains pour ton anniversaire ? demanda François alors qu'ils finissaient de dîner.

— Merci, Papa, mais je ne suis plus un gamin.

Annie se tendit immédiatement, sentant que la conversation avait de fortes chances de dériver.

— Quoi, c'était pas sympa l'année dernière, avec Nathan et tes copains de classe, quand on vous a accompagnés à la piscine ? s'étonna François.

— Oui, c'était chouette, mais je ne serai pas là. J'ai prévu d'aller à Dijon.

Annie retint un soupir et s'efforça de garder un visage neutre.

— Tu ne passes pas ton anniversaire avec nous ? se scandalisa François.

— Il tombe jeudi, on le fêtera ce jour-là, répondit Julien qui avait dû préparer ses arguments.

— Tu as cours tôt le lendemain, on ne peut rien faire de bien, riposta son père.

— Un gâteau et un cadeau, c'est suffisant.

— Moi, ça ne me suffit pas ! laissa tomber François le visage crispé.

— Le week-end d'avant, on fait ce que tu veux, tenta de marchander Julien.

— On ne va pas fêter ton anniversaire en avance, ça ne se fait pas ! s'obstina François.

— Écoute, Papa, tu as eu tous les autres anniversaires, tu peux bien en laisser un à Maman !

— C'est pas parce que tu la vois maintenant qu'on doit tout chambouler ! C'est pas ce qui était prévu !

Il était temps d'intervenir.

— C'est dans deux semaines, on a le temps d'y réfléchir, fit remarquer Annie. Je suis certaine qu'il y a une façon de contenter tout le monde.

Le père et le fils la regardèrent avant de se replonger dans leur assiette. Selon un schéma familier, ils lui laissaient un délai pour trouver une solution. Il lui faudrait être persuasive.