40 - Arrivée

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Déjà quinze ans ! songea Annie en quittant François après leur discussion sur les modalités de l'anniversaire de Julien. Elle se rappelait l'arrivée de son petit-fils comme si c'était la veille.

Ils n'avaient pas aménagé la chambre à l'avance. Simplement aéré la pièce, poussé le bureau, déménagé les archives dans le garage. Annie s'était assurée que le berceau qui avait servi pour François était bien où elle se rappelait l'avoir relégué dans le grenier. Ce n'était pas par superstition qu'ils n'avaient rien entrepris, mais parce que cette naissance leur paraissait encore trop irréelle.

Finalement, François avait reçu un appel du directeur de la maison d'arrêt en fin d'après-midi. Ils étaient partis tôt le lendemain matin. Quand ils étaient arrivés à la maternité, après quatre heures de route, on les avait informés que le travail était toujours en cours. Ils en avaient profité pour acheter le minimum : quelques vêtements, le siège coque pour le voyage du retour en voiture, des couches, biberons et lait en poudre.

Enfin, à dix-neuf heures, on les avait introduits dans la pouponnière et on les avait conduits à un berceau. Ils étaient restés un moment à contempler le nouveau-né puis d'un geste hésitant, François avait pris l'enfant dans ses bras. Annie avait été soulagée de voir le visage de son fils, si sombre et triste depuis plusieurs mois, s'adoucir en contemplant le nourrisson.

— Il est mignon, avait-il soufflé avant de le lui tendre.

Ils n'avaient pu emmener Julien tout de suite, autant pour des raisons administratives que médicales. Annie avait bien senti que François voulait quitter l'endroit au plus vite pour s'éloigner de la femme qui était sans doute quelque part dans l'établissement. Il ne fut pas question de la voir. D'ailleurs, Annie n'était pas certaine que cela aurait pu être possible, même s'ils l'avaient demandé.

Ils étaient allés dormir à l'hôtel et le lendemain matin avaient fait tous les papiers, déclaré l'enfant auprès de l'État civil, et finalement étaient repartis, en promettant de présenter le nourrisson à la PMI de leur localité dans les vingt-quatre heures.

Le voyage du retour s'était bien passé. Ils s'étaient arrêtés quand le bébé avait pleuré. François lui avait donné le biberon, et Annie était allée le changer pour éviter à son fils d'entrer dans les toilettes des femmes où avait été placée la nurserie. Elle avait été étonnée de retrouver naturellement les bons gestes, comme si vingt-six ans ne s'étaient pas passés depuis son propre accouchement. Ce fut là qu'elle réalisa soudainement que cet enfant ressemblait énormément à son fils.

Le reste du voyage s'était poursuivi sans encombre, et c'est dans les bras de son père que Julien était entré dans ce qui allait devenir son foyer.


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