Tamara avait été ramenée à la prison dès le lendemain de son accouchement. Elle n'avait aucun souvenir de ce transfert, elle dormait profondément.

Elle était demeurée un mois à l'infirmerie. Les comprimés devant annuler la montée de lait n'ayant pas été pris correctement, elle avait eu une inflammation des deux seins. La fièvre et la douleur avaient rendu la période surréaliste dans l'esprit de Tamara. Quand elle avait rejoint la cellule qu'elle partageait avec Cosima, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même.

Sa sœur l'avait soutenue avec un dévouement sans faille. Elle l'avait obligée à se nourrir, à se lever, à aller à la promenade, à la douche. Elle l'avait bercée quand elle pleurait, lui avait promis qu'elle retrouverait son bébé. Mais Tamara savait qu'il n'en serait pas ainsi. Elle avait pris la décision de ne pas le disputer à François, et avait bien l'intention de s'y tenir.

Pour cette raison, elle avait énergiquement refusé de saisir le juge aux affaires familiales pour imposer une obligation de visite. Même si la situation avait été différente, elle n'aurait jamais voulu que son enfant soit amené dans cet horrible endroit.

Par un miracle administratif qu'elle ne s'expliquait pas, une copie de la déclaration de naissance lui avait été envoyée. Elle avait ainsi appris que son bébé avait été prénommé Julien. Chaque matin, elle regardait le document, seule preuve désormais qu'elle avait un jour porté un enfant.