— Alors comme ça, Julien vient la semaine prochaine ? interrogea Cosima.

— Oui, il arrive le samedi midi et repart le dimanche à 16 heures, se réjouit sa sœur. On va pouvoir fêter son anniversaire. Je ne pensais pas que cela arriverait un jour !

— Génial ! Je peux venir dîner ?

— Non.

— Tu plaisantes !

— Tu penses être capable de le voir sans dire le moindre mot contre son père ?

— Ce n'est plus un bébé, il a quinze ans, il peut entendre deux ou trois vérités sur son abruti de paternel.

— Il n'est pas question de lui dire quoi que ce soit sur François. Non seulement cela lui ferait de la peine, mais je ne veux pas prendre le moindre risque qu'il n'ait plus le droit de venir ensuite.

Cosima dévisagea sa sœur et put mesurer sa détermination.

— Et si je promets de ne rien dire sur ce... sur son père ? négocia-t-elle.

— Tu sais combien c'est important pour moi, chuchota Tamara les yeux soudain embués. Ça fait quinze ans que j'attends ce moment, que je fais mon possible pour qu'il puisse être fier de moi, qu'il puisse me pardonner. Je n'irai pas en justice obtenir le droit de le voir, je ne l'obligerai pas à devoir choisir entre moi et François. Rien ne doit dissuader François de le laisser venir. Ne gâche pas tout.

Cosima baissa les armes et la serra dans ses bras :

— Je te promets que je serai sage. Je ne dirais rien qui pourrait t'inquiéter ou te poser un problème.

— Cosima..., soupira Tamara non convaincue.

— Je suis sérieuse, Tam ! supplia Cosima J'ai vraiment envie de le voir, ton gosse. Tu ne vas pas me le cacher toute notre vie !

— Cosima, je préférerais que tu attendes un peu, tenta de tempérer Tam.

— Je pourrais peindre son portrait, comme ça.

— Tu peux le faire sur photo, j'en ai plein.

— Tu sais bien que c'est meilleur quand je vois le sujet en vrai. Ensuite, j'utiliserai tes photos pour ne pas lui imposer une séance de pose. Allez, Tam, ce sera mon cadeau, pour toi, pour tout ce que tu as enduré.

— Bon, je vais réfléchir, fit Tamara, tentée par la proposition.