62 - Vaisselle

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Durant une seconde, Tamara crut qu'elle était en train de rêver. C'était trop magnifique pour être vrai. Mais c'était trop intense pour ne pas être réel. François était bel et bien en train de l'embrasser. Tamara n'était pas du genre à laisser désarçonner par un imprévu. Comme toujours, elle analysa rapidement les possibilités qui s'offraient à elle et décida que le mieux à faire était de profiter de l'instant présent.

Elle commençait vraiment à se lâcher quand elle le sentit se crisper. Il la repoussa brusquement et elle dut se raccrocher à son bras pour ne pas basculer en arrière.

Ils se fixèrent un moment sans mot dire, le souffle court. Tamara vit le choc, puis la gêne, puis le refus se succéder sur le visage de François. Elle décida qu'elle ne voulait pas entendre ses paroles de rejet. Pas une fois de plus. Elle prit les devants :

— C'est bon, il ne s'est rien passé d'irréparable, on ne va pas en faire un drame, affirma-t-elle de son ton le plus assuré.

— Si tu le dis, répondit-il visiblement désarçonné par sa réplique.

Il baissa les yeux vers sa main. Elle le tenait toujours fermement par le poignet bien qu'elle ait repris son équilibre. Elle le lâcha et fit un pas en arrière.

— Et c'est à mon tour de faire la vaisselle, décida-t-elle espérant que cela le dissuaderait de revenir sur ce qui s'était passé.

Elle contourna François et lui tourna le dos, concentrant son attention sur l'évier. Elle l'entendit sortir de la pièce, puis la porte de l'appartement se referma derrière lui tandis que le bruit de ses pas dans l'escalier menant à la rue témoignait de sa retraite précipitée.

Tout en frottant les assiettes, Tamara s'interrogea sur ce qu'elle ressentait. Même si elle savait qu'il valait mieux qu'ils gardent leurs distances, elle ne pouvait s'empêcher d'être déçue que ça se soit terminé si vite. Quand elle avait tenté d'oublier François en sortant de prison, elle avait vite compris qu'il ne lui serait pas facile de retrouver dans d'autres bras ce qu'elle avait éprouvé avec lui : une partie d'elle-même, maintenue dans le passé, l'empêchait de s'abandonner totalement au présent. Ce n'était pas de la fidélité. Elle était bien consciente qu'il ne lui reviendrait jamais. Elle avait fait son possible pour profiter de la vie et pour tomber de nouveau amoureuse, mais certaines choses ne se contrôlent pas.

Chaque fois que l'occasion s'était présentée, elle avait sincèrement tenté d'avoir des sentiments pour ceux qui lui avaient tourné autour. Elle avait même eu une liaison de deux ans avec un homme profondément épris d'elle. Elle avait fini par croire qu'elle pourrait être une bonne compagne pour lui. Mais ce qu'il lui avait finalement demandé avait été au-dessus de ses forces, la limite qu'elle ne pouvait pas dépasser. Persuadé que son refus reflétait le manque de profondeur de ses sentiments, il avait préféré mettre fin à leur relation. Même s'il n'avait jamais soupçonné ce qui avait avant tout motivé la réponse de Tamara, il n'avait pas tort. Elle ne l'avait jamais aimé autant qu'il le méritait. La bonne volonté ne suffit pas toujours.

Elle savait qu'elle ne devait rien attendre de François en venant dans cette maison. Il ne l'y tolérait que parce que Julien avait insisté. Elle avait hésité à faire le voyage. Julien n'aurait pas cédé devant son père, mais si elle avait refusé de venir il l'aurait rejointe, elle en était certaine.

Elle n'aurait pas provoqué cette situation et elle avait fait son possible pour dissuader son fils de forcer la main de François. Alors pourquoi avait-elle décidé de venir finalement ? Ellepourrait enfin s'expliquer, avait-elle pensé. Comme l'avait souligné François, elle aurait dû le faire avant. Mais elle avait laissé passer sa chance, et ensuite cela avait été trop difficile de reprendre le contact avec lui. Elle avait renoncé. Et puis l'occasion s'était présentée grâce à Julien et elle avait décidé de la saisir.

Que François ait simplement accepté de l'écouter était déjà une victoire. Elle ignorait s'il la croyait ou non, mais cela avait été un profond soulagement d'avoir pu se justifier. Qu'il l'ait imaginée capable d'avoir conçu un enfant par calcul lui avait pesé. Elle avait enfoui cette blessure supplémentaire tout au fond d'elle, persuadée qu'elle n'aurait jamais l'occasion de s'en dédouaner.

Elle espérait que les choses n'avaient pas été trop loin. Ce qu'elle voulait par-dessus tout était qu'il lui fasse suffisamment confiance pour la laisser voir Julien régulièrement. Elle savait qu'elle ne devait pas être trop gourmande. Elle était consciente qu'aucun lien de sang ne peut remplacer quinze ans d'intimité. Elle ne serait jamais une mère au sens de celle qu'elle aurait été si elle l'avait élevé. Mais faire partie de sa vie était possible. Si pour y parvenir il fallait qu'elle étouffe ce qui lui restait d'amour pour François, elle était prête à le faire.

Toute à ses pensées, elle avait terminé la vaisselle. Elle inspecta les placards, alla prendre son sac et sortit à son tour.

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