Atterré, François contemplait Tamara, recroquevillée dans son lit, en train d'étouffer ses sanglots dans l'oreiller.

Il savait qu'il était en grande partie responsable. Il n'aurait jamais dû laisser la situation perdurer aussi longtemps. Même s'ils étaient tacitement d'accord pour limiter leurs relations à ces étreintes clandestines, il était conscient qu'elle le vivait de plus en plus mal.

Quand cela avait commencé deux mois auparavant, leurs petits à-côtés étaient d'agréables moments qu'ils s'octroyaient discrètement. Puis, alors que les semaines défilaient, Tamara avait changé d'attitude à son égard, comme si elle supportait de moins en moins sa présence. Cependant, elle continuait à le rejoindre la nuit, aussi ardente dans l'intimité qu'elle était distante le reste du temps. D'innocentes, ces rencontres étaient devenues malsaines.

François s'était dit qu'il devait y mettre fin, mais il ne l'avait pas fait. Durant la journée, Tamara évitait de se trouver en tête à tête avec lui ce qui l'avait amené à éviter la maison quand elle y était. Le soir, quand elle surgissait dans sa chambre, il sentait ses bonnes résolutions s'évaporer sous son regard ardent et il n'arrivait plus à se rappeler du discours qu'il avait préparé à son intention durant la semaine.

Il s'effarait de se découvrir aussi peu de volonté, d'être incapable d'agir de manière raisonnable. Dans un moment d'autodérision, il se demanda depuis combien de temps il était ainsi attiré vers les femmes vêtues de cuir. Mais il savait que c'était le corps qui se trouvait dans les vêtements qui l'attiraient de manière irrésistible.

Parfois, il se sentait en colère contre elle : elle était la seule qui lui faisait perdre tout contrôle sur ses actes. Mais dans le fond, il savait qu'elle pouvait sans doute lui faire le même reproche.

En regardant le corps de son amante exprimer si clairement son désespoir, François trouva enfin le courage de crever l'abcès. Il savait qu'il ne pouvait pas donner à Tamara ce qui pourrait vraiment la consoler. Il ne pouvait pas envisager d'avoir des sentiments pour elle, elle l'avait autrefois blessé trop profondément.

La seule chose qu'il pouvait faire était de mettre de la distance entre eux.