Julien avait du mal à comprendre ses parents.

Au début, quand ça mère venait le voir, c'était vraiment bien. Elle était de bonne humeur, et le temps passait plus vite quand elle était là. Elle lui racontait des anecdotes sur le garage où elle travaillait et lui décrivait les virées en moto qu'elle avait faites dans le passé.

Avec son père, ça ne se passait pas trop mal non plus. François semblait faire son possible pour qu'elle se sente bien chez eux : il lui demandait ce qu'elle voulait diner avant d'aller faire les courses, lui prêtait sa voiture quand elle voulait l'emmener se promener.

Et puis, petit à petit, ça avait changé. Tamara était devenue moins enjouée, moins naturelle. Il la sentait terriblement tendue quand son père était dans la maison. Quand il entrait dans la pièce, elle devenait mutique. François de son côté devenait nerveux dès le samedi matin et c'était un soulagement pour tout le monde quand il trouvait enfin un prétexte pour s'en aller.

Julien ne comprenait pas ce qu'il se passait. Qu'est-ce qui avait bien pu changer entre ses parents ? S'étaient-ils disputés ? Était-ce de sa faute ? Son père était-il fâché parce que sa convalescence traînait et que sa mère venait à Lyon ? Devait-il proposer de se rendre à Dijon malgré ses béquilles ? Ou, pire, de ne plus voir sa mère durant un moment ?

Il savait que sa grand-mère n'en savait pas davantage, car elle lui avait demandé s'il était au courant d'un désaccord entre ses parents. Il n'avait pas osé demander à sa mère ce qu'il se passait et n'avait même pas envisagé d'interroger son père. François n'avait jamais répondu à ses questions concernant sa mère et il sentait que ce n'était pas près de changer.

Non, vraiment, Julien ne comprenait pas.