Tamara n'avait jamais pris de drogue. L'éducation que lui avait donnée Cosima n'avait pas été totalement défaillante. Mais ses ex-codétenues lui avaient parlé de la « descente » et elle en comprenait désormais pleinement le sens.

Cela faisait six semaines que Julien avait eu son accident. Tous les week-ends, Tamara allait le voir. Et, à chaque fois, se déroulait le même rituel : quand tout le monde était couché, elle se relevait et allait rejoindre François. Après, elle retournait dans la chambre de Julien où elle était logée, son fils ayant été déménagé au salon pour ne pas avoir à utiliser l'escalier.

Au début, elle avait simplement apprécié le plaisir que lui apportaient ces épisodes charnels. Les premières fois, ils avaient pris le temps de discuter une dizaine de minutes avant qu'elle ne retourne dans sa chambre, inconfortablement tassés dans le lit à une place de François. Ils avaient évité toute allusion à leur vie personnelle, ce qui les limita à parler de Julien. Mais c'était un sujet dont Tamara ne se lassait jamais.

Puis au fil des semaines, elle se sentit très triste en le quittant et en rejoignant son propre lit. Bien qu'elle sache que ce n'était pas raisonnable, constater que François n'éprouvait pas de tendresse pour elle la décevait. Elle constatait qu'il faisait des efforts pour établir une relation correcte entre eux et reconnaissait qu'il se montrait respectueux envers elle, mais cela ne lui suffisait pas.

La peur d'éclater en sanglots devant François la poussa à repartir de plus en plus rapidement vers sa chambre une fois leurs passion assouvie, déshumanisant encore davantage leur relation. De retour dans sa chambre, des vagues de tristesse insupportables l'envahissaient. Elle se sentait nulle et misérable. Et pourtant, elle recommençait la fois d'après.

Elle sentait la situation lui échapper. Pour se protéger, elle était devenue très réservé quand elle se trouvait avec François durant la journée. Elle avait senti sa perplexité quand il avait perçu sa réticence à lui parler, puis il avait à son tour pris ses distances. Il était de moins en moins présent quand elle était chez lui.

Elle se demandait combien de temps la situation allait durer. Elle sentait François de plus en plus hésitant quand elle le rejoignait, du moins avant que leurs corps ne prennent le relais. Elle savait que la situation était malsaine, mais paniquait à l'idée qu'il y mette fin, ne voulant pas perdre son dernier lien avec lui.

Tamara n'avait personne à qui se confier. Il était hors de question de parler d'une relation concernant François avec sa sœur. Elle trouvait des excuses pour ne plus voir Cosima qui aurait tout deviné au premier coup d'œil.

Elle ne s'était jamais sentie aussi seule.