En éteignant son téléphone, Tamara ferma les yeux, tentant d'endiguer le flot d'émotions qui l'envahissait. Non, il ne fallait pas qu'elle replonge. Ces dernières semaines avaient été si difficiles... elle commençait tout juste à remonter la pente.

Elle avait réalisé que Cosima avait raison. François ne pouvait rien lui apporter de bien. Si elle s'approchait trop de lui, elle se consumerait de nouveau. Elle devait le tenir le plus loin possible d'elle si elle voulait se préserver.

Elle qui pensait avoir appris de ses erreurs avait réalisé qu'elle n'avait pas changé. Elle était toujours aussi irresponsable que par le passé, se laissant mener par ses passions sans réfléchir aux conséquences. Quinze ans auparavant, elle s'était rapprochée de François alors que cela ne pouvait que mal finir. Et là encore, au lieu de s'en tenir à une relation raisonnable avec le père de son fils, elle se jetait à son cou, perdant toute chance d'avoir des liens normaux avec lui. Comment être une bonne mère pour Julien si elle se montrait incapable de communiquer avec François ?

Le retour de Lyon avait été abominable. Tamara avait dû s'arrêter plusieurs fois sur la route, consciente qu'elle ne voyait plus rien avec ses yeux embués de larmes, et qu'elle se mettait en danger. Elle avait cru qu'elle n'y arriverait jamais. Parvenue chez elle tard dans la soirée, elle avait mis sa fierté de côté et appelé sa sœur au secours.

Cosima avait beaucoup de défauts, mais n'était pas du genre à claironner des « je-te-l'avais-bien-dit ». Voir ses prédictions se réaliser lui suffisait. Elle consacra toute son énergie à soutenir Tamara le temps qu'elle arrive à surmonter son désespoir.

Alors non, pas question d'accorder à François ce qu'il demandait ! Elle savait qu'elle ne pouvait pas se faire confiance, et qu'il avait eu raison cette nuit là : la seule option raisonnable était de rester éloignés l'un de l'autre. François avait tenu parole et laissait Julien venir la voir. Elle ne voulait pas risquer de perdre ce qu'elle avait eu la chance d'obtenir.

Elle ouvrit le journal d'appels de son téléphone et effaça toute trace de la conversation.