Quand François se réveilla, il lui fallut un moment pour comprendre où il était. Quatre heures avaient passé, c'était l'heure du dîner. Julien devait être à la cuisine.

La nuit était tombée, la chambre n'était éclairée que par les veilleuses des divers appareils électriques et par l'ordinateur. François se figea, contemplant le nouvel écran de veille choisi par son fils. C'était une image de Tamara jeune, celle qu'il avait connue et aimée. Elle souriait doucement, le regard pétillant, comme si elle était en train de partager une blague avec la personne qui prenait la photo. La peine et les soucis n'avaient pas encore terni l'éclat de ses yeux ni figé ses traits. Elle était belle, pleine de confiance en elle.

Il eut un choc en réalisant qu'il n'avait jamais été aussi heureux qu'à cette époque.

Sans réfléchir davantage, il sortit son téléphone et lança son numéro. Tamara mit du temps à répondre. Était-elle occupée ou hésitait-elle à lui parler ? Finalement, elle décrocha :

— Oui ?

— J'aimerais te voir pour qu'on discute, lança-t-il sans fioritures.

— Un problème avec Julien ? s'inquiéta-t-elle.

— Non, à propos de nous.

Silence.

— Je pensais qu'on avait fait le tour, finit-elle par répondre.

— Je le croyais aussi, mais j'ai besoin de voir de certaines choses avec toi.

— Je... je ne suis par certaine que ce soit une bonne idée, dit-elle d'une voix lasse.

— Je comprends, dit-il sincèrement. Je te laisse réfléchir. Si tu changes d'avis, tu pourras toujours me rappeler.

Il attendit quelques instants, mais elle ne dit rien.

— Bonne soirée, conclut-il finalement.

Il raccrocha. Le regard fixé sur la jeune femme qui lui faisait face, il murmura :

— Est-ce que tu existes encore ?