Tamara avait l'impression d'être sur les montagnes russes. Tout le temps. Dans la même heure, elle passait de l'euphorie à la panique, de l'espoir à la certitude qu'elle courait une fois de plus à l'échec.

Elle se donnait beaucoup de mal pour ne rien laisser transparaître de ses sentiments. Elle veillait à rester professionnelle au travail, sereine avec Julien, la plus naturelle possible avec sa sœur. C'était avec François que c'était le plus difficile. Quand ils échangeaient des SMS, ça allait encore. Elle pouvait réfléchir et se relire avant d'envoyer son message. Il ne pouvait pas voir l'effet qu'avaient sur elle ses gentillesses et ses plaisanteries.

Quand ils étaient en face à face, c'était délicat. Elle tentait au mieux de rester impassible, mais tout son corps réagissait à sa proximité, à son sourire et au son de sa voix. Elle avait des frissons, des bouffées de chaleur, le cœur battant, les jambes flageolantes, des tressaillements nerveux. Elle luttait tour à tour contre l'envie de se lover dans les bras de François et de fuir à toutes jambes.

Elle pensait qu'elle arrivait à donner le change. Sans doute devait-il la trouver un peu froide la plupart du temps, tant elle devait contenir ses émotions, mais il ne semblait pas s'en offusquer. Heureusement, elle arrivait aussi à se détendre à certains moments et à être naturelle. Elle aimait lui parler de ce qui avait donné un sens à sa vie : son travail et sa moto. Elle pouvait se concentrer sur ces sujets et laisser apparaître le plaisir que lui procuraient ces activités.

Dans ses moments d'optimisme, Tamara avait l'impression que François appréciait de plus en plus sa compagnie. Quand ils s'étaient vus à Mâcon, il était déterminé, mais très nerveux. Lors de leurs rencontres suivantes, elle le sentait plus à l'aise et heureux d'être avec elle. Il ne paraissait toujours pas vraiment sûr de ses sentiments cependant et elle savait qu'elle ne devait pas le brusquer. Elle espérait qu'elle arriverait à se contrôler tant qu'il ne serait pas prêt à répondre à sa propre passion.

Cela lui rappelait le temps lointain de leur rencontre. Elle était très vite tombée profondément amoureuse, mais c'était sa première relation avec un homme et elle était très intimidée. Il s'en était aperçu et l'avait laissée venir à lui à son rythme, sans la presser.

Elle se demandait si cela avait été aussi difficile pour lui à l'époque que pour elle maintenant.