Animale - partie 2/8

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    Céleste était recroquevillée par terre. Sa jambe lui faisait mal. Ses bras lui faisaient mal. Tout était douloureux. Même respirer était une épreuve.

    Elle avait envie de hurler. Elle avait envie de pleurer. Elle avait de vomir. Elle avait envie de mourir.

    Céleste avait perdu toute notion du temps, dans cette pièce au départ trop blanche maintenant tachée de sang ci et là. Mais si on lui demandait, elle dirait que ça faisait une éternité qu'elle était prisonnière ici. La seule volonté qu'il lui restait était que ça s'arrête.

    Ses cheveux étaient rendus rouges par le sang. D'ailleurs, elle n'était pas propre. Elle n'avait pas eu le droit de correctement se laver depuis l'épisode de la salle vidéo. Ses tortionnaires s'amusaient à la réveiller en lui jetant de l'eau dessus, mais ce n'était pas comme si ça nettoyait quoique ce soit. Elle finissait juste mouillée et paniquée.

    Il n'y avait pas que ses cheveux qui avaient la couleur du sang. Sa peau était marquée de coups aux différentes teintes, les cicatrices ne faisaient que se multiplier au cours du temps, les plaies semblaient apparaitre avant même qu'on ne la touche. Ses yeux étaient rougis d'avoir pleurer. Ses vêtements ne pouvaient même plus être appelés ainsi. Rien n'allait et Céleste voulait mourir.

    Elle ne ressemblait même plus à elle-même.

    Son regard vert était redevenu sauvage. Elle était un animal terrorisé. Qu'avait-elle d'humain, encore ?

    Quand on ne la faisait pas parler, Céleste était bâillonnée, parce qu'elle mordait. Il fallait lui attacher les mains aussi, parce qu'elle griffait, et à force ses poignets étaient rouges et marqués. Il fallait cacher ses yeux, parce que sinon elle utilisait son pouvoir. Elle était animale, animale, animale. Une bête sauvage qui ne se laissait pas approcher mais n'espérait que mourir.

    Elle allait mieux.

    Putain, elle allait mieux.

    Maintenant, elle avait du mal à se souvenir qu'elle avait été heureuse un jour.

    Il n'y avait pas de miroir dans la pièce où elle était prisonnière. En fait, il n'y avait rien du tout. Simplement une porte, des murs blancs et les anneaux utilisés pour bloquer ses poignets. Son sang partout, et puis bien d'autres choses qui n'étaient pas du sang, parce qu'il n'y avait pas de toilettes. À chaque inspiration, Céleste sentait son estomac se retourner à cause de l'odeur. Elle en était venue à apprécier la fumée provoquée par les cigarettes qui ramenaient Lola, à attendre désespérément ce moment parce qu'au moins on lui apportait à boire et à manger. Et une cigarette.

    C'était ce qui terrifiait le plus Céleste. La cigarette. L'arme favorite de Lola – qui en réalité s'appelait Dolorès, mais Céleste préférait tout de même l'appeler Lola parce qu'elle ne ratait pas une occasion de pousser à bout ses tortionnaires. La tâche demeurait d'ailleurs extrêmement difficile avec Lola. Chaque fois que Céleste s'en prenait à elle, elle se contentait de sourire et de l'ignorer. À la fin, c'était Céleste qui terminait par être la plus énervée. Et par être celle qui criait le plus aussi.

    Au départ, Céleste avait pensé que Lola était la pire des deux tortionnaires. Elle parlait beaucoup et ne se pressait jamais. Puis, elle l'attaquait avec de rapides violences. Elle avait également une imagination redoutable et se concentrait pour la détruire petit à petit. L'humilier. L'obliger à parler. À obéir.

    Physiquement, elle s'en prenait peu à Céleste. À part les brûlures de cigarette qui s'accumulaient au niveau de son cou, elle ne la touchait même pas. Céleste n'en ressentait que la douleur, mais Lola-Dolorès affirmait que c'était de l'art, que c'était comme un tatouage. Elle disait que ça ferait une jolie cicatrice, du genre de celles que les gens postaient sur les réseaux sociaux et qui faisaient cool. Céleste avait du mal à comprendre comment des gens pouvaient trouver une cicatrice « cool ». Surtout quelque chose comme celle qui se formait lentement sur sa peau. Elle avait du mal à comprendre en quoi de la douleur pouvait devenir de l'art. Son sang n'était pas une poésie. Son sang n'était pas un tableau qu'on exposerait dans les musées. Son sang était sa souffrance et il était rouge, simplement rouge. L'idée que d'autres veuillent lui donner une signification lui donnait la nausée. Non, non, c'était sa douleur. Personne n'avait le droit de la transformer comme bon lui semblait. Personne n'avait le droit de l'admirer et de la rendre belle. Sa douleur n'était pas belle.

    Lola était dangereuse parce qu'elle arrivait à faire disparaître toute la maîtrise que Céleste s'efforçait d'avoir. Céleste se battait fort contre ses liens qui l'empêchaient d'étrangler cette femme qu'elle détestait. Elle hurlait de rage et tendait le cou dans l'intention de pouvoir la mordre. Elle pleurait de colère et serrait les poings jusqu'à ce que ses ongles laissent des marques ensanglantées sur ses paumes.

    Et Lola en riait. Céleste haïssait son rire.

    Mais c'était avant d'avoir découvert Rayan.

   Céleste ignorait pourquoi ils avaient tous deux voulu se présenter à elle. Comme si leur donner une identité rendait la chose plus cruelle. Peut-être que c'était le cas. Elle n'avait pas osé trop y réfléchir encore, ces pensées là ne lui apportaient que des idées noires et enragées.

    Elle n'avait même pas eu le temps de trouver un surnom à Rayan. Il était entré dans la salle avec son sourire étrange et son son regard lointain, ses cheveux sombres et son visage parfait. Céleste avait été très agacée de le trouver beau, ça avait été sa première pensée à son égard. Il était le genre de gars tout droit sortit d'un film. Le genre que tout le monde aimait pour son physique et son charisme malgré toutes les horreurs dont il était responsable. 

    Rayan s'était approché d'elle et lui avait tendu la main. Il n'avait pas attendu qu'elle réagisse pour commencer à parler. Il s'était présenté complètement : prénom, nom de famille, âge. « Bonjour Céleste. Je suis ici pour seconder Dolorès dans son travail. » Puisque Céleste n'avait pas répondu à son geste, il avait caché sa main dans sa poche.

    Ils s'étaient observés longuement. Lui, debout, bien plus grand que Céleste. Elle, debout aussi, appuyée au mur, la mâchoire serrée. Chacun avait étudié l'autre et Céleste avait senti son regard peser sur elle. Puis, elle s'était redressée, son observation terminée. Il n'était pas comme Lola et il ne pouvait pas être pire. Et il était bien moins dangereux que Jean. Ça l'avait rassurée, donc elle lui avait craché dessus.

    Ce n'est que trop tard qu'elle avait comprit, parce qu'ensuite le regard de l'homme s'était fait plus dur et il avait déchaîné toute sa violence, comme s'il n'avait attendu que ce signal pour ouvrir la cage qui retenait sa rage.

    Rayan n'avait rien à voir avec Lola. Lola réfléchissait à ses mouvements, recherchait la douleur, celle qui restait longtemps. Lola cherchait à briser totalement sa victime, à casser quelque chose au plus profond d'elle. Lola ne connaissait rien de Céleste, elle se fichait de qui elle était et ne faisait que s'appliquer dans son travail. Professionnelle. Rayan, lui, était juste une brute. Il frappait sans s'arrêter, déployait toute sa rage et hurlait de colère. Il faisait couler le sang et ne s'arrêtait que parce qu'on lui avait ordonné de ne pas tuer la prisonnière. Il était furieux à l'image d'un être blessé à qui on avait arraché quelque chose. Pas professionnel, donc, mais sentimental. Céleste le sentait : parmi les scientifiques qu'elle avait tué, il y avait quelqu'un proche de Rayan. Et elle aurait parié que c'était pour cette raison – sa rage, toutes ses émotions humaines et son deuil – qu'il avait été choisi pour seconder Lola.

    Céleste l'appréciait parce qu'il était extrêmement simple à pousser à bout. À effrayer aussi. Contrairement à Lola, Rayan avait peur d'elle et n'osait pas rester des heures dans la salle. Il préférait expédier sa tâche rapidement et s'enfuir en laissant la jeune femme meurtrie de douleur. C'était rassurant, de savoir que même lorsque son corps gisait ensanglanté sur le sol, les autres la craignaient. Cette simple idée apaisait sa souffrance. Elle était encore puissante. Elle était encore crainte. Elle pourrait se reconstruire après ça.

    Rayan était celui qui lui donnait le plus d'espoir.

    Mais voilà, le danger de Rayan était sa détresse et surtout, surtout, sa colère. Céleste ne connaissait que trop bien ce sentiment et savait ce qu'on pouvait devenir lorsqu'il devenait trop fort à contenir. Elle avait repéré la rage de Rayan très tôt, mais elle ne l'avait pas jugée dangereuse. Pas assez dangereuse pour la détruire. Les seuls dégâts qu'il faisait sur elle était de la rouer de coup. Si son corps supportait cela, elle pouvait survivre. Le temps guérissait ce genre de blessures. Elle irait mieux après, il fallait y croire.

    Avec Rayan, Céleste pouvait y croire.

    Elle y avait cru jusqu'au jour où Rayan était entré accompagné dans la salle. Normalement, les tortionnaires venaient seuls. Céleste ne voyait que Lola ou Rayan, et jamais tous les deux en même temps. Au regard anxieux de ce dernier, elle avait comprit que quelque chose n'allait pas.

    Elle l'avait aussi trouvé encore plus beau quand il n'avait pas son expression enragée ou déconnectée de la réalité, mais ce n'était pas le sujet.

Le danger de Rayan n'était pas Rayan lui-même. Le danger de Rayan reposait sur son côté influençable, sur son humanité et sur sa colère. Il voulait la souffrance de Céleste. Et s'il n'était pas capable de l'apporter tout seul, il était prêt à désobéir à ses ordres pour amener quelque chose – quelqu'un – qui saurait le faire à sa place.

    Jean s'est approché de Céleste et elle est devenue animale.

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