Ensoleillé.

Le ciel était ensoleillé.

À moitié couchée sur drap posé sur l’herbe, la joue reposant dans la paume de sa main, elle la contemplait.

La jeune femme buvait tranquillement son thé, la brise faisant voler ses boucles dorées.

Elle replaça une de ses mèches derrière son oreille, vit qu’elle était observée, tourna la tête et rit doucement.

Qu’il y a-t-il ? Ai-je quelque chose sur le visage ?

L’autre lui sourit et l’embrassa furtivement sur la joue avant de répondre.

Non non, ce n’est rien.

Si ce n’est rien, alors mange, ou les fourmis s’en chargeront, railla la première.

Oui madame. Lui repondit-elle en souriant.

Elle se saisit de son sandwich et le mordit. Puis, tout en dégustant son repas, elle ferma les yeux et se délecta de la chaleur du soleil printanier qu’elle adorait tant. Ses rayons lui caressaient la peau, la tenaient dans la plus douce des étreintes.

Elles avaient décidé de célébrer les dernières douceurs du printemps en organisant un pique-nique. Ainsi, les deux jeunes femmes s’étaient mise à préparer le repas, avaient disposé le tout dans un panier, et étaient parties pour le bord de la rivière.

Quelques oiseaux chantonnaient, le bruit de l’eau apaisait et surtout, elles étaient seules. Personne ne viendrait s’installer avant le milieu de l’après-midi.

Les brins d’herbe étaient encore légèrement marqués par la rosée mais elles s’en fichaient. Rien au monde ne pourrait les déranger.

Elle rouvrit les yeux pour découvrir sa compagne allongée sur le drap, comme elle les yeux clos.

Elle approcha sa main de la sienne et lui effleura les doigts doucement. L’autre lui prit la main et sourit.

On va se baigner ?

Par cette saison ? Tu es sûre que tu n'as pas de la fièvre ? Le soleil t'a peut-être trop tapé sur la tête ?

La première s'exclaffa avant de se lever, d'oter ses souliers, de remonter son pantalon aux mollets et de plonger les pieds dans l'eau. Elle se retourna.

Aller vient ! Elle est bonne je te promets !

L'autre rouvrit les yeux et s'assit, un tu ne te moquerais pas de moi par hasard ? lisible dans les yeux.
Cependant, contre tout attente, elle se déchaussa à son tour avant de la rejoindre en tenant les pans de sa robe fermement pour éviter de la tremper.

Mais, à peine eu-t-elle les pieds dans l'eau qu'elle se retrouva aspergée.
Elle équarquilla les yeux en s'exclamant.

Puis, ses lèvres se fendirent dans un large sourire joueur.

Ah oui ? Tu veux jouer ? Tu vas voir ce que tu vas voir !

Et s'en suivit une nouvelle vague, cette fois-ci en direction de l'assaillante. Celle-ci fit semblant d'être outrée avant de riposter.
Débuta alors une vrai guerre. On lâcha les robes et laissa les pantalons retomber. Tant pis si les vêtements finissent mouillés ! Qui finirai trempée la première ?

Et, alors que la coupable continuait de commettre son méfait, elle se demandait ce qu'elle avait fait pour la mériter.

Elle dont le rire cristallin charmerait quiconque l'entendrait. Elle dont les conversations passionaient. Elle et sa cuisine qui ferait palir plus d'un chef. Elle qui rayonnait.

Tout simplement.