L'amphithéâtre

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J'ai perdu mon amie,

Sans l'avoir mérité

Pour un bouquet de roses,

Que je lui refusais



Marc rêvassait depuis une demi-heure sans prêter attention au cours de droit des obligations. Son imagination se perdait quelque part, de l'autre côté de l'allée centrale de l'amphithéâtre, là où une jeune gothique se penchait au-dessus de ses notes. De son fauteuil,Marc pouvait observer les longues jambes striées de résille qui dépassaient de la jupe. Il suivait des yeux chacun de ses mouvements, dans l'espoir d'apercevoir son décolleté par la chemisette entrouverte. Arnaud rompit le charme de l'instant d'un petit coup de coude contre son bras. Marc se tourna vers son voisin qui mima alors une masturbation frénétique sous l'écritoire pour se moquer de lui. L'étudiant de troisième année secoua la tête en silence, navré par l'ineptie de son camarade.

— Je suis sorti avec une fille comme ça en première année, glissa Arnaud à l'oreille de Marc. Elles sont super chaudes ! Par contre elles sont complètement barrées dans leur tête. Tu devrais laisser tomber !

— Je te remercie du conseil, mais lâche-moi un peu la grappe ! rétorqua Marc.

Le maître de conférence fit apparaître un nouveau schéma sur l'écran de projection. Marc fit semblant de se s'intéresser au cours et en profita pour mettre fin aux élucubrations d'Arnaud. Du coin de l'œil, il poursuivit cependant l'étude minutieuse de la belle gothique. Teint pâle, cheveux sombres, ongles rouges dépassant de mitaines noires et platform boots : elle portait la panoplie complète de sa tribu. La fille se redressa d'un coup et s'étira pour délasser ses membres crispés, puis se cambra pour se masser la nuque. Son geste bomba sa poitrine menue et Marc vit apparaître les dentelles de son corset. Il s'imagina parcourir ce corps élancé à la recherche de plaisirs farouches. Malgré l'expression studieuse et fermée de l'étudiante, il fantasmait sur une furie déchaînée, prête à le chevaucher dans une étreinte effrénée. Depuis des mois, il ne pouvait s'endormir sans une pensée crapuleuse à l'attention de l'inconnue. Sa libido en avait fait sa muse. Pourtant, jusqu'ici il n'avait jamais fréquenté de créatures iconoclastes ou éprouvé d'attirance particulière pour les gothiques.

L'étudiante se sentit observée et lui adressa un regard appuyé. Ses yeux clairs rehaussés d'une épaisse couche d'eyeliner plongèrent dans les siens. Le garçon rougit comme un gosse surpris dans sa chambre devant un porno. Il resta cependant fasciné par la brune qui le scrutait et jouait négligemment avec un bouton de chemise. Elle finit par lui lancer un clin d'œil sans pour autant lui sourire avant de replonger dans ses notes. Il resta idiot et ne sut comment interpréter ce signe. Il aurait voulu répondre par le même geste ou par un sourire engageant. Il soupira, dépité par sa propre stupidité, et consulta l'heure sur son portable. La journée de cours de ce jeudi finirait dans moins de dix minutes. À côté de lui, Arnaud n'en avait pas perdu une miette.

— Et ben dis donc ! siffla celui-ci. C'est elle qui te fait des avances on dirait !

— Je crois que je devrais aller lui parler à la fin du cours.

— À tes risques et périls, plaisanta Arnaud. Mais tu es sûr que c'est le bon moment ?

— Comment ça ?

—  T'as oublié que sa copine a été retrouvée morte le mois dernier ?

— Elle a peut-être besoin de discuter ou de prendre l'air.

— Ou bien elle a juste besoin d'un petit coup de queue !

— T'es con, je te jure !

— Ose dire que tu n'y as pas pensé.

— Pas dans ces termes en tout cas.

Marc remettait depuis trop longtemps le moment où il irait l'aborder. À vingt-et-un ans, il était un jeune homme taciturne et mal à l'aise avec les filles. Surtout lorsqu'il s'agissait de grandes brunes intimidantes. Il avait fondé ses espoirs sur une simple constatation : elle semblait ne pas fréquenter les autres étudiants, et depuis que son amie était morte, elle lui paraissait plus isolée que jamais.

Le professeur libéra les élèves à l'heure convenue et Marc s'empressa de ranger ses affaires pour coordonner son départ avec celui de la jeune fille. Ils gravirent les marches qui remontaient vers la sortie côte à côte, chacun faisant mine d'ignorer l'autre.Marc sentit sa gorge se serrer et ses mains devenir moites. Il resta dans le sillage de la gothique lorsque celle-ci traversa le hall de la fac, puis demeura derrière elle sur le parvis, ne trouvant pas le courage d'aller à sa rencontre. Enfin il se racla la gorge et courut se mettre à sa hauteur.

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