- 14 - Abandon

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L'Elfe courait. Le bruit de ses pas résonna un instant entre les hauts murs du quartier général puis les échos s'évanouirent dans la nuit. Le bâtiment était plutôt lugubre quand le soleil cédait sa place aux scintillantes petites étoiles fidèles à ce disque pâle et terne. Le silence retomba dans le grand hall de la Garde avant d'être à nouveau perturbé par des foulées frénétiques. Plus rapides.

Un bruit de chute, comme quelque chose que l'on eut poussé à terre. Puis un juron et à nouveau, la course.

Le cœur d'Ezarel battait à tout rompre. S'il avait été en mesure de réfléchir de façon cohérente, il aurait pu fouiller dans sa mémoire pour se souvenir de quand, pour la dernière fois, il avait ressenti une si grande peur. Était-ce la fois où il avait dû annoncer à son paternel qu'il quittait le nid elfique pour écouter le monde de ses propres oreilles ? Ezarel avait eu sacrément peur, son père n'était pas un tendre. Non. Assurément, le vieil Elfe l'avait tout de même moins terrifié.

Était-ce la fois où ses amis s'étaient mis en tête de le couler, cette journée à la plage ? Même si cet instant avait été des plus saisissants, cela n'équivalait pas l'effroi qu'il ressentait à ce moment précis.

Rien ne pouvait le terrifier davantage que celui qui le poursuivait. Pour ce qu'il était d'une part, mais également pour ce qu'il représentait. Il était dangereux. Sa nature l'avait fait ainsi. Il était muni d'armes plutôt convaincantes et le scrupule ne l'étouffait pas quand il s'agissait de s'en servir.

Et puis, il savait comment atteindre l'Elfe. Il savait comment passer sa barrière impassible. Il l'avait déjà fait. Il l'avait brisé et n'avait qu'à se pencher pour s'emparer de ses restes.

C'est pourquoi Ezarel fuyait sans se retourner. Il fuyait pour sa vie. Il était hors de question de laisser le Vampire l'approcher lorsqu'il était dans cet état. Avant même de s'en rendre compte, l'alchimiste se retrouva dehors, dans la nuit cinglante de pluie et de brume. Des gouttelettes lui giflèrent le visage lorsqu'il s'élança vers les jardins. Il tremblait, son corps supportant mal la poussée d'adrénaline pourtant nécessaire à sa survie.

Il avait beau chercher de toute part, il n'y avait pas un chat pour lui venir en aide. La pluie étouffait ses appels à l'aide. Jamais Ezarel ne s'était abaissé à hurler pour son salut et quand enfin il s'y autorisait, la nature réduisait ses efforts à néant. Était-ce un signe ? Méritait-il ce qui lui arrivait ?

Ses jambes le portaient toujours plus vite, toujours plus frénétiquement pour échapper à Nevra. L'Elfe ne savait pas où se cacher. Il savait pertinemment que le Vampire aurait aussitôt fait de le trouver, où qu'il se fut réfugié. Il ne pouvait que courir, encore et encore, espérant que ses jambes le mèneraient en lieu sûr.

Alors qu'il trébuchait sur une taupinière, Ezarel réalisa où il se trouvait. Près des serres. Près de la petite porte dérobée qu'utilisaient les alchimistes de l'Absynthe pour accéder à l'extérieur d'Eel sans avoir à faire le grand tour par la porte principale. Déterminé à voir le jour se lever, l'Elfe se releva et se précipita vers le portillon d'acier verdi. Il en saisit la poignée d'une main, fit tourner la clef restée dans la serrure de l'autre et en franchit le seuil.

Il la referma violemment derrière lui, ne se souciant guère que le verrou ne se soit enclenché et prit à nouveau ses jambes à son cou.

L'orage faisait rage, la mer était déchaînée. La lune presque pleine et sa lueur blafarde éclairaient suffisamment la grande plaine pour permettre à Ezarel de voir où il mettait les pieds. Sa crainte de se faire dévorer l'engloutissait tout entier et lui donnait des ailes. D'un point de vue extérieur, on aurait pu croire que l'Elfe glissait sur le sol, tant sa vitesse dépassait ce qu'on connaissait de lui. Pourtant, elle était simplement à la hauteur de sa terreur.

Ezarel courait aussi vite qu'il le pouvait, en longeant la falaise à travers la grande plaine. Mais pourquoi partait-il de ce coté ? Ne savait-il pas qu'il s'éloignait de toute aide possible ? Il prenait la direction de la forêt. Ne savait-il pas que ce lieu ne pourrait en aucun cas lui venir en aide ?

Si, il le savait, mais il ne parvenait pas à lutter contre ses jambes qui ne répondaient qu'à l'instinct de survie : courir, vite et loin, pour échapper à son poursuivant. Ezarel jeta un coup d'oeil par dessus son épaule, sans toutefois ralentir, pour s'assurer qu'il parvenait à maintenir une distance de sécurité avec Nevra. Son cœur s'emballa de nouveau quand il vit le reflet des éclairs lointains sur la peau nue et humide de Nevra. Le Vampire ne le lâchait pas d'une semelle.

Ne perdant pas courage, Ezarel redirigea son regard droit devant lui pour se concentrer sur sa fuite...

Mais sa course s'arrêta brusquement ! Il venait de percuter quelque chose. Violemment. Sonné, le souffle court, Ezarel s'écrasa au sol. Il avait la tête qui tournait, ses oreilles bourdonnaient et une douleur sourde lui écrasait les côtes.

L'Elfe tenta de reprendre ses esprits au plus vite. Il n'oubliait pas le principal : s'enfuir. Nevra n'attendrait pas qu'il se remettre de ses émotions. Quand l'Elfe regarda dans la direction du quartier général, il vit les zébrures déchirer le ciel et éclairer la plaine. Et cette silhouette. La sienne, celle de Nevra, qui approchait encore. Bien trop rapidement.

Tentant de se relever, Ezarel comprit vite que son équilibre en avait pris un vilain coup, quand il vacilla avant de biser le sol de nouveau. Se fichant de sa dignité, l'Elfe rampa dans l'herbe détrempée et la terre délavée des côtes. Des arbres se dressaient déjà devant lui et sur les côtés. Ainsi, il avait déjà atteint les sous-bois.

Ezarel voulait mettre plus de distance encore entre Nevra et lui. Ça le déchirait de devoir le fuir. Il voulait lui faire confiance. Il lui faisait confiance. Pourtant Nevra lui démontrait qu'il s'agissait peut-être d'une erreur. L'Elfe glapit de surprise quand la main du Vampire se referma sur sa cheville.

Brusquement, Nevra traîna Ezarel au sol, pour l'attirer jusqu'à lui. Son flanc et son dos s'éraflèrent contre le sol rocailleux et, rapidement, l'Elfe se retrouva prisonnier de Nevra. L'Ombre lui grimpa d'abord sur les jambes, l'immobilisant. Puis il se hissa jusqu'à sa taille en lui maintenant les bras en otage. Juché sur le bassin de l'Elfe, Nevra le privait de tout mouvement en plaquant ses mains sur ses épaules.

Le Vampire huma l'odeur si délicieuse que dégageait son Elfe et ce dernier eut aussitôt l'impression d'être un simple mets prêt à être consommé. Cette idée le terrifia plus qu'il ne l'était déjà. Nevra s'approcha du torse de l'Absynthe pour en respirer la fragrance, comme un fauve reniflerait une piste.

Ezarel tenta de dégager Nevra avec des coups de pieds, il balançait ses jambes pour le frapper, mais c'était peine perdue. Il gaspillait plus d'énergie qu'autre chose. Pourtant il se débattait de toutes ses forces. Il hurlait à s'en casser la voix pour que ses cris passent par dessus le tonnerre et alertent quelqu'un. Peu importait qui. Quelqu'un. Quel Spadel l'avait donc piqué d'aller fuir si loin de la citadelle ?

Ezarel frappait le buste de Nevra de ses poings mais il eut l'impression de tenter de déplacer une montagne. Le regard de Nevra lui glaça le sang. Ses pupilles rutilaient d'un éclat de rubis, dont l'appétit d'ogre n'était plus à prouver.

Un éclair zébra le ciel nocturne et sa lueur menaçante se répercuta sur l'ivoire affûté des crocs du Vampire. Envahit par une nouvelle vague d'adrénaline, Ezarel gesticula davantage alors que Nevra se recroquevillait au dessus de lui, humant toujours plus l'odeur de sa peau, comme s'il respirait les volutes d'un bon plat avant d'y goûter.

- Tu saignes, grinça le Vampire en arrachant la chemise de lin de l'Elfe, découvrant son torse et sa peau délectable.

Le Vampire étira la langue pour lécher le liquide carmin qui perlait sur le poitrail d'Ezarel, lui arrachant un geignement. Ce dernier n'en réagit que plus violemment. Il devait s'extirper de l'étreinte de Nevra. Sur le champ ! Il roula du bassin pour créer une brèche et fuir, mais il fut perturbé lorsqu'il put constater l'état d'excitation du Vampire contre son bas ventre.

Cependant, paniqué et désireux de s'émanciper de cette situation, Ezarel redoubla d'efforts. L'état de Nevra ne s'en retrouva qu'accru et Ezarel sentait bien son propre corps réagir en conséquence. Plus que pour sa vie, l'Elfe craignit que le Vampire ne se rende compte qu'il provoquait des vagues de désir complètement irrationnelles chez lui.

- Lâche-moi ! Ne me touche pas ! Ne me touche pas ! hurlait encore Ezarel, la voix éraillée.

Ses protestations avaient tout l'effet inverse sur Nevra, tant et si bien qu'il se serra encore davantage sur le corps tremblant de l'alchimiste. Le brun ne résista pas à approfondir ce toucher, ce contact charnel qu'il languissait depuis déjà trop longtemps à son goût.

Nevra se redressa alors, agrippant Ezarel pour le relever avec lui et le maintint fermement en plaçant ses bras dans le dos de l'Absynthe. Ventre contre ventre, le Vampire assis sur l'Elfe, ils n'étaient qu'eux deux, sans rien autour.

Nevra glissa sa langue contre la peau nue et frémissante d'Ezarel qui ne put retenir un tremblement d'abandon. Il s'avouait vaincu. L'Elfe apposa son front sur la tête de Nevra et supplia :

- Ne me touche pas, s'il te plaît...

Il ne pensait pas nécessaire de préciser quelles parties il souhaitait garder vierges du toucher de Nevra. Cela lui était plutôt évident. Il ne voulait pas. Il ne se sentait juste pas prêt. Et certainement pas dans ces conditions !

Nevra ondula du bassin pour ajuster sa position et resserra ses doigts dans le creux des omoplates d'Ezarel. Son majeur courait sur les vertèbres crissantes de son Elfe. Il avait terriblement envie de lui. Il voulait le dévorer tout entier et dans tous les sens du terme.

La langue chaude du Vampire sur la peau froide d'Ezarel provoqua un énième tremblement chez ce dernier. Une voix, au fond de lui, lui hurlait qu'il devait se dégager, s'enfuir le plus loin possible. Cette voix lui intimait de rompre tout contact, que ça le rongerait jusqu'à l'os et le ferait replonger dans les affres de sa phobie.

Mais une autre voix, tout aussi assourdissante, lui demandait de se livrer plus encore au Vampire. Le corps d'Ezarel désirait être à Nevra. C'était pour ça qu'inconsciemment, ses hanches vacillèrent pour le lui faire comprendre. Ezarel gémit plaintivement dans les cheveux du brun lorsque leurs virilités se rencontrèrent, chacune bien à l'abri dans leurs écrins de tissu.

- Pas sans que tu le veuilles, gronda Nevra.

La pluie glacée semblait lui avoir fait reprendre ses esprits. Il luttait néanmoins comme un diable pour ne pas céder à ses envies primaires. Il releva les yeux vers Ezarel pour s'assurer qu'il comprenne bien le message, puis répéta, son regard plongé dans les prunelles humides de l'Elfe :

- Je ne toucherai pas sans que tu le veuilles. Pourtant, si tu savais comme j'en crève d'envie.

Le Vampire effleura les lèvres de son amant avant de braquer à nouveau son regard inquisiteur sur lui :

- Et toi ?

Ezarel voulut s'exprimer, dire qu'il ne comprenait pas, mais seul son souffle accepta de sortir de sa bouche. Le petit fantôme de buée tiède s'élevait dans les airs quand Nevra lui sourit, identifiant sa confusion.

- Et toi ? As-tu envie de moi ?

Que devait répondre Ezarel ? Oui, clairement, la réponse était "oui". Il mourrait de désir pour le Brun, il en était parfaitement conscient. Malgré le danger qu'il représentait, son contact, le toucher de son corps lui était devenus nécessaires pour continuer à vivre. Mais s'il l'avouait, Nevra ne prendrait-il pas cela comme une autorisation pour lui faire tout ce dont il avait envie, là, tout de suite ? Ezarel était terrifié à cette idée, mais il ne pouvait lui mentir. Il ne voulait se mentir à lui-même et prendre le risque de blesser Nevra. Il l'avait déjà trop torturé.

Les mots refusant toujours de se frayer un chemin jusqu'à ses lèvres, comme pétrifiés, Ezarel ne put que hocher fébrilement la tête. Un immense sourire illumina le visage de l'Ombre et Ezarel n'en appréhenda que plus sa réaction.

- Ne t'en fais pas, le rassura Nevra. Je sais. Pas maintenant, pas ce soir.

Puis il ajouta dans un souffle tandis qu'il dévorait les lèvres de son aimé :

- Peut-être demain...

Le fait que Nevra envisageait cela si tôt dans l'avenir fit tressaillir Ezarel. Et s'il refusait ? S'il le faisait trop languir ? Le Vampire se lasserait-il de lui ? Préférerait-il aller voir ailleurs ? Son affection pour lui supporterait-elle d'attendre aussi longtemps que nécessaire ?

Déjà, Nevra glissait le long de la mâchoire de l'Elfe, repoussant ses interrogations à plus tard. Une multitude de frissons s'éparpilla depuis les lèvres de Nevra sur la peau de l'Elfe, jusqu'à se nicher dans ses reins. Ezarel bascula la tête en arrière et se cambra sous les caresses expertes du Vampire. Les yeux fermés, il luttait désespérément pour ne pas céder à cette voix qui lui scandait de s'autoriser toutes les folies. Pas encore. Pas déjà.

- Laisse-moi te mordre, supplia Nevra, ses lèvres brûlantes de désir, dérapant dangereusement sur le cou tendu d'Ezarel.

Un éclair de frayeur balaya le regard de l'Elfe, mais au lieu de répliquer, il ne put que dévoiler davantage son cou en inclinant la tête. L'haleine chaude de Nevra lui annonça l'imminence de l'affliction.

Un hoquet de surprise teinté de douleur s'étrangla dans sa gorge quand Ezarel sentit les crocs du Vampire s'infiltrer sous sa peau. Aussitôt, l'Elfe s'agrippa à l'Ombre, une main dans son dos, l'autre dans ses cheveux. Il put sentir son sang qui s'écoulait de la plaie et presque aussitôt, la succion de Nevra.

Étrangement, la douleur stridente de la blessure s'effaça rapidement au profit d'une douce chaleur. Ainsi était-ce là le secret des Vampires pour ne pas faire fuir leurs victimes ? Était-ce réellement du plaisir qu'il ressentait ou en était-ce seulement une illusion provoquée par un venin vampirique ?

Pour le coup, Ezarel s'en ficha éperdument. Il décida de seulement s'abandonner à l'agréable sensation qui s'emparait de son corps tout entier. Sa poitrine l'échauffait, son bas ventre grouillait d'un désir ardent et ses reins le démangeaient sévèrement, sans parler de la tension que subissait son boxer.

Il se pressa à son tour contre Nevra, pour lui signifier qu'il prenait autant de plaisir que lui. L'angle de son corps permettait au Vampire de se délecter de ce nectar qu'il lui offrait bien volontiers tout en conservant ce contact lascif entre leurs attributs. Ezarel était régulièrement secoué de tremblements, résistant difficilement aux charmes du brun.

Il ne put d'ailleurs retenir un souffle de plaisir quand il sentit la langue de Nevra passer sur les deux petites écorchures et attendit qu'il reprenne la succion. Mais le froid de la nuit le frigorifia à cause des courants d'air nocturnes.

- Tu en redemandes, ma parole ?! sourit Nevra, agréablement surpris.

Interpellé, Ezarel bascula la tête et ouvrit les yeux. C'était terminé. Déjà ? La bouche entrouverte et les lèvres sèches d'avoir respiré si fort, Ezarel n'eut la force que de jeter un regard noir de reproches à Nevra. Pourquoi lui faire ressentir de telles sensations, de telles émotions si c'était pour l'en priver avant d'avoir atteint le Nirvana ?

- Je te le referai encore, vint lui confier le Vampire en humidifiant ses lèvres d'un baiser cuivré. Plein de fois, si tu le veux.

Ezarel s'empourpra de goûter au souffle de Nevra sur ses lèvres. Ce n'était plus la première fois. Il aurait dû y être habitué. Pourtant, la proximité de l'Ombre lui faisait toujours ce même effet de brasier. L'Elfe sentit une nouvelle vague de chaleur s'emparer de son visage lorsqu'il imagina toutes les fois où Nevra pourrait encore le faire trembler ainsi. Pour son plus grand bonheur, un épais nuage vint dissimuler la lune et son obscure clarté, les plongeant tous les deux dans le noir complet.

Puis un éclair déchira le ciel, nimbant la grande plaine d'une lumière éblouissante, comme en plein jour. Dans l'herbe, sous le couvert des arbres, on put voir deux amants couchés l'un sur l'autre s'enlacer et s'embrasser passionnément.


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